Antigama - Warning
Chronique
Antigama Warning
ANTIGAMA is the unruly and unrestricted projection of a noncomformistic attitude towards the avantgarde grindcore noise. Antigama is controlled chaos.
Soit pour les non anglicistes, les nouvelles aventures d'ANTIGAMA, stakhanovistes du split-CD, sur les terres d'un grind progressif qui ne s'interdit rien ou presque, à l'image de sa collaboration avec le groupe d'electro/indus italien THE SEED (pour un remix du titre “Fala”, extrait de l'album “Intellect Made Us Blind”, 2002). Etiqueté extrême à juste titre vu la violence des compositions du tandem fondateur Sebastian Rokicki (guitares)/Krzysztof Bentkowski (batterie), le combo polonais joue volontiers la carte du décalage et de la destructuration pour mieux prendre l'auditeur à revers. Pour caricaturer, disons qu'ANTIGAMA délaisse le en avant marche! initié par NAPALM DEATH pour un en avant garde ! prétexte aux plus diverses expérimentations, à l'image de frères de jeu comme FUCK THE FACTS ou TANGAROA. Alors quoi ? “Warning”, encore un album qui se mérite, réservé aux courageux et destiné à faire fuir les puristes du genre ?
Qu'on se rassure, malgré les véléités progressistes de ses géniteurs, le successeur de “Resonance” reste majoritairement d'obédiance grind. Avec un batteur aussi véloce sur les parties blastées et un guitariste qui recycle intelligemment les meilleurs riffs des piliers du genre, ANTIGAMA a quelques solides arguments à faire valoir. Dans ses meilleurs moments, les plus full frontal du lot, “Warning” tient tout autant des hystériques BRUTAL TRUTH que des maîtres de l'orge (enfin, surtout de l'avoine) de NAPALM DEATH. C'est particulièrement évident sur les rythmiques de titres comme “War” ou “Preachers Prey”, qui n'auraient pas dépareillés sur les “The Code Is Red” ou “Smear Campaign” des anglais. Outre des riffs d'acier livrés à la découpe, on trouve sur ce disque un chanteur brut de chez décoffrage, probablement échappé d'une séance de thérapie de groupe après avoir dévoré ses compagnons d'infortune. Une voix abrasive vaguement teintée hardcore, relayée de temps à autre par des vociférations façon Mitch Harris, quoique nettement moins en avant dans le mix que chez Barney & co. La filiation avec la mort au napalm ne s'arrête pas là puisqu'on retrouve également sur “Nightmare” ce même sens du placement d'une basse vrombissante, entre deux éruptions noisy/indus plutôt convaincantes.
Reste les défauts, et ils sont nombreux. A commencer par cet insupportable bruit de casserole au niveau des toms, très irritant malgré la durée relativement courte du disque (35 minutes). Combiné à des boucles rythmiques incessantes qui font se demander si le promo 99 pistes de Relapse n'aurait pas fait tilter la platine, ce choix de production (“Warning” a été enregistré sous la houlette de Szymon Czech – UNSUN, THIRD DEGREE - au Progresja Sound Studio) renforce le caractère monolithique d'un album pourtant parsemé d'interventions singulières. Passons sur l'essaim de mouches bourdonnant au dessus d'on ne sait quel cadavre au début de “Disconnected”, à ce niveau là, deux titres retiennent particulièrement l'attention : “Sequenzia Dellamorte” tout d'abord, une courte plage atmosphérique (hommage au film de Michelle Soavi, “Dellamorte Dellamore” ?) et surtout “Paganini Meets Barbaplex”, interlude free jazz d'un piano sans queue ni tête d'autant plus saugrenu qu'à aucun moment ANTIGAMA ne tente le rapprochement entre deux univers pas forcément incompatibles (COPROFAGO en est la meilleure preuve). Le morceau le plus bigarré n'est d'ailleurs pas le plus brillant, “Lost Skulls” - qui brasse joyeusement riffs sludge, dissonances en tout genres et même un solo ! - étant plombé par des tics de batterie ô combien décalés mais qui, passé l'effet de surprise, s'avèrent totalement ridicules. “Warning” se paye donc de temps à autre une aimable tranche de bizarrerie entre deux montées d'adrénaline grind mais, en les isolant de la sorte, foire complètement sa greffe d'excroissances musicales, aussi intéressantes soient-elles. Prenez “Black Planet”, incursion en terres B.O.F. évoquant les nappes de clavier inquiétantes de John Carpenter et le score de “Heat” signé Elliott Goldenthal ; un bon moment mais là encore rejeté en fin de programme, quand tout a été dit et que le titre en question prend alors l'allure regrettable d'un simple ghost track. Un beau gâchis, d'autant que c'est d'assez loin la plus belle trouvaille de ce “Warning” on ne peut plus inégal.
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