Draconis Infernum - Rites Of Desecration & Demise
Chronique
Draconis Infernum Rites Of Desecration & Demise
Formés en 2005 par leur actuel meneur Xepher, les singapouriens de DRACONIS INFERNUM composent un Black Metal dans la digne tradition des aînés de leur scène dès Death In My Veins, album sorti il y a trois ans maintenant (avril 2008 précisément) et qui avait rencontré un vrai succès chez les amateurs de brutalité bien Underground. Dotés d'un certain talent pour des compositions couillues, agressives et primitives qui rappelleront aisément IMPIETY, les asiatiques développaient dès ce premier disque une ambiance construite autour de l'alliance entre dévotion et violence maximale, pour accoucher d'un résultat sauvage, cradingue, bien dans la tradition Black Metal Old School et surtout, très stimulant, à l'image des tueries « Cursed Are The Vanquished » ou « Worship Me » qui concluaient avec panache un disque fort convaincante. La déferlante générale de bons riffs que constituait Death In My Veins posait sur la table un manifeste qui forçait ceux qui les avaient découvert avec ce disque à attendre ce Rites Of Desecration & Demise avec une impatience non dissimulée. C'est grâce au respectable label français Hass Weg Productions que ce disque est disponible en cette année 2011 qui comporte autant de bonnes surprises que de déceptions, à l'image du dernier IMPIETY, Worshippers of the Seventh Tyranny, qui en aura dégoûté plus d'un.
Dès les premières minutes du nouveau disque, on constate que la production et la maîtrise des asiatiques est meilleure que sur Death In My Veins, où par moment la batterie était bien trop envahissante et presque à la ramasse. Ici, le son est très carré et Serberuz Hammerfrost, qui a d'ailleurs sévi aux fûts chez IMPIETY à ses heures, avoine tout ce qu'il peut à l'image de l'assaut terrible « Proclamation Of Encroachment » où il est déchaîné ! Bon, il faut reprocher aux fûts ce son trop mis en avant et trop triggé… bien que les parties batteries soient très efficaces sur les passages en blast beats comme sur les moments plus gras et lourds. Outre la production générale qui fait par exemple ressortir à merveille une basse qu'on entend en permanence, tout comme les soli de guitare dégainés ici et là (« Proclamation Of Encroachment », « The Grand Conjuration »), c'est également la hargne de Xepher le vocaliste qui fait toute la différence entre une pâle copie des idoles locales telles que IMPIETY là encore ou ABHORER (avec par exemple le médiocre SADIZTIK IMPALER) et un jeune combo ambitieux comme DRACONIS INFERNUM et son « Pure Uncompromising Oriental Black Metal Hellkult » qui avec cet héritage assumé et digéré pioche du côté de l'old school, avec quelques influences BATHORY notamment (au-delà de la reprise de « Satan My Master »). On pensera également au vieux MARDUK par moments. En effet, la voix de Xepher, très bien mise en valeur par la production, habite avec toute la dévotion qu'il faut des compositions solides. J'oserai ici une métaphore rugbystique, le vocaliste pèse sur ce disque comme un bon ouvreur pèse sur un match de rugby serré : il sait « attaquer la ligne » quand il faut le faire et jouit d'une bonne réussite au pied ! Ici, l'homme utilise les différents modules de son puissant organe pour de grands hurlements acharnés comme pour des harangues sataniques déchirantes et puissantes.
La maturité des singapouriens se ressent également à plusieurs niveaux. L'atmosphère des compositions de ce Rites Of Desecration & Demise est plus soignée, plus sombre: un morceau comme le titre éponyme par exemple démarre avec une atmosphère plus lente et pesante (illustrée par de belles cloches oppressantes) pour avoiner subitement avec des blast beats inspirés et revenir ensuite à un rythme plus soutenu, une recette bien chiadée que le groupe réutilise à plusieurs reprises, avec notamment le bon morceau « Armoured Legion », qui alterne blasts épileptiquse et assauts vindicatifs maîtrisés dans lesquels Serberuz Hammerfrost mène la baraque avec sa double pédale, pour donner un ensemble assez varié malgré quelques longueurs et quelques riffs un peu inutiles. Dommage, l'album subit un petit coup de mou au milieu de son déroulement, l'enchaînement « Vengeance Into Thee », titre moins convaincant, et « ... Of Darkness & Solitude », interlude larmoyante au piano, passant assez mal. Oui, vous avez bien lu, interlude larmoyante au piano… sur du DRACONIS INFERNUM… non mais c'est quoi ce bordel ? C'est bel et bien cet interlude qui est en grande partie responsable de cette baisse de régime et qui plombe un peu ce bon disque ! Est-ce l'abus de graines de soja tueuses ? Toujours est-il que les singapouriens ont vraiment pété leur durite sur ce passage qui casse vraiment le rythme général de l'œuvre… cet interlude n'a vraiment rien à faire sur un tel condensé de brutalité ! Merde ! Enfin, heureusement que le massacre reprend de plus belle après cette erreur de parcours : les deux titres qui suivent s'imposent comme les gros bras d'un disque porté par de bons assauts du genre de « Chaos Infinity », qui clouera le bec à ceux qui se seront moqué de la transition foireuse avec son passage martial et ses « SATAN ! » hurlés poumons ouverts, ou encore « The Grand Conjuration », véritable pivot du disque. Un titre qui représente toute la qualité inhérente à Rites Of Desecration & Demise : une hargne vraiment perceptible, un rythme soutenu et stimulant et une voix solide ! De même, comme à plusieurs moments, les singapouriens dégainent un solo salvateur qui rappellera la saveur de l'Old School, puisqu'il s'impose comme minimaliste et assez mélodique. D'une manière générale, la puissance d'un IMPIETY ou d'un jeune MARDUK n'est vraiment pas loin sur les passages les plus inspirés des asiatiques.
Et une fois encore, DRACONIS INFERNUM finit son disque en trombe, comme cela avait été le cas sur Death In My Veins. La reprise de BATHORY, « Satan My Master », sur laquelle Xaphan de KULT OV AZAZEL vient pousser la chansonnette tire la dernière cartouche old school des asiatiques. La reprise est bien effectuée, son passage au son propre bien réalisé : l'hommage est réussi. Alors bien sûr, ce disque n'intéressera pas tout le monde, mais dans le registre dont il est question ici, Rites Of Desecration & Demise est définitivement bon malgré ses défauts. Oui, il y a encore des progrès à faire et des erreurs à gommer, notamment dans le mixage où la batterie prends trop d'importance (sur les deux disques des asiatiques d'ailleurs), et dans l'homogénéité du disque (ne plus nous refaire le coup de « ... Of Darkness & Solitude », par pitié !), mais DRACONIS INFERNUM s'impose dans la lignée des jeunes groupes asiatiques qui sentent le talent à plein nez comme ENVENOM les malaisiens qui m'avaient également convaincus avec leur EP de 2008 Christfuckk. Quoiqu'il en soit, DRACONIS INFERNUM confirme avec cet opus son potentiel dans la sauvagerie Black Metal… reste à jauger leur inspiration sur un prochain disque !
| Voay 24 Juin 2011 - 2170 lectures |
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