Ixion's Wheel - Vicycle Seasons

Bienvenue dans un concept album qui fait du bien aux n'oreilles ! La thématique n'est pas des plus courantes, car elle traite du périple, des sentiments et pensées d'Ixion, héros mythologique Grecque et grand criminel condamné à tourner éternellement autour d'une roue enflammée au fin fond de l'Enfer ! Un sacré défi que de décliner ce sujet précis en musique, pourtant relevé avec brio car l'écoute de « Vicycle Seasons » m'a enthousiasmé comme rarement une autoproduction n'avait su le faire…

Ixion's Wheel est un one-man band, mené par Thork, un musicien lyonnais que je connais pour avoir joué dans quelques groupes ensemble. Peu importe, vu qu'en définitive cela n'a aucune incidence sur la musique, qui est elle la base de mon coup de cœur. Qui dit one man band, dit une seule personne aux vocaux, à la (aux !) guitare(s), et à la programmation (c'est une BAR) : les vocaux sont étonnamment variés, alternant avec une maîtrise évidente le chant black, les growls et même quelques plages de chant clair masculin (et féminin). A tous ces postes, Thork s'en sort bien, l'exécution est tout à fait acceptable à tous points de vue.

Ce qui m'a vraiment scié ici, c'est la qualité des compositions, dont se dégage une atmosphère réellement saisissante. On est pris dans un tourbillon d'influences, qui navigue entre le mélodique, le brutal et l'électronique : pour citer quelques noms, Ixion's Wheel se revendique de Naglfar, The Kovenant et Anaal Nathrakh. Difficile cependant de réduire « Vicycle Seasons » à ces simples quoique talentueuses références, car l'album fait appel à un panel de sonorités particulièrement vaste : du démarrage morbide et mélancolique d'un « Far From The Asphodels », on embraye vite vers un pavé de 8 minutes aux influences mélodiques diverses (ce démarrage en son clair qui se mue en micro solo appuyé par des claviers sur le couplet…miam), sobrement intitulé « Soliloquies On Another Black Day » ; « Inland Empire » est introduit par des claviers grandiloquents, très Dimmu Borgiens, et le reste du titre reste très Black Sympho dans l'esprit, avec une petite descente de clavier sur le refrain fort sympathique ; « King Ov Lapithes » démarre comme du Naglfar, frise de nouveau avec le Black Sympho sur le refrain et un chant féminin fantomatique à la Septic Flesh ; « Prodess » est un petit instrumental électro-métal ; et enfin « March Of The Three Fates » et « Ruin Circle » mêlent pele mêle du symphonique, quelques breaks, des couplets death mélo (un des riffs introductifs de « Ruin Circle » me fait penser à du At The Gates / Dark Tranquillity ancienne génération), et un chant clair à la Mikael Stanne période Projector clôt « Ruin Circle » !

Ce déballage d'influences ne doit pas vous faire croire qu'Ixion's Wheel est une pale resucée des différents groupes évoqués. Bien qu'on pense parfois à tel combo ou tel autre, en définitive mêler tous ces styles parfois opposés en un tout cohérent n'est pas chose aisée : or ici aucune variation de style ne semble dépassée voire de trop, tout coule de source ou presque. Et c'est réellement là la force de composition de ce « Vicycle Seasons », qui mange à plusieurs râteliers sans nous donner d'indigestion. Les 3 premiers titres sont à titre extrêmement efficaces et accrocheurs, et ce sont ceux que je me repasse systématiquement car ils représentent ce que l'album offre de mieux.
Pour autant, tout n'est pas parfait : on trouvera toujours quelques passages un peu passables, voire qui traînent un peu en longueur (surtout en milieu d'album), et la fin du dernier titre me semble bâclée car s'arrêtant brusquement, j'aurais aimé une outro à la hauteur des nombreuses intros qu'avaient certains titres !. Difficile aussi de se faire à la BAR, qui si elle est bien programmée, est un peu trop « extrême », à savoir que les blasts sont inhumainement rapides, un peu plus de « réalisme » dans la vitesse aurait permis de ne pas tiquer sur ce genre de détails. J'espère qu'un vrai batteur pourra participer à un éventuel prochain album, Ixion's Wheel aurait tout à y gagner. N'oublions pas quand même que ce n'est qu'un premier effort, déjà fort réussi en son genre, et que tout est aisément perfectionnable pour la suite, suite que j'espère entendre très rapidement. Mon autoprod coup de cœur 2007 !

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