Djabah … Comme Jabba the Hutt dans Star Wars? Non non, rien à voir, ou alors seulement pour la hutte - quoiqu'il faudrait peut-être plutôt parler de " case " dans le cas présent - qui pourra apparaître dans les décors africains servant de toile de fond à " Danhomè ". Djabah est un jeune groupe français ayant réussi il y a peu de temps à capter la lumière des projecteurs des médias metal français. Sa musique est construite sur la base d'un death metal moderne possédant de nombreux points communs avec le génotype
Gojirien. Au-delà de ce parallèle évident, le groupe tire son originalité de l'injection d'une importante composante " tribale " (
qualificatif facile mais allant à l'essentiel) dans ses compos et sa thématique, l'album traitant d'ailleurs de l'esclavage vu depuis la terre du Benin - pays anciennement connu sous le nom de Dahomey.
J'avoue qu'étant amateur de la musique du gros dragon landais - contrairement à une frange bruyante de la rédaction et du lectorat de Thrashocore - et alléché par la perspective de découvrir une improbable version death de Johnny Clegg & Savuka, j'ai sauté sur cet album comme un para sur le Tchad (
oui je sais cette comparaison n'est pas ici du meilleur goût, désolé, le coup est parti tout seul !). Bon, de ce côté-là, j'avoue que j'avais espéré un petit trop du métissage: le bébé garde quand même essentiellement le teint death moderne de son papa européen, le hâle de la peau et le crêpe des cheveux de sa maman ne se distinguant que timidement sur les 8 titres de l'album. En fait, c'est surtout dans les textes et l'imagerie que coule le sang africain. Il ressort aussi dans l'esprit guerrier et les sonorités tribales de certains titres, mais cela reste impalpable, du domaine du ressenti. Pour toucher du doigt ces influences via des éléments plus concrets, il faut s'arrêter sur le chant, majoritairement en béninois, régulièrement asséné par des " chœurs " de 2-3 voix qui prennent les intonations de guerriers d'ébène prêts à en découdre. L'auditeur aura aussi droit, à la fin de " Sept Fois Le Tour De L'Arbre ", à une conclusion sous forme de chants traditionnels, malheureusement plus accolés au morceau que vraiment intégrés dedans. Pour être honnête, seul la première moitié de " Umgbé " prend des allures de véritable métissage musical assumé entre influences africaines et metal couillu … et le résultat y est d'ailleurs tout à fait probant !
Mais plutôt que de s'attarder sur ce que la musique n'est pas, revenons à ce qu'elle propose. Djabah joue donc un bon death moderne de facture classique - pour autant que cette expression ait un sens. Cela signifie que la rythmique prime sur la mélodie, le saucissonnage drumo-guitaristique saccadé menant la danse alors que les leads et soli se font tous petits. Cela signifie aussi qu'au lieu d'un growl huileux et profond, il nous est offert un(
des !) aboiement(
s) thrasho-hardcoreux à la
Gojira. Comme on parle encore de ces derniers, profitons-en pour signaler un autre parallèle avec le grand frère: l'excellence de la batterie. Greg varie avec beaucoup de feeling les tempos, dosant la double, les blasts, les roulements et tout le reste de la quincaillerie avec un goût certain: il est définitivement l'un des moteurs du groupe. Côté frustration par contre, il est triste de constater la présence d'un bassiste qui a tout l'air d'être très habile, mais dont l'instrument a été oublié dans le mix, ce qui est bien dommage, le bougre semblant avoir beaucoup de chose à dire. Cela se ressent en particulier à 3:44 sur " Danhomè ", cette partie calme appelant fortement la présence d'une basse virevoltante. Sur la fin de " Sévices Et Tortures " également, où son volume est bien trop bas. Et bis repetita sur " To-élo " …
Côté compos, " Danhomè " tient particulièrement bien la route: le groupe réussit à imposer sa patte, malgré le parallèle évident - voire parfois criant - qu'il est tentant de faire avec
Gojira. Comme chez ces derniers, l'influence
Morbid Angel est assez palpable, notamment à travers l'usage de certaines dissonances et ambiances inquiétantes, mais on se prend aussi à penser à
Nile (
au début de " Umgbé ") ou à
Pantera (
à 2:46 sur " Soumis ", pas de doute !). Pas de véritable hit à l'horizon mais plutôt un ensemble de bons morceaux cohérents qui privilégient les ambiances et réussissent le pari osé d'illustrer fidèlement la thématique de chacun des morceaux (
par ailleurs détaillée de façon très sympa dans le livret).
Bien que cette chronique prenne une tournure un peu négative à maints endroits, c'est uniquement pour signaler les quelques imperfections d'un album / concept très prometteur, et d'un groupe au gros potentiel. On en a connu beaucoup des premiers albums de ce type - remarquables, sortant du lot, inspirés, mais pas exempts des imperfections d'une première production - qui étaient suivis d'un second album propulsant leurs géniteurs dans les premiers rangs des formations françaises qui comptent. En mettant plus en avant la basse dans le mix, en essayant de composer une hymne ou deux qui sortent du lot et servent de points d'accroche, et - mais là cela reflète uniquement mes goûts - en osant aller jusqu'au bout du concept et en offrant de vrais mélanges musiques africaines / metal extrême, Djabah pourrait bien devenir le
Nile français du modern death metal. Plus qu'à monter une tournée commune avec Ture Kunda et
Behemoth et le groupe sera mis en orbite pour de bon! Vivement le prochain album, sur un vrai label cette fois: c'est tout le mal qu'on peut leur souhaiter.
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