Mon premier contact avec Melechesh fut par le biais de cette pochette, découverte dans un quelconque sujet d'un quelconque forum, accompagnée de recommandations vives à se procurer au plus vite l'album associé. Réellement captivé par cet artwork, à la fois intrigant et menaçant, je fis rapidement l'acquisition de « Sphynx », sans y accorder une oreille vraiment attentive. Entretemps j'avais écouté, que dis-je, dévoré son successeur, le bien nommé
« Emissaries ». Il m'aura fallu découvrir les racines du groupe, avec
« Djinn » (en attendant de mettre la main sur « As Jerusalem Burn… », une nouvelle réédition en vue messieurs les labels ?) pour me repencher sérieusement sur le cas de « Sphynx ».
Il va m'être difficile de ne pas tomber dans le cliché une nouvelle fois, mais le fait est que « Sphynx » est une version 2.0 de
« Djinn » : même style, mêmes musiciens, même thématique, forcément on retrouve vite ses repères. A la grande différence que là ou je reprochais à
« Djinn » un gros problème de concision, étirant en longueur jusqu'à plus soif ses rythmiques, « Sphynx » a le mérite d'être plus compact (on perd aisément 2 à 3 mn en moyenne par morceau) et surtout beaucoup plus dynamique.
Notre équipe de guerriers du désert est toujours au complet : Proscriptor, maître ès percussion, aussi connu pour son appartenance à Absu ; Ashmedi et Moloch, le duo infernal des 6 cordes, dotés probablement de poignets bioniques pour tenir pendant 5 longues minutes de telles rythmiques endiablées. Aidé par le légendaire Andy LaRocque pour l'aspect production, on se réjouit de tenir devant nous un album qui supportera aisément le poids des années et les évolutions technologies, lui souhaitant au moins autant d'années de longévité que l'idole de pierre qui lui a prêté son nom.
Le grand talent de Melechesh, c'est d'arriver à sonner original et d'être à l'aise avec son concept, sans pour autant abuser des gimmicks orientaux : chant féminin, solo de buzuk, percussions à tout va, … (je met volontairement de côté l'instrumental « The Arrival Ritual » qui par définition est au contraire l'occasion de mettre ces instruments en avant). Nile s'est déjà suffisamment approprié ces ficelles là pour que l'on soit en droit d'exiger une autre forme d'expression musicale. En définitive, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs couscous : Melechesh, avec le trio classique batterie / guitare / basse, arrive tout autant à dégager des atmosphères dépaysantes, via l'usage modéré de la gamme qui va bien et d'une réelle connaissance des ficelles du genre. Prenez « Of Mercury and Mercury » : ce solo lancinant qui tourbillonne en fin de morceau, quoi de mieux pour s'imaginer les deux pieds enfoncés dans le sable fin du Sahara ? Excepté « Ruins » de Nile, je connais peu de morceaux qui m'ont fait voyagé aussi facilement de l'autre côté de la Méditerranée. Le « Mesopotamian Black Metal » dont se revendique Melechesh, c'est aussi de grandes batailles, des moments d'une rare violence : « Annunaki's Golden Thrones » est là pour nous le rappeler, avec une démonstration magistrale des capacités de Proscriptor à la clé (l'album dans son ensemble est d'ailleurs pratiquement une drum clinic lui étant consacré pour ceux que ça intéresse, merci au mixage très favorable). Pour une approche plus entraînante on ira voir du côté de « Triangular Tattvic Fire » ou le très thrashy « Tablets of Fate » ; les amateurs de riffs un peu technique iront eux plutôt voir « Incendium Between Mirage and Time » (allez bouge ton crâne en rythme à 3mn06 !) et « Apkallu Conseil ». On terminera notre tour du « Sphynx » au rythme des caravanes, avec « Caravans to Ur » qu'on aurait aimé être la vraie fin de l'album, plutôt que dix minutes de silence avant un bout de morceau ambiant un peu déplacé.
« Sphynx » est une belle avancée sur son prédécesseur, gommant les défauts de ce dernier et maximisant les qualités musicales indéniables du combo. Pour autant, il propose un voyage plus difficile d'accès que son successeur
« Emissaries », qui est je pense la meilleure introduction possible à l'univers du groupe. Pour autant, je les place sur un pied d'égalité, car « Sphynx » a un potentiel de réécoute impressionnant, et bien des subtilités à dévoiler si l'on s'acharne à les dénicher. De plus, le digi est aussi somptueux que la pochette. A découvrir d'urgence, vu que la suite arrive d'ici cet hiver (5e album…) !
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