Krypt - Preludes To Death
Chronique
Krypt Preludes To Death
« Death Satan Black Metal ». Ce nom d'un des titres du premier album de Krypt annonce à lui seul la couleur. Un peu comme si un groupe de death metal avait choisi un titre comme « Blood Anal Cunt of a Decapitated Zombie », Krypt ose tous les clichés du black metal. Mais qui pourrait en vouloir aux ex-Tsjuder de nous sortir « Satan » toutes les deux phrases en les ponctuant d'un « Ouueeeuuh » dans la plus grande tradition de Celtic Frost ? Certainement pas moi en tout cas, j'ai trop de respect pour ce groupe qui a malheureusement splitté trop tôt, après trois albums d'excellente facture et un DVD impersonnel et mal monté. Dans la foulée du split s'est donc formé Krypt en 2006, un two men band dont le but ouvertement avoué est de « garder la flamme du pur black metal old-school ».
Ce premier album de Krypt ne s'inscrit donc pas dans la lignée de Tsjuder, mais propose une nouvelle optique, bien plus orientée vers les racines, le black metal d'antan. Point de blasts furieux, d'accélérations soudaines, de sonorités modernes, ou de claviers pour fillettes, non. Ce Preludes To Death se veut primitif, et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est malheureusement réussi : cet album est primitif sur tous les plans possibles et imaginables.
Vous voyez les très vieux Celtic Frost, Darkthrone, voire carrément les premières démos de Bathory ? Bah on est en plein dedans : guitares minimalistes, se contentant de plaquer toujours les mêmes accords de quinte ou reproduisant toujours le même schéma en trémolo sur les parties les plus rapides (quoique rapide soit un bien grand mot), batterie frappant la caisse claire sur les temps, qu'on croirait tout droit sortie de l'époque où les blast beat n'avaient pas encore été utilisées dans le black metal, et pour terminer, une basse évidemment totalement inaudible. Reste le chant, qui est vous l'aurez compris, le même que celui de Tsjuder, c'est-à-dire tout bonnement excellent (oui, il faut au moins une chose à laquelle se raccrocher), et ceux qui ont écouté le groupe un jour savent de quoi je parle.
Est-ce suffisant pour faire quelque chose d'accrocheur ? Je vous le dis tout de suite : si vous avez découvert qu'on avait fait du black metal après 1991, ça risque d'être difficile, ou alors vous êtes un véritable old-school addict (oui, je me mets à parler anglais si je veux). Entre des breaks lourdingues et pas inventifs pour un sou, et des pseudo accélérations qui bandent mou, il n'y a vraiment pas grand-chose de remarquable dans ce Preludes To Death, hormis je le redis, la voix. Et le pire, c'est que c'est la même rengaine pendant 50 minutes, nous laissant le temps de comprendre que le groupe a utilisé les mêmes schémas, voire même carrément les mêmes patterns en ce qui concerne le batteur, d'un morceau à l'autre. Le problème, c'est qu'il n'y a même pas d'ambiance, et je trouve personnellement que la production est loin d'être assez sale pour pouvoir reprendre véritablement le flambeau d'un style qui a bienheureusement su évoluer.
Cette volonté de faire de l'old-school pour faire de l'old-school me paraît complètement surfaite, car reproduire une très vieille recette qui a fait ses preuves sans pour autant en retrouver l'ambiance ni la hargne, ça s'appelle simplement rater son coup. Pourquoi avoir stoppé Tsjuder pour faire ça ? C'est une excellente question à laquelle nous n'aurons malheureusement probablement pas de réponse. En tout cas, je dois avouer que j'attendais beaucoup mieux de la part d'anciens Tsjuder, groupe qui au début des années 2000, faisait figure de fer de lance de la scène black norvégienne underground. Cet album aura au moins le mérite de plaire aux très vieux cons, qui probablement, y trouveront leur compte (de la Krypt).
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