Parmi les petites perles oubliées du techno thrash, je vous avais parlé il y a quelques temps déjà des polonais de
Wolfspider. Dans un registre plus proche de Coroner, il est un autre groupe qui est souvent passé sous silence – parfois à dessein d'ailleurs: les enfants de chœur de Believer, groupe formé en Pennsylvanie en l'an de grâce 1986.
« Believer » ? « Enfants de chœur » ? « Passe moi le beurre » … n'importe quoi vieux, tu fatigues! On reprend: « Passés sous silence à dessein » ? « an de grâce » ? Oui, là vous avez assez d'indices pour saisir l'une des caractéristiques du groupe: c'est en effet en apôtres du techno thrash tendance petit Jésus que se pose ce groupe de chrétiens convaincus et revendicatifs, phénomène qui tend aujourd'hui à se développer de l'autre côté de l'Atlantique. Mais à l'époque, cela était aussi fréquent dans le metal de qualité que la pratique du pogo dans les entrepôts de pièces d'artisanat en porcelaine … ou que la pratique du fist fuck chez les manchots (
quoique le stump fuck aurait ces adeptes parait-il :)). Références à des textes de la Bible en bas de chaque morceau, remerciement au Père Truc et au Pasteur Machin dans les Credits, textes des chansons bien orientés; on ne peut pas s'y tromper. Maintenant, pour ridicule que cela puisse paraître (
enfin bon je parle pour moi hein …), cela ne l'est pas plus que les «
Satan, I worship your name as I cum blood on the fucking crucifix » des groupes satanistes (
quoique ces derniers peuvent avoir le bénéfice du second degré), tout ce joli petit monde ayant un peu trop tendance à faire une fixette sur le Père Noël du mont Golgotha. Enfin bon, passons, il fallait juste évoquer cet aspect extramusical du groupe vu qu'il est relativement développé.
Maintenant parlons musique, car là, Believer mettra beaucoup de monde – les amateurs de bon thrash, et notamment de techno-thrash donc – d'accord. C'est une musique relativement sombre qu'interprète le groupe (
oui, bien que ce soit des illuminés), portée par des riffs bien chiadés, jamais évidents bien que paradoxalement accrocheurs. Le tout fleure bon la fin des 80's / le début des 90's, mais attention: bien que typé, le son n'est pas poussiéreux. En fait, la prod' un poil étouffée, ramassée et compacte apporte un grain particulier au son du groupe, renforce sa personnalité, ajoutant au côté sombre et aride des compos. Ajoutez à ça le grain des guitares et la voix agressive et légèrement étranglée de Kurt Bachman - pas si éloignée que ça de celle des vieux Coroner au passage -, et vous y êtes … ou presque.
Côté compositions, quasiment rien à jeter, à l'exception – pour faire la fine bouche - d'un « Stop the Madness » un tout petit poil en dessous du reste, et de « Like a Song », bonne reprise de U2 qui n'est néanmoins pas au niveau des autres morceaux. Au menu donc, des riffs alambiqués mais excellents qui alternent avec des tueries thrash extrêmement jouissives, variant du mid au up tempo. Quelques morceaux choisis parmi d'autres: le riff thrash dément à 0:30 sur « Wisdom's Call », ou cet autre, plus groovy et génialement bancal, repris 3 fois sur « Nonpoint ». Headbangant en diable nom de Dieu! Et ce riff thrash par excellence, saccadé et hyper bien senti, à 2:24 sur « Idols of Ignorance » qui suit une montée en puissance progressive, tout aussi thrash. Et ces lignes aussi techniques que in your face, à 0:28 et 3:18 sur le même morceau (
qui est définitivement l'un des meilleurs !). Mais « Sanity Obscure », pour ceux qui connaissent, c'est en particulier le morceau « Dies Irae », l'un des tous premiers et plus réussis morceaux mêlant thrash et musique symphonique. Cette gourmandise musicale commence sur une voix épurée de Soprano qui égrène des chapelets de complaintes latines sur un fond sonore obscurément venteux, puis viennent se greffer à cette religieuse mélopée, au bout de 3 minutes, une batterie et des violons, le tout montant en puissance pour éclater sur l'arrivée d'une grosse rythmique thrash, de leads de violon et d'une seconde couche rythmique de cordes taillant dans le gras. Le morceau finira comme il a commencé, dans une reposante douceur, comme le calme après l'éjacu… euh, la tempête.
Si le fait de se snifer tous les matins au petit déj' un gros rail de psaumes permet à ces petits gars de pondre de l'aussi bon matos, on se dit qu'il n'y a peut-être pas que de l'eau croupie au fond des bénitiers. A noter que les 3 premiers albums de ces boys scouts ont été très récemment réédités par Metal Mind, et que le groupe a déjà commencé à enregistrer son 4e album. Du bon gospel thrash en perspective !
7 COMMENTAIRE(S)
05/04/2008 14:38
Désolé, je ne connais que cet album. Il faudrait que je rattrape cette lacune, je sais ...
05/04/2008 12:46
Il faut les chroniques des autres albums! A quand les publications sur le site?
31/01/2008 06:13
Pour OBlation ça s'explique
Faudra que je checke les autres ....
Par contre, Believer, toi et le frangin, vous vous devez d'essayer !
30/01/2008 23:18
Ah cyril tu fais très fort en nous ressortant les vieilleries du white thrash du début des années 90. La prochaine chro c'est Tourniquet ?
Malheureusement je ne connais pas ...
Mais si c'est aussi bon que Believer, j'achète !!
Sinon j'ai du Olation ou du Mortal si ça t'intéresse
Olation je n'en ai jamais entendu parler ! Mortal je connais de nom. Sinon Believer j'avoue ne jamais avoir jetté une oreille dessus, mais un clip de Tourniquet (tout comme un de l'excellent Mortification) est disponible sur Youtube (ça mérite le coup d'oeil).
30/01/2008 22:56
Ah cyril tu fais très fort en nous ressortant les vieilleries du white thrash du début des années 90. La prochaine chro c'est Tourniquet ?
Malheureusement je ne connais pas ...
Mais si c'est aussi bon que Believer, j'achète !!
Sinon j'ai du Olation ou du Mortal si ça t'intéresse
30/01/2008 22:48
Ah cyril tu fais très fort en nous ressortant les vieilleries du white thrash du début des années 90. La prochaine chro c'est Tourniquet ?
30/01/2008 22:23
Le groupe qui te fera aimer Dieu.