« Dechristianize » a clairement marqué un tournant dans la carrière de Vital Remains. Tournant sur le plan musical autant que professionnel. Musicalement l'album marquait une progression dans la brutalité, leur musique s'affirmant plus brutal death et par conséquent un peu moins "variée" qu'auparavant, et professionnellement l'arrivée au micro de Glen Benton a contribué pour beaucoup au regain de notoriété du groupe. En effet, la venue du beugleur de Deicide a permis au groupe de Rhode Island d'avoir un nombre plus conséquents de projecteurs braqués sur eux et dès lors de sortir du manque relatif de notoriété dans lequel le groupe se trouvait depuis des années et ce malgré des albums d'une qualité évidente.
C'est donc avec une grande impatience que j'attendais ce « Icons of Evil », curieux de voir (ou plutôt d'entendre) ce que les ricains nous réservaient pour cette nouvelle offrande. La réponse à ma curiosité ne mis pas très longtemps à venir. De fait dès l'écoute de l'intro et du premier titre « Icons of evil » on sait à quoi on a affaire (ou du moins on s'en doute fortement) tant la ressemblance avec
« Dechristianize » est flagrante. Le son est quasi le même (caisse claire et voix très en avant), le type de riffs est le même, la construction des chansons est la même. Rien de bien étonnant me direz-vous, c'est le même groupe ! Certes, mais durant mes premières écoutes ce côté « Dechristianize bis » tellement énorme m'a personnellement un peu gêné. Sans remettre en cause la qualité intrinsèque de ce nouvel opus, je fus quand même un peu déçu par ce manque d'évolution évident, l'album ne réservant au final aucune surprise.
Certes Vital Remains joue bien, très bien même. Le niveau technique proposé ici est absolument irréprochable. Notamment, et une fois de plus, grâce à Dave Suzuki qui nous montre encore une fois s'il en était besoin toute l'étendue de son talent. Que ce soit à la batterie derrière laquelle il n'a de cesse d'asséner des blasts d'une violence imparable et des roulements de double incessants, ou alors à triturer le manche de sa guitare pour en sortir des riffs en béton armé ou encore des soli à faire pâlir plus d'un gratteux sur cette planète (on en a aussi la démonstration grâce à la dernière piste « Disciples of hell », reprise de la guitare-heroïne Yngwie Malmsteen, assez surprenante et plutôt bien foutue, dans laquelle Suzuki s'en donne à cœur joie). Benton quant à lui est comme à son habitude, égal à lui même, rien d'extraordinaire, une voix puissante (que personnellement j'apprécie) et de temps en temps quelques petits égarements plus gutturaux ( à la fin de « Born to rape the world ») ou quelques petits effets dans la voix (« Scorned »).
«
Eh ben alors ! Qu'est-ce que t'as à râler ? » me direz-vous. Et bien malgré un bon nombre d'écoutes supplémentaires et malgré des compositions d'une qualité, en soi, irréprochable, reste toujours cette impression d'écouter « Dechristianize part 2 », comme le dit si bien Alexis dans sa chronique chez un de nos concurrents préférés «
Vital Remains nous propose du Vital Remains, ou plutôt du « Dechristianize » ». Et c'est un peu dommage au regard du potentiel du groupe, qui a clairement décidé (ça c'est à cause de Benton !) de se reposer sur ses lauriers. L'arrivée du frontman de Deicide a été une très bonne chose pour le groupe
(« Dechristianize » est quand même un putain d'album, et ils ont gagné en notoriété) mais il ne faudrait pas que cette reconnaissance nouvelle enferme les américains dans une impasse qui consisterait à ne plus du tout se renouveler pour assurer leurs arrières et sortir tous les 3 ans le même album.
Bon si vraiment on me mettait le couteau sous la gorge pour trouver quelques différences entre ce petit nouveau et son illustre prédécesseur, je dirais que globalement ce « Icons of Evil » est peut-être encore plus brutal que
« Dechristianize », les mélodies s'y faisant un peu plus discrètes et moins épiques que sur
« Dechristianize » (la chanson) ou « Entwined by vengeance » par exemple. Attention, il en reste quand même et elles sont toujours accrocheuses (« Scorned », « In infamy »…). Je reprocherai également le manque de gros mid tempos ravageurs comme sur « Infidel » et dont les albums antérieurs sont remplis. Et, une fois de plus, ce qui me manque le plus sur les albums actuels de Vital Remains ce sont les nappes de clavier et les ambiances presque black d'un « Into Cold Darkness » ou « Forever Undeground », et qui ont pour le coup totalement disparu. Le groupe a gagné en brutalité ce qu'il a perdu en ambiances. Brutalité accrue par une production (signée Erik Rutan) un peu plus puissante encore.
Alors oui Vital Remains a changé depuis ce fameux
« Dechristianize ». Mais là où ce dernier marquait clairement une évolution vers une musique encore plus brutale, ce « Icons of Evil » marque lui au contraire une stagnation. Bien sûr mieux vaut stagner à ce niveau de qualité qu'à un niveau médiocre, mais une petite pointe d'originalité n'aurait pas été de trop. Ce sera peut-être pour le prochain, en tous cas je l'espère fortement.
Un mot sur la pochette qui une nouvelle fois va déchaîner les passions, entre ceux qui la trouveront « magnifique » et les autres qui la qualifieront au mieux de « laide et mal dessinée ». Elle aura au moins le mérite de ne laisser personne indifférent et d'enfoncer un peu plus le clou (ha ha ha) pour ceux qui auraient pu croire que nos quatre gus se seraient calmés niveau antichristianisme.
Cet album ne devrait donc pas décevoir ceux qui avaient pris une bonne baffe avec
« Dechristianize », pour peu qu'ils ne cherchent pas une quelconque évolution qu'ils ne trouveront pas. « Icons of Evil » est un bon album, voire un très bon album, malheureusement trop marqué par le sceau de son prédécesseur. Pour finir je ne saurai que trop conseiller, encore une fois, à ceux qui auraient découvert Vital Remains grâce à
« Dechristianize » de se pencher sur le reste de leur discographie (notamment les trois albums le précédant) et de découvrir une autre facette du groupe, certes pas à des années lumières non plus de ce qu'ils font maintenant, mais simplement plus riche.
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