«
MORA PROKAZA ne dégoutera pas du black metal, ni de la Biélorussie comme beaucoup de ses compatriotes, mais restera dans la masse des groupes anecdotiques. »
Cette introduction était en fait ma conclusion de la chronique de l’album précédent de
MORA PROKAZA. C’était en 2016, ça s’appelait
Dark Universe, et tout le monde était d’accord sur l’inutilité du projet, qui n’apportait rien de plus que quelques graines à picorer aux fans irréductibles de black metal que nous sommes.
Eh bah dis-donc maman, le groupe biélorusse semblait être lui-même de la même opinion que nous parce qu’il a changé totalement, mais vraiment totalement d’approche, et de style ! Il nous balance là un opus incroyable qui va marquer la scène. Et cela faisait même longtemps que je n’avais pas eu l’impression de fraîcheur que j’ai ressentie à l’écoute de ces 9 pistes. Alors attention, quand je dis que ça marquer la scène, ça ne veut pas nécessairement dire que ça va plaire à tout le monde, et bien au contraire,
MORA PROKAZA va se faire haïr par un très grand nombre ! Preuve encore plus évidente qu’il apporte quelque chose ! Quoi donc ? Eh bien avant tout, c’est qu’il a dillué le black metal dans d’autres styles qui font polémique car à des lieues de ce que nous écoutons habituellement : de la trap !
Alors ce n’est pas moi qui le dis, et sache bien que jamais je ne l’aurais su si je n’avais pas lu la fiche de présentation et les commentaires sur les vidéos sorties sur YouTube. Eh non, je ne suis pas un féru de trap, ni même de beaucoup d’autres styles musicaux que mes rassurantes habitudes. Mais figure-toi que je ne suis pas non plus fermé et qu’au contraire j’ai la curiosité d’aller découvrir ce que je connais mal. J’ai donc fait mes petites recherches, et ce dont je suis désormais sûr, c’est que la trap n’est pas pour moi, mais qu’ainsi maltraitée par ce groupe, c’est excellent. Et c’est bien un point qui va faire rager les irréductibles détracteurs des mélanges dans le black metal, ceux qui ont oublié que ce style doit justement casser les codes s’il le souhaite. Il ne doit pas les casser histoire de les casser, mais il peut les casser sans perdre son essence black, et même, il peut ainsi perpétuer l’esprit originel du black qui se permet de te chier dans la bouche.
C’est ainsi que j’ai toujours applaudi des projets qui se faisaient huer, étriper, déchirer par beaucoup d’autres. Je maintiens mon soutien à
SEMARGL par exemple. Comme j’ai aimé
UNTAMED LAND, ou même
THE CNK en son temps finalement. Des groupes qui se permettent d’apporter leur personnalité, tout en ayant manifestement le plaisir aussi de mettre un petit coup de botte dans la scène black. Le succès et l’efficacité même n’ont pas toujours été au rendez-vous des groupes qui ont trouvé une voie personnelle, mais
MORA PROKAZA devrait vraiment faire hallunicer ceux qui y seront sensibles. Ce ne sera pas de la demi-mesure.
Revenons au contenu donc. Mélange de black metal et de trap sur un plan musical, mais surtout une liberté totale de la part de Farmakon, tête charismatique du groupe. D’abord dans les instruments employés et les effets sonores ajoutés : banjo, accordéon, piano, percussions tamtam, machines, et des chœurs... C’est ultra varié tout en étant totalement cohérent. Le fil conducteur entre les pistes est le timbre du chanteur : cru et craché, qui se lance fréquemment dans des répliques vitesse mitraillette, puis va poser une sorte de flow essouflé ailleurs, mais là aussi il ne laisse pas place à la monotonie et des voix différentes font leur apparition. Très beau travail de ce côté-là au final ! Malin !
C’est hypnotique. Ça le sera pour ceux qui auront ouvert leurs shakras. Les autres vont gueuler. Mais au point d’insulter ceux qui ont apprécié. Ce sera à nouveau l’occasion de savoir si tu fais partie de l’élite et de ceux qui savent ce qu’est le black et qu’il ne faut pas trahir. Sauf que justement, on ne sera pas d’accord sur celui qui est dans le vrai. Je le répète, c’est ultra BM de faire un album comme celui-ci. Et oui, malgré les noms de pistes : « Where is my gun », « Check it », « Sorry Man »... Et oui, malgré les clips à l’imagerie elle aussi controversée... Blasphème !!! Il y a des chèvres ! Il y a notre bonhomme avec un chapeau de cowboy et à cheval. Il y a un pauvre petit chien qui est en PLS au moins aussi pronfondément que toi à la première écoute. Il y a un jongleur. Tout le monde a des têtes de paysans bouseux mal finis. Bref, « C’est cringe ! », « C’est une honte ! ».
Mais oui ! Et finalement tout ce petit monde, ce visuel personnel vient finalement renforcer le concept de la formation. Il vient ajouter une touche encore polémique qui enfonce le clou, qui donne du grain à moudre, et qui va assurément nourrir les discussions entre fans de black metal ces prochains mois, et même années ! Pardon ? J’ai dit « fan de black metal » alors que c’ets pas du black metal mais de la... merde !? Non, le précédent aurait encore pu y être comparé vu que tout le monde l’évitait. Celui-ci attirera un public ! « Des mouches à merde ? »... C’est taquin... Non, disons plutôt que c’est un pruneau. Soit on adore, soit on déteste. C’est bien ça... Du « pruneau black metal » !
Pour finir, bravo au label français Season of Mist d’avoir sorti cet album même s’il en subit déjà des conséquences avec un record de réactions négatives sur ses réseaux sociaux !
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