Le double pavé
The Living Infinite n’était pas qu’un simple coup d’éclat, son successeur
The Ride Majestic enfoncera le clou avec une ambiance mélancolique jusque-là inédite pour Soilwork. Oui, les Suédois ont bien repris leur trône. Coup de grâce avec ce onzième opus
Verkligheten (« réalité » dans leur langue natale) ? Toujours sans bassiste fixe, « exit » cette fois Dirk Verbeuren après 12 ans de bons (plutôt sur la fin nous dirons) et loyaux services, devenu batteur officiel de Megadeth. C’est son élève le Danois Bastian Thusgaard (Dawn Of Demise, The Arcane Order) qui reprendra le flambeau. La production (mixage et mastering compris) revient cette fois à Thomas "PLEC" Johansson (Miseration, Unmoored, Torchbearer, Mors Principium Est, Slumber) et la belle pochette « Sci-fi colorée » à Valnoir (Metastazis).
Après un
The Riding Majestic version affutée et ambiancée du death mélodique moderne de
The Living Infinite, que pourrais bien nous proposer Soilwork ? L’ouverture direct (« Arrival ») dans la lignée de ses prédécesseurs ne chamboulera pas l’adepte mais ne le comblera pas non plus car bien moins efficace qu’un « Spectrum of Eternity » ou un
« The Ride Majestic ». Une chute de studio peut-être. On y découvre ainsi la vélocité du jeune Bastian derrière les fûts, une vélocité qui n’a rien à envier à son professeur : blasts couillus et ultra carrés (« When The Universe Spoke », « Needles And Kin »). Pour les subtilités de jeux il faudra malheureusement bien tendre l’oreille, peu à grignoter. Quant à ses frappes de brute (malgré son gabarit), comme Dirk elles ne colleront pas forcément aux riffs et à l’atmosphère… Mais mieux vaut oublier les passages pêchus à la limite du death/black de
The Ride Majestic ou son atmosphère glacial. C’est un retour « lumineux » dans l’esprit d’un
Figure Number Five et aux appétences rock en premier plan.
Le side-project hard-rock The Night Flight Orchestra (dont le quatrième album est sorti l’été dernier) de Speed et du guitariste David Andersson a inéluctablement déteint sur Soilwork. D’ailleurs pour cet album Andersson semble être le compositeur des ¾ de la galette. Si le groupe s’est métamorphosé depuis son arrivée (
The Living Infinite), il ne s’agit malheureusement pas du meilleur présage car ses morceaux figuraient pour ma part souvent parmi les plus faibles. Place à des compositions bien moins riches, peu de riffs et souvent assez lambda, rattrapées par un break (le planant « Bleeder Despoiler ») ou un refrain imparable. Pas vraiment acceptable pour nos vétérans (l’introduction du vide de « Full Moon Shoals » (au clip atroce)) après deux albums haut de gamme. Typiquement un morceau comme « Stålfågel » (« oiseau d’acier ») qui ne tient que par son hymne méchamment « catchy » (à noter la présence en fond d’Alissa White-Gluz d’Arch Enemy pour la version « iTunes ») et son solo. D’ailleurs quid de notre frenchie Sylvain Coudret ? Peut-être quelques riffs et soli disséminés mais j’ai du mal ici à entendre sa patte…
Non,
Verkligheten est surtout transcendé par les prouesses vocales de son frontman historique. La meilleure performance au chant clair de Speed à ce jour, ce type de vocalise prendra autant de place que ses hurlements désormais mis de côté (aux modulations moins nombreuses malheureusement) et devient l’artère principale de leur death mélodique. Mais
Verkligheten aura un net regain d’intérêt en fin de parcours, ou l’association de leads mélodiques et refrains sera beaucoup plus homogènes (la patte Strid ?). En témoigne le versatile « Witan », le hit « Needles And Kin » (épaulé pour les vers gutturaux de Tomi Joutsen d’Amorphis) ou l’entraînant « You Aquiver » (et son lead entêtant).
Le death mélodique sombre et relativement « violent » de
The Ride Majestic n’est plus, Soilwork revient avec une œuvre des plus lumineuses et accessibles. Les premières écoutes seront malgré tout assez décevantes, priorité aux vocalises de Speed, les instrumentations paraîtront un peu « light » et inégales après deux précédents opus à la fois fouillé et accrocheur. L’album gagnera finalement notre intérêt par ses refrains à la précision chirurgicale et ses compositions beaucoup plus abouties en fin de galette.
Verkligheten reste moins bon que ses deux prédécesseurs mais d’un niveau tout autre que cette période maussade de 2005-2010.
2 COMMENTAIRE(S)
24/01/2019 10:23
23/01/2019 13:50