Mors Aeterna - Sanctification
Chronique
Mors Aeterna Sanctification
Né en 2008 de l'esprit d'ArmaggueddA, ce projet solo du nom de Mors Aeterna est une entité neuve dans la scène Black Metal française, scène dans laquelle il est difficile de se faire une place. Mais si la création du groupe est neuve, son essence est en revanche ancrée dans un passé musical qu'il est très agréable de retrouver dans une musique des plus inspirée, qui se concrétise dans cet album, du nom de Sanctification, paru en 2009 et passé relativement inaperçu…
Et c'est extrêmement dommage, car le talent est omniprésent sur cet album, à plusieurs niveaux : par l'ambiance « occulte » qui ressort dans chacun des riffs composés avec une foi indéniable par ArmaggueddA, des riffs qui sont servis par l'apport ponctuel de vocaux incantatoires donnant un effet sinistre jouissif. On ressent dans ces compositions un « occultisme » dont les formes se conjuguent au passé : en effet, la nostalgie est, elle aussi, omniprésente et s'exprime par un attachement viscéral à l' « Old School » : le compositeur semble marqué au fer rouge par les années 1980/1990, tant ses créations respirent cette époque bénie en matière d'extrême.
Musicalement, l'auditeur est donc confronté à un véritable hommage à cette époque, exprimé par des rythmiques épurées et extrêmement efficaces, des parties « Lead » utilisant des gammes dissonantes du plus bel acabit rappelant les plus belles heures de cette ère, une batterie claquante, carrée, une voix très spontanée, imprimant sa qualité « Old School » sur l'ensemble, une voix qui me fait par ailleurs de plus en plus penser à celle de Jon Nödtveidt…
Une voix qui assène avec rage des dogmes sataniques qui se veulent extrêmes, recherchés, quasiment "ésotériques" pour reprendre les mots du créateur. "Whoever Follows Me... will walk in Darkness" nous dit ArmagueddA, et on ressent toujours dans l'ambiance cette attirance pour le sombre, l'occulte : les quelques passages ambients, les introduction pleine de mystère y contribuent habilement, tout en étant toujours conscises.
Tous ces éléments jouissifs sont idéalement mis en valeur par une production d'une qualité excellente, dans le sens ou sa texture sert ce corps musical de manière parfaite : tous les instruments cités plus hauts sont en adéquation avec une production elle aussi typée « Old School », faisant ressortir toute la pesanteur et la pregnance des riffs de ce Sanctification, ce qui donne un réelle cohérence à l'œuvre. De plus, les riffs sont exécutés d'une main de maître, la maîtrise technique du multi instrumentiste est évidente et se doit d'être louée.
Et on ressent toutes les meilleures influences dans la musique de Mors Aeterna, tant l'homme derrière ce projet semble porter les cicatrices d'une époque antérieure, mais cela ne sacrifie pas la personnalité du groupe, qui trouve son contour et ses marques dans des morceaux et un concept occulte tous deux très personnels. La tête pensante du projet s'approprie les formes de cette époque en la ressuscitant d'une manière brillante, à la fois personnelle et intègre : clairement, la musique de Mors Aeterna n'invente rien mais pratique un style de Black Metal auquel le compositeur voue un culte toujours avoué, un style déjà fait, clairement identifiable, mais absolument jouissif…
On peut déceler quelques influences parsemées dans des morceaux dont la qualité est toujours unique et dans lesquels la valeur musicale se ressent toujours pleinement. L'énorme morceau “In The Gleam Of The Moon” m'évoque le Death de la vieille période (Leprosy ou Spiritual Healing notamment) “Boudaries Of The Unknown” a une rythmique qui n'est pas sans rappeler Metallica, et on ressent avec délectation les influences Heavy telles que Mercyful Fate ou King Diamond, omniprésentes sur cet album (« The Great Sabbat »).
La présence du vieux Bathory hante également un album qui est donc également à appréhender selon ses influences (« Sanctification »), de par l'amour qu'il démontre pour cette époque (les Sarcofago, Immortal ou encore Absu sont aussi présents par de mutliples biais)
Cependant, quel est le sens d'une sortie comme ce Sanctification aujourd'hui et quelle peut en être la portée profonde? N'y a-t'il pas un risque pour cet opus de rester cantonné à son époque et de n'avoir que peu de retentissement aujourd'hui ? A l'évidence, la démarche d'ArmaggueddA est risquée, peut-être vaine, et à l'évidence, le personnage s'en contrebalance complètement. C'est la seule réserve que l'on peut émettre contre cet album, celui de prendre le risque d'explorer un registre ancien et déjà pratiqué.
Sanctification vient prouver que cette époque n'est pas révolue, et se confronter à une telle sortie aujourd'hui donne un réel plaisir, au-delà de l'aspect nostalgique de cette musique dont les maîtres du genre ont déjà largement parcouru les formes. Un opus qui vient de même prouver que la scène française comporte des talents cachés inestimables.
| Voay 4 Avril 2010 - 1935 lectures |
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