Atrocious Abnormality - Echoes Of The Rotting
Chronique
Atrocious Abnormality Echoes Of The Rotting
Mouarf, encore un groupe d'ultra guttural brutal slamming death métal machin chose avec un nom à coucher dehors et une personnalité aussi forte que Ben Affleck. C'est ce qu'on pourrait penser rien qu'à l'évocation de ce nom clichesque, Atrocious Abnormality. Et d'ailleurs je n'en attendais rien, me disant qu'au mieux ce serait pas mal. A priori certes logique mais qui sera vite balayé par la demie-heure que dure cet excellent Echoes Of The Rotting. Balayé même dès l'énorme intro instrumentale d'une minute pile, "Dead In Sixty Seconds". Et toc!
Fondé en 2006 et originaire de Caroline du Nord, Atrocious Abnormality distribue presque aussitôt une démo pour faire circuler son nom et sort rapidement son premier album que voilà. Les Américains n'ont pas perdu de temps mais rien d'étonnant puisque Steve Green en est le chanteur guitariste, Green étant non seulement membre de Lust Of Decay mais aussi et surtout fondateur du label de bourrinos Comatose Music. Les présentations étant faites, vous allez maintenant savoir pourquoi au lieu d'être un énième combo de brutal death bas du front comme il en pousse par centaines sur MySpace, Atrocious Abnormality s'avère en fait LA bonne surprise de la fin 2007 dans le genre.
Déjà, chose pas forcément essentielle mais qui fait toujours plaisir, la bête est bien emballée. Comprendre que la pochette jaune maronnâtre pleine de zombies est super sympa. Ensuite, la production se révèle excellente, ce qui n'est pas toujours le cas chez ce genre de formation (alors qu'il est pourtant très facile et peu couteux aujourd'hui d'obtenir une prod tout à fait correcte avec tous les logiciels existants). Seul reproche au niveau du mix, les guitares prennent trop de place au détriment de la batterie. D'où une petite perte de puissance malgré le jeu très véloce de Brent Willians (ex-Lust Of Decay) et des blasts qui n'ont pas l'impact qu'ils devraient avoir. Enfin, pas grand chose à redire sur les onze compos que comportent Echoes Of The Rotting et qui sont d'une qualité remarquable.
Alors certes Atrocious Abnormality propose un brutal death relativement classique mais il le fait de fort belle manière. Brutal death classique donc mais inspiré et travaillé, agrémenté d'une technique supérieure à la moyenne, notamment chez la basse très en avant dans le mix et qui claque comme une voile au vent. Le travail sur les guitares est également très satisfaisant: les riffs sont rapides, sombres et souvent techniques avec pas mal d'harmoniques artificielles, décidément très tendances (comme les samples de films mais peu nombreux heureusement). C'est clair, net et précis. Tout ceci enrobé d'un groove non négligeable qui permet une accroche instantanée et évite de tomber dans les clichés de la brutalité à outrance.
Niveau rythme, la bande à Green varie bien son jeu tout en restant très énergique: parties blastées ou semi-blastées, mid-tempi assez rapides et quelques slams bien groovy par ci par là mais jamais trop lents, le groupe ne s'accordant aucun moment de repos. D'où un album plutôt intense qui va droit au but (11 titres pour 30 minutes) et qui ne laisse pas de place à l'ennui. Une chose à la rigueur se voudrait un peu lassante: le chant. Les vocaux gutturaux de Green sont impressionnants, parfois carrément jouissifs même mais le bonhomme ne varie pas assez ses intonations malgré quelques élans criards pas de très bon goût de toute façon.
On ne pourrait clore cette chronique sans l'évocation de l'étonnante reprise des Misfits "Mommy, Can I Go Out And Kill Tonight?". Etonnante car même si les Misfits ont toujours été une référence pour les groupes extrêmes au niveau de l'imagerie, il est toujours surprenant de voir un de ses morceaux repris par un tel groupe qui semble à mille lieues du style pratiqué par la bande à Danzig. Surtout quand celle-ci apparaît au beau milieu de la tracklist, arrivant comme un cheveu sur la soupe et cassant un peu le rythme. Je l'aurais plutôt vue en fin d'album en tant que bonus track. Quoiqu'il en soit cette cover est divine et du punk (bien brutaldeathisé quand même) avec des gruiks, c'est purement jouissif!
Tout ça pour dire que ce 1er essai d'Atrocious Abnormality est particulièrement réussi. De facture classique mais ne repompant pas allègrement tel ou tel groupe, technique sans en faire trop, assez varié et groovy tout en restant très brutal et rapide, Echoes Of The Rotting est à conseiller à tous les amateurs de douceurs musicales. Un groupe prometteur à surveiller de près comme on dit!
| Keyser 28 Janvier 2008 - 2329 lectures |
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