Infernal War - Terrorfront
Chronique
Infernal War Terrorfront
Se vider la tête. Voilà un concept bien simple en théorie mais fort difficile à réaliser en pratique. Les plus pragmatiques et terres à terre ne manqueront cependant pas de me faire remarquer qu'il n'y a rien de plus simple quand on est muni d'une perceuse et d'une paille. A ceux là je répondrai qu'il existe des moyens moins douloureux pour oublier instantanément toute forme de socialisation (et pas socialisme, hein… je ne connais pas encore le vaccin contre cette maladie grave et contagieuse, mais heureusement en voie d'extinction) et passer en mode « légume bavant et sautillant ». Il y a bien sûr le foot, mais comme on n'est pas sur un webzine de sportifs (y a qu'à voir la surcharge pondérale que les trois quarts des chroniqueurs se trimballent pour s'en convaincre) vous aurez bien compris qu'il ne s'agissait pas de cela. Non, le moyen le plus simple pour se vider la tête, oublier les mauvais cadeaux de Noël et les partiels en tous genres, c'est bel et bien le plus rapide des groupes de war metal, à savoir Infernal War. Si le groupe n'a réussi à percer en France récemment qu'avec l'excellent Redesekration, il s'est pourtant fait connaître en France par l'excellent Terrorfront sorti en 2005, même si quelques rares personnes cultivées, à l'intellect supérieur et poil soyeux telles que moi l'auront remarqué peu après la sortie du split avec Warhead en 2004.
Pour couper court à l'éternelle polémique : « Infernal War, war ou brutal black ? » je n'exposerai que cet argument : vous en connaissez beaucoup vous des albums de black metal qui commencent par une ligne de sweep, ont un chant thrash/death et des refrains autant death que thrash que black ? Non ? Normal, ça n'existe pas, vu que c'est exactement ce qui fait le war metal. Oh, alors certes, on est pas dans l'acceptation courante du terme war metal, dont l'archétype est le mythique groupe Conqueror, mais il n'empêche que comme tous les styles, le war metal a évolué lentement mais sûrement d'un black/thrash ultra crasseux et malsain avec des solos mal joués partout à ce black/thrash/death sous stéroïdes à solos sur-speedés qu'a bien vite pratiqué Abominator ou Axis of Advance.
Tout de même, qualifier un album rempli de solos et de breaks thrashy de black metal me fait doucement rire. Certes, le groupe a la fougue du brutal black, et l'on pourrait même rapprocher certains passages de ce Terrorfront de ceux d'un Wings Of Antichrist de Triumphator, mais les similitudes s'arrêtent là. Cet album est clairement est à forte dominance war metal, et déjà à l'époque Infernal War naviguait entre les eaux démoniaques de Abominator, Impiety et peut être même un peu d'Angelcorpse.
Bref, bien qu'encore moins purement war metal que son successeur, ce Terrorfront annonçait déjà la couleur : on blaste à tout va, on pilonne les lignes ennemies et on mange les survivants avec une sauce harissa ultra forte. Autrement dit, la musique du groupe s'axe autour de fougueux refrains pleins de guitares en doubles croches et de double grosse caisse au même tempo sur lesquels une voix plutôt typée thrash/death et passablement éraillée vocifère des textes d'un ton aussi haineux que possible. Et quand la batterie ralentit, c'est pour mieux asseoir un break dans la tradition du death metal, qui ne sert qu'à repartir de plus belle à l'assaut. C'est simple, efficace et jouissif au possible.
Il faut d'ailleurs louer les qualités d'un batteur qui doit probablement pratiquer des transfusions sanguines à la manière d'un Vinokourov avec son compatriote Inferno pour pouvoir avoir une pareille endurance à la double pédale (remarquez l'habile manière de rester dans le champs lexical du vélo). Ce gars là blaste comme peu d'autres batteurs le font, et cela nécessite bien entendu que la batterie soit triggée pour que vous et moi puissions y entendre quelque chose. Et l'on en vient à un petit point faible de l'album qu'est sa production, et sa batterie beaucoup trop en avant. Certes le rendu est ultra énergique, mais la contrepartie est que le jeu de guitare est beaucoup plus difficile à appréhender, et seuls les solos ressortent vraiment de la masse, alors qu'étrangement, la basse est plutôt audible.
Et comme vous n'aurez pas manqué de lire ma chronique de Redesekration parue il y a deux mois, vous savez que ce dernier est moins black metal que ce Terrorfront. Et oui, je le dois concéder, il y a quelques passages assez black metal sur cet album, et ils sont pour la plupart regroupé dans « Salvation », qui est le morceau le plus lent (c'est aussi sûrement pour ça qu'il est le plus long), et probablement le moins bon de tout l'album. Enfin dernière critique, cet album est vraiment trop court, et ne dure que 32 minutes et 30 secondes. Ces deux écueils ne seront heureusement pas répétés dans Redesekration paru cette année, ce qui me fait le préférer à Terrorfront, qui reste cependant un excellent album de war metal, même au sein du genre.
Alors si avec un album aussi brutal et primaire vous n'arrivez pas à vous vider la tête, je ne sais plus quoi faire. Remarquez, il reste le Metalcore, mais le hic c'est que pour en écouter il faut déjà avoir la tête vide…
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