Survivant d'un style décimé à la fin des années 90, Necrophobic aura marqué son temps par son premier album
The Nocturnal Silence, à classer parmi les chefs d'œuvres de cette glorieuse époque. Subissant le départ de leur mentor David Parland (parti formé Dark Funeral) et des déboires de labels, le reste de la discographie des Suédois sera nettement moins étincelante malgré un
The Third Antichrist imparable, plaçant la bande dans la catégorie seconde zone. Oublié par le commun des mortels, Necrophobic rappellera son existence grâce à son
Hrimthursum, sans surprise certes, mais offrant tout de même un black/death de qualité dans ce néant du genre. Trois ans plus tard, jour pour jour, le groupe revient armé de son sixième opus
Death To All et d'un nouveau bassiste (Tobias délaissant son long manche) pour confirmer son grand retour.
Ceux ayant écouté leur précédent album
Hrimthursum ne seront pas dépaysés, Necrophobic reprend ce qu'il avait laissé en 2006 et va cette fois proposer une musique beaucoup plus directe. Le son premièrement, puissant et clair. Le groupe ne pouvait demander mieux pour dévoiler ses riffs incisifs, ses leads transperçants, le chant possédé de Tobias ou la rythmique énervée. Rythmique malheureusement toujours aussi molle par rapport à la concurrence (les nouveaux prodiges de Tribulation ou Naglfar par exemple). Les Suédois vont droit au but et sans temps mort, les guitaristes lancent l'armada de riffs pour secouer sa permanente à la manière d'un
The Third Antichrist. Même si
Death To All paraît moins fouillé que son aîné, le groupe va contrebalancer ce poids par une musique nettement plus accrocheuse (et ça dès la première écoute). Pas vraiment d'ailleurs de titres phares, la galette paraît comme un bloc homogène. Dès lors qu'on sentira une once de subtilité, elle sera de suite coupée par une accélération ou une vague de riffs (« Wings Of Death »). Le titre éponyme par exemple (argh ce final) cache une face que l'on aimerait entendre d'avantage de la part de la bande sataniste.
Malgré une exécution hors paire, Necrophobic a déjà 20 années derrière lui ainsi que cinq albums (dont un culte) dans son CV, impossible de ne pas faire la fine bouche devant cette nouvelle œuvre. Les Suédois semblent se contenter de leur recette lancée depuis
Bloodhymns et ne rien apporter de nouveau et de poignant. Peut-être que les non-adeptes sauront écouter ce
Death To All en boucle, pour ma part c'est une redite encore plus ennuyeuse et fade qu'à l'accoutumé. « Fade » est un adjectif récurrent d'ailleurs dans leur discographie et très handicapant dans un style (leurs racines black en l'occurrence), où l'ambiance doit naturellement attaquer vos tripes. Ici on se contente de paroles encore plus dérisoires (« For Those Who Stayed Satanic ») entourées de membres toujours autant hautains (voir les divers interviews des protagonistes). Choses qui n'aident en aucun cas le groupe.
Necrophobic maîtrise son sujet, c'est indéniable. L'écoute de
Death To All est plutôt agréable mais une fois terminée, l'album devrait être rangé au fond du tiroir car bien trop prévisible et sans saveur. Nul doute que si un groupe émergeant avait sorti un album de la sorte, la note aurait été beaucoup plus généreuse mais au vu de l'expérience de ces vétérans, on était en droit d'attendre mieux. Patientez plutôt quelques jours pour vous délecter de leurs camarades d'Unanimated (au statut culte), le résultat semble nettement meilleur.
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