Aaaaaah The Acacia Strain… Aaaaaah
« 3750 »… Un album qui m'aura définitivement marqué en cette belle année 2004. Loin encore de toute l'effervescence « deathcore » qui nous asphyxierait presque aujourd'hui, The Acacia Strain emmenait sa petite barque mélangeant métal et hardcore d'une lourdeur éprouvante vers un horizon musical qui n'en était alors qu'à ses premiers balbutiements. Le deathcore on n'en parlait pas encore (ou alors seulement dans les milieux autorisés et avant-gardistes ; cherchez pas vous n'en faites pas partie, et moi non plus) mais avec cette bombe de
« 3750 » le groupe du Massachusetts allait mettre le feu à une ligne de poudre dont on ne voit toujours pas le bout aujourd'hui. J'en vois déjà certains ironiser : « Ah c'est à cause d'eux alors toute cette merde de deathcore ?! ». Il serait bien sûr totalement erroné de résumer les origines du deathcore à The Acacia Strain, quoi qu'il en soit ce
« 3750 » en est sans conteste l'une des pierres angulaires. Indétrônable et inégalable. C'est pour cette raison que la bande à Vincent Bennett sera toujours pour moi un groupe à part et ne saurait être trop facilement rattaché à la mouvance évoquée ci-dessus, ce qui se confirme à l'écoute de ce « Continent ».
Beaucoup de changements ont ébranlé le groupe depuis ce fameux deuxième opus. Des trois guitaristes originels il n'en reste à ce jour plus qu'un (Daniel Laskiewic), mais ne vous inquiétez pas le bonhomme a pris le soin de continuer à enregistrer trois pistes de guitare afin de garder ce mur de son qui vous applati la face en moins de temps qu'il n'en faut à un tsunami pour transformer un paradis terrestre en véritable enfer ; changement de bassiste aussi, Jack Strong remplace Seth Coleman. Mais tout cela a-t-il affecté en quoi que ce soit la musique du groupe ? Heureusement, pas vraiment.
Deux ans après un « The Dead Walk » plutôt bon mais qui pêchait par une prod bariolée au rimmel par trop aguicheuse et des guitares qui faisaient passer des basses pour des violons, The Acacia Strain nous revient donc sous la forme d'un quatuor cette fois pour un nouvel assaut sonore en bonne et due forme. Premier point remarquable : l'artwork. Aussi surprenant qu'intéressant, cette vision de chaos, de feu et de monstres, avec son côté enfantin, colle tout à fait aux paroles sombres et nihilistes qui semblent refléter à merveille la vision du monde selon l'évangile de Saint Vincent. Musicalement par contre l'auditeur averti (qui en vaut deux je le rappelle) ne sera certainement pas pris au dépourvu par cette nouvelle offrande. On retrouve en effet, comme sur les précédents opus, tout ce qui fait The Acacia Strain, à savoir : un savant mélange de riffs pachydermiques d'une lourdeur à faire trembler Maïté et toujours ces envolées thrash-hardcore absolument imparables qui vous scotchent au mur comme un pauvre moustique sur le pare-brise d'un 35 tonnes lancé à 150 km/h. La rectte n'a pas changé d'un iota. Vincent pour sa part beugle toujours son dégoût du monde et des gens dans son registre ni hardcore ni death mais qui n'a rien à envier à quiconque niveau intensité. Bref que ceux qui ont apprécié les précédents albums se rassurent, ce « Continent » possède tous les atouts pour les séduire.
J'imagine que certains doivent se demander pourquoi je m'évertue à distinguer The Acacia Strain de la scène deathcore. Bon évidemment il y a le fait que cette scène charrie avec elle bon nombre de clichés, de préjugés ou d'aspects qui peuvent en dissuader plus d'un à jeter une oreille sur un groupe portant l'étiquette « deathcore », c'est vrai. Mais il y a aussi tout simplement le fait que pour moi The Acacia Strain ne fait pas vraiment du deathcore ! Et ce pour une raison simple : il n'y a absolument rien de death dans la musique des ricains. Certes la voix de Bennett est rauque et puissante mais on ne peut aucunement parler de growl, de même qu'on ne trouvera aucune trace d'un quelconque pig-squeal ou autre extrémismes vocaux. Musicalement c'est la même chose : trouvez moi le moindre aspect death dans leur musique. Alors bien sûr on pourra toujours rétorquer que The Acacia Strain utilise des mosh parts à foison comme dans ladite scène. Là encore je ferai une disctinction importante car ici, contrairement à des Whitechapel, Carnifex ou autres Emmure (ces derniers seraient ceux qui s'en rapprocheraient le plus) le combo ne se contente pas d'intercaler une grosse mosh part entre deux blasts ou accélérations death (d'ailleurs vous ne trouverez aucun blast) mais cest toute la musique du groupe qui est base sur cette lourdeur, c'en est l'essence même. Ou alors certains titres seraient des grosse mosh parts de trois minutes. Des chansons comme « Balboa towers » ou « Kraken », non contente de vous écraser la tronche au sol, vous assomme à coups de pelle pour bien vous enfoncer la face dans la terre et ceci du début à la fin pour bien s'assurer que jamais vous ne la relevez. Je comprends qu'on puisse être tenté de faire le rapprochement, mais pour moi il n'a pas vraiment lieu d'être. Pour en terminer sur le plan musical des choses, un mot sur le son qui a cette fois été confié à Zeuss (
bah alors tête de con tu vois bien que c'est du deathcore !) qui paradoxalement réussi à faire sonner cet album de manière plus naturelle qu' Adam Dutkiewicz sur le précédent, comme quoi… Enfin bon le gros son est toujours au rendez-vous, pas d'inquiétude.
Avant d'en finir j'aimerais évoquer un aspect souvent occulté dans les chroniques (et par moi le premier) : l'ordre des titres. A l'instar de son prédécesseur « The Dead Walk » ce « Continent » semble avoir été pensé en deux parties, en effet tous les titres possédant ces riffs thrash-hardcore destructeurs se retrouvent dans la première moitié de l'opus, alors que la dernière partie ne contient que les titres les plus lourds. Une telle chose ne peut qu'émaner d'une volonté sciemment réfléchie du groupe, comme pour rendre encore plus éprouvante voire étouffante l'écoute de cet album. Seul l'excellente instrumentale « The behemoth » viendra mettre un terme à nos souffrances avec sa douce mélodie.
Vous l'aurez évidemment bien compris The Acacia Strain est un groupe que j'aime tout particulièrement. Alors deathcore ou pas, finalement on s'en branle un peu, je sais. La meilleure des choses à faire reste d'aller poser un pied sur ce « Continent » ou sur les précédents pour se faire une opinion sur la musique en elle-même car une étiquette reste une étiquette. Et The Acacia Strain reste The Acacia Strain.
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