S'il fallait résumer les polonais d'Antigama en un seul mot, je choisirai sans hésiter "Hyperactifs". Existant depuis 2000, la horde a sorti une tripotée de split-albums (pas moins de quatre sur l'année 2007), complétant leurs full-lengths : ce "Meteor" est leur sixième méfait. Une discographie qui comporte quelques pépites (l'album "Resonance"), des disques corrects
("Warning") et des sorties à oublier ("Discomfort", leur premier opus). Reste à voir à quelle catégorie s'apparente cette dernière sortie.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Antigama, leur style s'apparente plus ou moins à du Nasum en pleine crise d'épilepsie causée par une intraveineuse de Meshuggah. Une version plus accessible de Psyopus. Rien que ça. Plus sérieusement, les polonais sont adeptes des cassures de rythme, des éléments sonores électroniques disséminés un peu partout, du "Stop'n'Go" (comme les furieux de Jesus Cröst) qui brise des nuques, bref, du bon Grindcore des familles, coupé à une dose discrète mais efficace d'expérimentations.
"Meteor" est bien loti, puisqu'enregistré aux Progresja Studios (responsables du son des Masachist ou Lost Soul, et de façon générale des groupes de l'écurie Witching Hour) et masterisé par le grand Scott Hull, officiant chez ANB et Pig Destroyer. On pouvait compter sur ce dernier pour nous offrir un son aux petits oignons, et surtout remédier à cet insupportable son de batterie présent sur
"Warning". De ce côté-ci, le pari est remporté haut la main : "Meteor" possède un son très compact, la batterie retrouve du mordant, la basse gronde furieusement, et les quelques incursions de samples et de bidouillages électroniques sont judicieusement mixés à l'ensemble. Et, en guise de bonus, le pressage LP est superbe. Alors, qu'en est-il musicalement ?
Côté expérimentations, justement, "Meteor" se fait plus accessible, moins foutraque que son prédécesseur. Les roto-toms irritants de
"Warning" ont presque totalement disparus (ils reviennent de façon très diffuse le temps d'un titre), Antigama semblant miser plus sur l'efficacité que sur la recherche de la migraine chez l'auditeur. Et tant mieux. "Turbulence", par exemple, est une sorte d'interlude bruitiste, où une ligne de guitare saturée à l'extrême s'accouple à une ligne de batterie purement Drum'n'Bass sur quelques samples vaguement cosmiques. Une bonne idée (mis à part le clavier piqué chez Jean-Luc Ponty en fin de titre) qui ne trouve pas réellement d'écho dans le reste du disque - même pas sur le très agaçant "Stargate", où blasts et riffs assassins démarrent, s'arrêtent, puis recommencent de façon très saccadée, toujours sur la même note, sans aucune variation, sur un sample féminin brouillé par des vieux effets kitschs pondus par un Bontempi. Le très bon "Fed by the Feeling" et son espèce de Polka qui coupe une rythmique plombée est un bon exemple de l'une des tares que se traîne Antigama depuis ses débuts : l'effet de surprise qui ne dure pas. "Meteor" n'échappe pas à la règle, car c'est un disque qui perd de son intérêt au fil des écoutes.
Hormis les quelques sourires que peut esquisser l'auditeur les premiers temps, surpris par certaines tournures rythmiques où certains samples particulièrement idiots, il ne reste pas grand chose qui puisse différencier Antigama d'un autre groupe de Grindcore. Le genre n'est certes pas connu pour sa diversité, mais pour un groupe comme Antigama qui veut ressortir du lot, c'est plutôt cocasse. "Meteor" est un peu le cas d'école du "Tout où rien" : Il expérimente très peu quand ses prédécesseurs prenaient beaucoup plus de libertés d'avec les canons du genre.
Ne crachons pas dans la soupe non plus, lorsqu'il s'agit de faire parler la poudre, les polaks savent manier la gâchette : "The Key", "Crystal Tune" sont des rouleaux-compresseurs en puissance. Pour autant, certains titres sont interminables ("Untruth" en tête de file, mais aussi l'ouverture de "Meteor" qui s'éternise et "Stargate" dont nous avons déjà parlé), un comble pour le genre : un mal pour un bien puisque le disque reste relativement court. Pour résumer, la qualité sonore et toute la bonne volonté du monde ne suffisent pas à créer un bon disque. En limitant un peu plus les expérimentations (et en se cassant la gueule sur la plupart), Antigama bride ce qui lui donnait tout son intérêt. "Meteor" n'est pas un mauvais disque, loin de là. Il ne fait simplement pas le poids face aux monstres du genre qu'on a pu voir sortir cette année (Blockheads en tête). "Meteor" est l'exemple-type de la galette qu'on écoutera trois fois et retournera prendre la poussière dans une étagère.
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