As Eden Burns - The Great Celestial Delusion
Chronique
As Eden Burns The Great Celestial Delusion
Il est dans la vie des petits plaisirs qu'il faut savoir s'autoriser, des petites choses simples dont la jouissance peut s'avérer ô combien raffinée : la découverte d'un coin de paradis insoupçonné lors d'une ballade en forêt, un sourire fugace, les premières brises tièdes du printemps, une réunion de l'amicale partouzeuse locale, un lynchage en règle…
Quand la chronique du premier album de As Eden Burns fut proposée aux rédacteurs du webzine préféré des gens de goût, je crus y voir l'occasion de pouvoir céder à une petite séance d'hédonisme sans retenue : un jeune groupe américain au nom en trois mots, oeuvrant dans le death mélodique… l'occasion semblait trop belle, je décidais d'aller chercher quelques photos du groupe sur Internet ; et là, bingo : une bande d'adolescents typiques du pays de l'oncle Sam, aux visages de poupons, aux coupes de cheveux bien soignées, en bref une belle image bien calibrée… Je le tenais mon petit plaisir, j'allais pouvoir massacrer une bande de sales mécheux juste pour le fun et l'amour de la méchanceté gratuite ! Ni une ni deux, je m'arrogeais sans façon la rédaction de la présente chronique.
Quelques jours passent, je reçois le promo : dommage, pas de photos, pas de bio, juste le cd, très sobre. Bon, pas de petite crise de fou rire avant l'écoute, on va faire sans… J'avoue que je suis un peu déçu, je comptais quand même me marrer un minimum avant de passer aux choses sérieuses… Pas grave, j'insère le cd dans ma chaîne, l'intro du premier titre débute : tiens, pas de traces des gentils claviers auxquels je m'attendais, ça part de façon beaucoup plus sombre et violente que ce que j'escomptais, à la limite même du Black/Death à la suédoise, sur fond de tapis de grosse caisse bloquée en mode rafale. S'ensuit un premier couplet constitué d'un riff plus Thrash/Death venant soutenir un chant crié dans un esprit là encore très suédois, mais ponctué par une intervention de vocaux growlés du meilleur effet, et du retour de cette double véloce, le tout venant s'enchaîner avec sur une partie en blast-beat particulièrement efficace, avant de revenir au couplet ; surpris par un début d'album résolument plus brutal que je ne l'imaginais, je commençais à me demander si je n'allais pas devoir reconsidérer mon point de vue sur le groupe, quand vint ce que j'espérais : le riff Death mélodique typiquement goteborgien (l'ombre de la Suède, vous l'aurez compris, sera présente tout au long de l'album) qui vient annoncer le refrain… Un petit break de relance, et là je l'anticipe, je la sens venir à plein nez, la grande envolée en chant clair mielleux pour pucelle emo/metalcore et autre fiotte deathcore en slim : tous les éléments sont là, je m'imagine déjà sortir ma plume la plus acérée pour une chronique 100% barbelé et… Et bien non, en fait.
Arrive alors un refrain typé… oui, le petit pays d'Europe du nord, sombre rampant, aux effluves lointains de Black Metal… Presque déçu, je me rends à l'évidence, As Eden Burns est un groupe à prendre au sérieux. Ce morceau d'ouverture continue sur la même lancée, reposant sur une double omniprésente, mais vient malheureusement s'achever de manière quelque peu maladroite sur des soli sans grande originalité, amoindrissant l'impact de cette très bonne mise en bouche.
Les lignes directrices du reste de ce The Great Celestial Delusion sont d'ores et déjà exposées : l'influence musico-géographique, l'alternance chant hurlé et growlé, les nombreuses parties de guitare entraînantes et autres leads, parfois d'un niveau technique très appréciable (on pense par moments à Arsis), pour un Thrash/Death mélodique venant de temps à autres flirter avec le Black. Le résultat est somme toute fort classique, mais sans cette influence « core » qui vient si souvent à l'heure actuelle polluer ce style, et qui est ici remplacée par une certaine brutalité qui ne manquera pas de plaire aux amateurs d'un groupe comme The Forsaken, par exemple.
Cependant, au fur et à mesures des écoutes, on se rend compte que les morceaux peuvent être classés en deux catégories : les moins rapides, trop classiques, peinent à se détacher de leurs influences et semblent même parfois servir d'enrobage aux mélodies de guitare servies par des instrumentistes plutôt inspirés, et ceux, plus agressifs et techniques, qui se révèlent être le domaine dans lequel le groupe parvient le mieux à capter l'attention de l'auditeur. Et ce manque de cohésion, loin d'apporter de la variété à l'album, ne fait malheureusement que mettre en relief ces baisses de régime.
Avec un peu de recul, ce The Great Celestial Delusion pèche en fait de la même façon que légions d'autres premiers albums venant de jeunes groupes de Death mélodique : malgré de très bons passages, il reste délicat de s'enthousiasmer pour un album qui n'apporte rien de bien nouveau dans un genre particulièrement engorgé. Mais cet aspect mis de coté, il subsiste toutefois un album plus brutal que la moyenne du genre, qui plaira à coup sûr aux amateurs de la scène de Goteborg et de ses dérivés, et qui a malgré tout réussi l'exploit de me réconcilier en partie avec un style dont j'ai pourtant fait une overdose il y a déjà bien des années.
As Eden Burns est un groupe prometteur, qui devrait rapidement se détacher de la masse s'il joue les bonnes cartes à l'avenir, et auquel il convient de donner sa chance.
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