OBITUARY ayant déjà nommé un de ses albums « Back From The Dead » (une purge, soit dit en passant), PESTILENCE effectue donc son retour sous le signe d'une « Resurrection Macabre » dont on peut se demander, de prime abord, quelle forme elle va bien revêtir. A quoi s'attendre ici ? Au retour aux sources des premières amours death thrash de
« Malleus Maleficarum » et
« Consuming Impulse » ou au death hybride et jazzy du controversé
« Spheres », à l'origine du split du groupe au milieu des années 90 ? Plutôt improbable à première vue mais avec cette tête de mule de Mameli, on n'est pas à une surprise près. Personnellement, je voyais bien PESTILENCE revenir sur le devant de la scène avec une version réactualisée de
« Testimony Of The Ancients », l'album qui conciliait le mieux d'obscurs relents death originels avec des effluves plus mélodiques et lumineuses, d'autant que le bassiste Tony Choy (ATHEIST, CYNIC) est de nouveau de la partie. Hélas pour moi, le résultat s'en éloigne sensiblement et si l'album n'est pas exempt de qualités, les failles, bien plus nombreuses, relèguent ce cinquième full length au troisième sous sol de la pochette, entre le cercueil des espoirs déchus et la fosse commune réservée aux vieilles gloires sur le retour.
Mais commençons par les motifs de satisfaction, car il y en a tout de même quelques uns, à commencer par un line-up solide articulé autour de Patrick Mameli (guitare, chant), dont la prestation vocale bien grassouillette ne plaide vraiment pas en faveur d'un retour aux affaires de l'ancien comparse Martin Van Drunen. Etant donné l'optique du tout brutal choisie par le groupe, la prestation bien velue du sieur Patrick ne souffre ici aucune contestation, quand bien même son insistance à marteler chaque intitulé de morceau lors du refrain vire à l'acharnement thérapeuthique (« Horror Detox », Synthetic Grotesque », « Hate Suicide »). Qui dit plus brutal dit forcément remise à niveau technique, quinze années étant passées depuis la sortie d'un
« Spheres » frappé du sceau de l'expérimentation et d'un franc ralentissement du tempo. Pour ne pas sonner trop rétrograde, PESTILENCE accueille donc Peter Wildoer (DARKANE) en son sein, lequel agrémente les nouvelles compositions de blast-beats bien sentis, faisant d'ores et déjà de « Resurrection Macabre » l'album le plus violent du groupe à ce jour. De retour dans le giron du death metal qui tache, le trio Mameli/Choy/Wildoer n'en oublie pas pour autant le passif thrash de PESTILENCE en s'adonnant à de bonnes cavalcades à l'ancienne sur « Horror Detox » (le meilleur titre, et de loin), « Hate Suicide » ou encore « Synthetic Grotesque ». Le démarrage de l'album, prometteur, livre une salve de titres très satisfaisants, de l'oppressante « Fiend » au coupe-jarrets « Devouring Frenzy », tirant profit de l'alternance de rythmiques syncopées et de parties blastées. La plus jouissive du lot ? Certainement la régressive « Horror Detox » et ses vomissements imparables (I want to beeeeeee deeeaaaaaaaaaaaaaad !!!), dotée d'un riffing ultra efficace et d'un court solo strato-sphérique bien décalé, typique de la Mameli's touch. Enfin, pour la première fois de son histoire, PESTILENCE bénéficie d'une production digne de son standing signée Patrick Mameli/Jacob Hansen. Gros son, gros riffs et approche frontale, jusqu'ici, vous me direz, tout va pour le mieux.
Sauf que « Resurrection Macabre », s'il fait illusion le temps de quelques écoutes succintes (et principalement grâce aux quatre premiers titres, les plus solides du lot), a une durée de vie aussi faible qu'un supporter parisien lâché en plein cours Julien. La faute à une deuxième partie de programme vraiment insipide, Mameli faisant tourner en boucle une poignée de riffs répétitifs et sans relief sur lesquels viennent invariablement se greffer les blasts de Peter Wildoer et, avec une constance qui frôle le systématisme, le petit solo de fortune censé amener la pointe de groove nécessaire au bon fonctionnement de la machine. Car avec trois pauvres riffs par morceaux et un processus de composition copier/coller, « Resurrection Macabre » fleure bon l'album sans âme exécuté par de talentueux mercenaires, froidement délivré par ordinateurs interposés. Plus grave encore, l'ambiance qui constituait le point fort de « Testimony » et
« Spheres » est à ce point inexistante qu'on se prend à regretter les interludes des dits albums, pourtant loin d'être tous indispensables. Si la volonté de Mameli de revenir d'entre les morts avec un matériau plus brut reste louable, on est quand même en droit d'attendre de PESTILENCE des titres bien plus ambitieux, voire alambiqués, que ces onze rejetons death bas du front pour la plupart franchement décevants sur la forme, mon plus gros regret restant l'abandon des duels de lead guitars qui faisaient tout le charme de
« Consuming Impulse » et « Testimony », en partie imputable au retour trop tardif de Patrick Uterwijk dans le groupe (un motif d'espoir pour la suite!). Ajoutez à cela l'ombre parfois gênante de C-187, son précédent projet (ça fonctionne pas mal sur « Fiend », beaucoup moins sur « Y2H ») et une section leads aux abonnés absents (interventions trop rares, manque cruel de feeling), voilà qui pèse lourd dans la balance à l'heure des délibérations. Pour alléger la sentence, les bataves ont eu la lucidité d'offrir à leurs vieux fans une réjouissante relecture des classiques « Chemo Therapy », « Lost Souls » et surtout « Out Of The Body », une alternative de choix à l'excellente reprise des danois d'ILLDISPOSED (sur « Retro », 2000). Une bonne cure de jouvence qui permet à Patrick Mameli de renouer avec ce registre criard façon John Tardy que l'on apprécie tant, mais qui met cruellement en lumière les carences du PESTILENCE actuel, toujours en rodage. Car avec seulement quatre bon titres, heureusement agrémentés de trois excellentes reprises pour l'édition limitée, il y avait juste assez de materiel pour sortir un E.P. de bonne facture.
7 COMMENTAIRE(S)
20/08/2010 22:51
bien sur c'est different des deux périodes du groupe mais j'aime bien aussi le Pestilence version année 2000
09/06/2009 13:10
Le truc c'est que contrairement à pas mal d'entre vous, j'ai bien aimé les reprises. Dans le cas contraire, j'aurais sans doute mis la même note que toi, voire 4 max. Mais on est tous d'accord, cet album est vraiment très décevant.
09/06/2009 13:01
08/06/2009 23:07
Vivement que le nouveau Atheist sorte parce qu'entre C-187 et Pestilence, il fait pas vraiment les bons choix le Tony Choy.
08/06/2009 22:34
Dommage, les 1ers titres font bien illusion pourtant.
Un retour par la petite porte en somme. Je pensais l'acheter mais je vais privilégier d'autres trucs avant.
08/06/2009 22:22
08/06/2009 15:02
Hérétique!! l'est excellent BFTD!! Je lui mettrai un bon 8.5/10!
Sinon Pestilence?... mouais jamais été ultra fan.