« Non … C'est pas vrai!? Pour le tout premier cd de Demigod chroniqué sur Thrasho, ils nous ressortent ce canard boiteux!? Pourtant c'est pas compliqué: Demigod c'est « Slumber of Sullen Eyes », pierre angulaire de l'édifice death metal old school finlandais sorti en 1992 par des musiciens de 16 ans… Voilà ce qu'il aurait fallu chroniquer: du gros death craspouille et lourdingue qui fleure bon la crasse suintante d'un cachot bas de plafond. A la limite j'aurais compris une chronique de « Let Chaos Prevail », leur petit dernier, mais à quoi ça rime de chroniquer « Shadows Mechanics », album bancal et décrié s'il en est? C'est de la provoc', c'est ça? »
Les plus perspicaces d'entre vous auront repéré en ce début de chronique l'usage du procédé éprouvé dit du « Je te coupe l'herbe sous les pattes avant même que tu ne commences à saccager mon lopin de terre avec tes ruades de bourrin »… Un peu facile certes, mais efficace. Bon, répondons maintenant à cette invective préambulatoire - puisqu'elle est quand même là tout exprès afin que je puisse en profiter pour me défendre par anticipation: en effet, « Shadows Mechanics » est le rejeton mal aimé de Demigod. En effet, Demigod c'est avant tout
« Slumber of Sullen Eyes », album porté au pinacle par une poignée de fétichistes bien renseignés. Mais il se trouve que c'est cette galette que les soldes dernières m'ont amené à portée de bourse (
vous remarquerez ici la marque du singulier, qui renvoie bien au conteneur de menue monnaie et non à la poche à fertilisant), et que j'ai profité de l'occasion (
pour le coup l'expression est appropriée) pour varier lalimentation de mon armoire à CDs. De plus j'avoue ne pas connaitre le reste de la discographie du groupe. Autant pour mon image de vieux vétéran du metal (
quoique j'ai abandonné depuis longtemps tout espoir de développer un semblant de respectabilité métallique) … En même temps cela me permettra d'écrire une chronique objective qui n'aura pas mariné dans le jus saumâtre de la déception du vieux fan trahi.
« OK: « Shadows Mechanics » a déçu les fans de death finlandais old school … C'est donc un album de grunge pour porteurs de chemise de bucheron, c'est ça? Ou bien un coulée sirupeuse de metal gothique gavé d'œstrogènes?»
Non, en fait on reste quand même principalement dans un bon gros bouillon death metal. Mais pas que. En fait l'album donne un peu l'impression d'un fourre-tout bordélique assemblé au petit bonheur par un groupe qui se cherche. Comment expliquer autrement la succession sur une même galette d'un titre mélangeant feeling death/black à la
Dissection et death old school mélodique (
« Where The Shadows Clash »), puis d'un pur morceau de metal gothique à la
Crematory (
« Trial Of Guilt »), lui-même laissant place à l'intro férocement américano-polonaise de « Gates Of Lamentation »?
Et au niveau qualité aussi l'album fait le grand écart: pour un « Crimson Tears » – complainte gothico-doomy pesante qui, indépendamment du contexte, fonctionne étonnamment bien, un peu comme les moments les plus sombres et désespérés du
« Shadow's dance » de
Godgory – ou un « Burning » – petite pépite de death mélodique enlevé, dynamique et fonceur –, on se tape pas mal de death plat-plat / plan-plan (
sur « In the Mirrors » par exemple), ainsi que des louchées bien trop abondantes de tempos mous du genou rythmant de longs et mornes morceaux assez peu convainquants (
le sous-Godgory de « Lost Within », le trip mélancolique mou de « Silent With Earth », le mauvais Loudblast-like « Drifting »). Et puis c'est quoi cette manie de coller des intros acoustiques à plus d'un tiers des morceaux, hein? Par contre je ne critiquerai pas le chant clair qui, s'il n'est pas systématiquement le bienvenu, s'intègre plutôt bien aux morceaux pour qui n'aborde pas l'album avec la nostalgie du passé.
En fait ce « Shadows Mechanics » c'est un peu la foirefouille du metal mélodique scandinave. Demigod nous y offre à la fois le chaud et le froid, le violent et le mélancolique, le dynamique et le mou, le growl et le chant clair, le bof-bof et de bons petits passages qui déboitent. Les amateurs de death (
franchement) mélodique qui frémissent aux noms de
Amorphis,
Godgory, voire
Edge of Sanity ou
Crematory (
je fais ici référence aux débuts de tous ces groupes) pourront ici trouver de quoi se faire plaisir. Par contre ceux qui ne jurent que par les gros lattages bien violents et vomissent les baisses de régime et les pauses langoureuses pourront passer leur chemin. Si l'on rajoute là-dessus la susmentionnée couche de haute trahison / changement (
ou manque …) de direction stylistique qui fit grincer moult dents en son temps, je peux comprendre que les notes attribuées à cet album soient parfois assez proches de la cime des pâquerettes. Un album à se procurer pendant les soldes quoi …
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