The Haunted - Versus

Encore sous le choc (le regard béat avec le filet de bave) du concert d'At The Gates de cet été (Hellfest), à vrai dire The Haunted et la sortie d'un nouvel album m'étaient complètement sorti de la tête (et je dois ne pas être le seul). Il faut dire aussi que le controversé The Dead Eye (que j'ai totalement oublié) n'était personnellement pas le présage d'un avenir radieux, leur essai post-thrash m'ayant écœuré au plus haut point (ma plus grosse déception de l'année 2006). Alors ce sont les oreilles nonchalantes que je me prépare à écouter ce fameux sixième album, deux ans tout juste après The Dead Eye et toujours avec la même équipe (même line-up + Tue Madsen aux manettes sonores). Versus un pas de plus vers le précipice ? C'est avec soulagement certain que je peux vous répondre « non ».

La pochette minimaliste (et inacceptable) était peut-être un signe quant à un retour en arrière (l'artwork de l'éponyme étant assez proche) ? Car la première écoute effectuée c'est avec une certaine stupéfaction que l'on découvre un enchaînement de titre thrash (« new school ») direct sans ballade mielleuse ou autres tentatives pseudos progressives de son ainé. Premier titre en écoute, le titre d'ouverture « Moronic Colossus », pas franchement transcendant mais faisant son petit effet, annonçait pourtant une suite d'album pas des plus glorieuses. Mais voilà que les jumeaux (peut-être enfin épaulés par Patrik Jensen ?) reviennent à leurs premiers amours, nous livrant des riffs thrash massifs qui collent au caleçon et ça dès le deuxième titre « Pieces » aux relents « Dew Scentedien ». C'est ainsi avec le plus gros étonnement que l'on peut de nouveau bouger sa crinière comme un demeuré ! Quel bonheur ! Les moshparts de « Little Cage », les riffs méchamment groovy de « Ceremony » (à l'intro supra orgasmique) ou le retour des riffs versions One Kill Wonder de « Crusher » ou « Faultline » (argh cette accélération vers les 2 minutes !) auront le dernier mot.

Le grand retour des soli de maître d'Anders (qui n'y va pas avec le dos la cuillère) et cela sur chaque titre, sera évidemment la cerise sur ces riffs thrash certes convenus et loin des beaux jours, mais efficaces. Que dire de la production ? Puissante et forte honorable (avec une basse de Jonas encore plus mise en avant, pour le bonheur des adeptes du long manche) : du énième The Haunted sous Tue Madsen quoi. Concernant le chant de Peter, il paraît encore plus énervé qu'auparavant et ajoute une bonne dose d'agressivité à ce Versus (« Little Cage » et « Faultine » en particuliers) en parallèle à ses lancées en chant clair sur les refrains. On se serait bien sûr passé de ces escapades mais le gus s'en sort encore une fois très bien en ne tombant pas dans la facilité ou le mielleux nauséabond.

Lancé depuis rEVOLVEr et confirmé sur The Dead Eye, il ne faudra (malheureusement pour certains) pas omettre le côté « post » de The Haunted. Et ma foi cela passe plutôt bien, peut-être le fait de le coincer entre deux titres « straight in your face » ? La post-rock « Skuld » (où Peter chante dans une langue que je ne connais pas) demeure même « jolie », « Rivers Run » reste aussi très appréciable (conclu par un lead poignant). « Iron Mask » et « Imperial Death March » me semblent par contre assez dispensables, sentant bon les fonds de tiroirs mais au final cela traverse nos esgourdes sans encombre.

Loin des capacités de The Haunted, Versus arrive tout de même à offrir un album de thrash plus que correct car bien ficelé et efficace. Evidemment on aurait aimé plus de titres thrash avec un grand « t » ainsi que des riffs moins convenus mais après un The Dead Eye horripilant, on ne fera pas la fine bouche. Une petite lueur d'espoir qui arrive à panser ceux tournant encore aux « Hate Song », « Bury Your Dead » et autres « Everlasting ». On attend la suite.

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