« Fuck yeah! », c'est la réaction spontanée qui ponctua ma première écoute de « XIII », III
e album aux ambitions et au potentiel XXL des XcIIlents poitevins de Trepalium. Oui bon, ok, c'est vrai, on fait plus élaboré comme première impression à chaud. Sauf que c'est la marque des grands albums que de couper ainsi les pattes à toute tentative de froide analyse et de s'adresser directement aux centres du plaisir de l'auditeur (
non, pas ceux là voyons!) plutôt qu'à son intellect. Et pour le coup, dès notre première rencontre, « XIII » m'aura collé un méchant uppercut au foie, laissant pour une fois le chroniqueur sans voix. Enchaînant sans relâche les directs au visage (
« Daddy's happy », « Addicted To Oblivion », « Inner Hell », « Usual Crap ») et de vicieux crochets à la tempe (
« Blink of Time », « Unexpectable Lies », « World Plague »), le groupe nous laisse en bout de course hagards, incapables d'une pensée cohérente ni même de sommer nos pieds de cesser de battre la cadence, béats de contentement, les émetteurs d'endorphine sollicités jusqu'à l'épuisement.
« Fuck yeah! » donc, parce que le successeur de
« Alchemik Clockwork Of Disorder » avait du pain sur la planche (
et c'était une putain de big miche de campagne, avec les croissants et une floppée de chaussons au pomme autour!) pour espérer être à la hauteur de son grand frère ... Et pourtant le défi est bel et bien relevé, et avec ô combien de brio. Mais avant de vous faire faire le tour du propriétaire, donnons aux retardataires les quelques indications qui leur permettront de s'orienter dans cette chronique qui risquerait fort de s'emballer si je lâchais trop tôt la bride à l'enthousiasme immodéré qui m'habite (
… et mon couteau, bravo, y en a qui suivent). Trepalium évolue - pour faire simple - dans la sphère Modern Death, celle qui se pique tout autant de saccades de bûcherons, que de circonvolutions vicieuses et d'un groove omniprésent - voilà c'est ça, vous avez compris: dans cette toute récente cour de récréation dont
Decapitated,
Meshuggah et
Gojira contrôlent chacun un pan du trafic de billes et de carambars. S'il a grandi dans cet univers et qu'il ne renie pas ses origines, Trepalium suit maintenant sa propre voie et a définitivement su imposer sa marque de fabrique maison. Celle-ci se caractérise par une sympathique nonchalance groovy, une cohabitation sereine entre puissance dévastatrice et rock'n'roll « snap your fingers », des sorties de routes rythmiques et riffesques vicieuses ainsi que par une ambiance diffuse mais chaleureuse de fiesta entre potes. Et puis bien sûr du groove, du groove et encore du groove, omniprésent, omnipotent et omniscient, amené avec une maîtrise et dans des proportions qui permettent de faire passer n'importe quel passage tiré par les cheveux pour un plan hyper funky, et qui transformerait n'importe quel poly-arthritique en mercenaire du dance floor.
« Fuck yeah! » pour saluer la projection réussie de l'équation Trepalium sur ce nouvel opus, où elle trouve une résolution aussi élégante qu'évidente, le groupe réussissant à donner à ses fans exactement ce que ceux-ci attendaient, tout en réussissant à les prendre par surprise par l'excellence et la richesse des nouveaux titres. De la fine dentelle technique, du groove grassement juteux, des atmosphères rampantes et flippantes: l'offre du nuancier Trepalium est plus bigarrée et alléchante que jamais, le gros plus étant, cette fois encore, la présence de tubes démentiels. J'ai déjà, par la passé, essayé de vous convaincre de l'incroyable accroche de certains titres en vous apprenant que ceux-ci avaient trouvé leur place sur la très sélective et très élitiste compilation « Yellow rabbit's best fucking metal titles ever » … Remember ? Eh bien « XIII » va réussir l'exploit rarement égalé (
si ce n'est par le « Decrowning » de Amoral et le «Circle of Demons » de At All Cost) d'y placer au moins trois de ses titres. En effet, avec « Addicted To Oblivion », « Inner Hell » et « Usual Crap », le groupe enrichit le monde du metal de nouvelles hymnes imparables d'un death metal à la fois hyper puissant et complètement décontracté, doté d'un groove, d'une pêche et d'une violente bonne humeur (
si si, dans le plus pur style « joyeuse distribution de baffes monumentales à la Obelix ») qui donnent envie de claquer des doigts, de craquer des cervicales et de claquer le beignet à tous ces branquignoles qui nous minent la vie au quotidien. Mais élargissons vite le scope de la standing ovation à « Daddy's happy », « Blink of Time » ou le très sombre « And now » qui ne ratent le podium qu'à un subjectif poil de cul près.
« Fuck yeah! » beuglais-je donc à l'écoute de l'incroyable prestation de KK qui anime ce cirque de fer, de feu et de folie furieuse tel le plus convainquant et forcené des M
r Loyal. « Fuck yeah ! » pour cette basse ronde, bondissante et percutante, véritable ressort de trampoline qui tour à tour, amplifie, amortit et relance la dynamique des morceaux. « Fuck yeah ! » pour les grattes aiguisées de Harun et Nicolas qui jouent aussi bien du scalpel que de la hache, fermant le clapet de ceux qui pensent que le modern death est forcément synonyme de guitaristes à moufles (
écoutez donc le superbe riff principal de « Blink of Time ») et réussissant à faire jaillir des trames mélodiques addictives des cassures et détours les plus improbables. « Fuck yeah ! » pour avoir accouché de morceaux tellement puissamment cools que vos potes de la té-ci pourraient sans mal venir caler leur phrasé hip-hop sur ces rythmiques chaloupées (
cf. « Usual Crap » ).
« Fuck! » tout court quand même, car il faut savoir lucidité garder, et reconnaître qu'au milieu de cette tornade de plaisir, le groupe se prend un peu les pieds dans les méandres tarabiscotés d'un « Glowing Cloud » ou d'un « Fant easy Reality » aussi peu fluides que mélodiques, et qui contrastent forcément avec la chaleureuse accroche du reste de l'album, laissant par la même l'auditeur enthousiaste quelque peu dubitatif. Heureusement que le bonus track permet de ne pas quitter « XIII » sur une dernière impression par trop mitigée.
« Fuck yeah! » enfin, car ça faisait longtemps qu'un album ne m'avait pas botté aussi fort le popotin dès la première écoute, sans perdre pour autant en intensité – bien au contraire – sur la durée. Si l'on somme la qualité intrinsèque de « XIII », le gain de visibilité acquis en passant de Holy Records à Season Of Mist et la première partie de la tournée française de
Gojira, nul doute qu'il va être de plus en plus inapproprié d'utiliser l'appellation « petit groupe français bien sympa » pour parler des Trep's … En tout cas croyez-moi: faites une fleur à votre cdthèque en lui offrant cet album. Ce monstre saura se trouver une place de choix entre vos galettes préférées, et à une échelle tout autre, ira jouer mieux que personne (
non je n'ai pas parlé de FMTS …) les ambassadeurs français auprès de la communauté metallique internationale.
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