The Haunted - The Dead Eye

L’égalité « Stagnation = Mort » est une chose assez récurrente dans le monde musical (et même ailleurs). Le metal n’y échappe pas. Certains vous diront qu’une évolution n’est pas forcément la meilleure des choses à faire et cela en vous sortant une liste non exhaustive (que j’éviterai de vous faire subir) de groupes vétérans qui envoient toujours une sauce de qualité. Et ma foi ils n’ont franchement pas torts. Bien évidemment une évolution maîtrisée au compte goutte passe beaucoup mieux (ce qui est souvent le cas) qu’un changement trop radical. Malheureusement The Haunted ne fait pas partie de cette catégorie. La transition est brutale et ne se fera pas sans douleurs…

Deux années se sont écoulées après le très contre versé rEVOLVEr faisant office de pétard mouillé (grand retour de Peter Dolving) auprès des fans qui espéraient un nouvel album de la trempe de l’éponyme. Autant vous dire que ceux qui commençaient à douter de Peter (moi compris), vont certainement rejoindre le clan des dépressifs pleurant le départ de Marco Aro. Le quatrième album, rEVOLVEr (au titre prémonitoire), annonçait le changement par des titres comme « Abysmal » ou « Burnt To A Shell ». Attendez-vous donc à 90% de titres de la sorte pour The Dead Eye ! Pourtant ces fourbes de Suédois débutent leur bébé par deux titres (« The Flood » et « The Medication ») dans la mouvance thrash mélodique new-school du précédent opus. Pas forcément excellents mais çà passe vraiment tout seul et çà permet de se mettre dans le bain pour une suite qui en mettra pas mal sur le cul… A peine quelques écoutes de The Dead Eye que le schéma construit ici viendra de suite : un début très ballade rock/metal atmosphérique (avec parfois du chant clair pas toujours très juste) suivi d’une transition thrash gentillette et ainsi de suite (avec un petit break). Et inversement sur certains titres.

Des ballades ? Oui vous avez bien lu. Difficile de reconnaître le groupe qui a sorti trois ans plus tôt, un dénommé One Kill Wonder. La vache ! C’est le groupe solo de Peter (Mary Beats Jane) ou The Haunted ?! N’étant pas particulièrement adepte de ce rock/metal très typé US FM (du King Crimson qui disaient !) c’est avec un goût amer que je laisse les titres tournés pour avoir à faire aux passages thrashus. Le problème c’est que les deux frangins sont clairement en manque d’inspiration et nous livrent des riffs tout aussi fadasses et mollassons que les passages rock atmos… Inadmissible de la part de tels gabarits ! On croirait entendre un suiveur de cinquième zone (« The Shifter » et « The Stain » par exemple) … Enfin on parle des frères jumeaux sociopathes Björler (Jensen fait encore figuration) et la patte des gugus se veut toujours percevable, surtout quand elle est bonne. Ainsi quelques passages viennent se démarquer, je pense à « The Prosecution » (au refrain entêtant et au break majestueux), « The Fallout » (avec le riff à n’en plus quitter tes oreilles) ainsi que les quelques bons riffs (et rares soli) ou lignes de basse (très audible) qu’il faudra choper assez rapidement avec ses esgourdes.

Quel plaisir à s’efforcer de récupérer les miettes ? Aucun. Vous me donnez un album de The Haunted, je m’attends à du thrash varié, puissant, headbanguant et accrocheur. Pas cette sorte de Post-Thrash aucunement maîtrisé (presque une heure à supporter)… Il est fort probable que les frangins Björler aient envie de changer d’horizon (plus de 15 ans de metal) mais qu’ils le fassent dans une side-project et ne salissent pas l’image de The Haunted… Quant à Peter, il est tout aussi possible (certain même) qu’il ait pas mal influencé cette « chose » qu’est la musique du groupe : Marco revient ! Peut-être était-ce simplement une expérimentation ? Ou malheureusement un nouveau départ... Réponse au prochain album.

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