Cemetery Rot - Euphoric Consumption Of Human Flesh
Chronique
Cemetery Rot Euphoric Consumption Of Human Flesh (EP)
Début août, en pleine frénésie Olympique, sortait sur CDN Records Euphoric Consumption Of Human Flesh, premier EP des Américains de Cemetery Rot. Étant à ce moment-là en train de me la couler douce à quelques milliers de kilomètres de Paris, je n’ai évidemment pas pu vous en parler tout de suite. Aussi vous ne m’en voudrez pas si, comme souvent, j’accuse quelques semaines de retard sur le sujet...
Originaire de Bakersfield, Californie, le groupe entame sa carrière en 2022 sous la forme d’un trio. S’il a vraisemblablement été rejoint depuis par un quatrième larron en la personne de Jorden Lyons (guitare), c’est bien tel quel qu’on été enregistrés les cinq titres de ce premier EP. Un fait que semble pourtant vouloir contredire cette chouette illustration plein de petits détails assez rigolos comme ce rat sur l’épaule, ce collier de viscère ou ces quelques asticots grouillants sortis de l’avant-bras de l’un de nos quatre lascars du jour. Un cadre en forme de cercueils et quelques petits à-côtés ragoûtants que l’on doit à monsieur Adam Michael Nevler aka Gruesome Graphx (Acid Witch, Cardiac Arrest, Coagulate, Molder, Mortuous et j’en passe...) en collaboration avec un certain Raúl Sahagún qui le concernant signe ce sympathique logo à l’esprit résolument amateur et D.I.Y..
Afin de soigner son entrée dans le petit monde du Death Metal, le jeune groupe californien a fait appel aux services de Michael Foster, chanteur et bassiste du groupe Necropsy Odor ayant déjà travaillé en tant que technicien et producteur (enregistrement, mixage et/ou mastering) avec des groupes tels que Corpus Offal, Impalement, Necrotic Infibulation, Regurgitated Entrails, Septic Fumes ou Submerged. Un garçon nous ayant habitué à des productions bien croustillantes et qui pour Cemetery Rot ne va évidemment pas déroger à ses habitudes.
Comme vous devez déjà vous en douter avec un tel patronyme et cette illustration sans équivoque, Cemetery Rot joue la carte d’une Death Metal rétrograde qui va se contenter de reprendre à son compte une formule et des gimmicks qui n’ont absolument rien de nouveau à offrir. Faut-il alors prendre de haut ces jeunes californiens et les regarder avec désintérêt sous prétexte que tout à déjà été fait ? Non, pas vraiment puisque Euphoric Consumption Of Human Flesh se révèle tout de même particulièrement savoureux grâce en grande partie à tout un tas de riffs faisandés pas bien compliqués mais néanmoins extrêmement sympathiques ainsi qu’à une approche dynamique qui loin d’impressionner par ses excès s’avère suffisamment entrainante pour donner envie de s’agiter, même sur son siège.
Servis par une production abrasive et dénuée d’artifice (notamment cette batterie au naturel dont la caisse claire claque juste comme il faut), les cinq titres de ce premier EP vont miser sur un mélange de rythmiques thrashisantes plus ou moins rapides ("Euphoric Consumption Of Human Flesh" à 0:05, "Seeing Through The Eyes Of The Holy God" à 0:08) et de coups de boutoirs un petit peu plus soutenus afin de corser le ton et d’apporter un soupçon de relief à l’ensemble ("Euphoric Consumption Of Human Flesh" à 1:42 au très frontal "It Came From The Sewers" en passant par "At The Bottom Of The Septic Tank" à 0:06 et 1:22, "Seeing Through The Eyes Of The Holy God" à 0:25 et 1:22). Là encore, rien de bien sorcier dans tout ces coups de tam-tam mais comme bien souvent, difficile de résister à ce genre d’accélérations surtout lorsqu’elles sont accompagnées de riffs aussi efficaces (celui très mélodique et entêtant de "Euphoric Consumption Of Human Flesh" ou bien ceux plus sombres et vicieux de "It Came From The Sewers", "At The Bottom Of The Septic Tank" et "Seeing Through The Eyes Of The Holy God" sans oublier ces quelques solos dispensés tout au long de ce petit quart d’heure particulièrement bien troussé).
S’il est effectivement mené bon train, ce premier EP de Cemetery Rot se distingue également par ses quelques ralentissements qui vont notamment être l’occasion pour les Californiens d’insuffler une bonne dose de groove à leurs compositions. Des instants chaloupés qui de "Euphoric Consumption Of Human Flesh" à 0:05, 1:14 et 2:29 à "It Came From The Sewers" à 0:32 en passant par "At The Bottom Of The Septic Tank" à 0:32 et 1:04, "Seeing Through The Eyes Of The Holy God" à 0:59 et 1:41 et les premières secondes de "Left To Rot On The Side Of A Hill" ne devraient a priori pas manquer de faire leur petit effet. Enfin, on trouve aussi quelques séquences plus lourdingues, notamment sur le titre "Left To Rot On The Side Of A Hill" qui vient donc clôturer ces présentations sur une note un petit peu moins épicée.
Bref, s’il n’y peut-être pas de quoi crier au génie, Euphoric Consumption Of Human Flesh s’impose néanmoins comme une chouette introduction à l’univers vérolé et putride de ces jeunes américains qui n’ont effectivement rien inventés mais qui semblent néanmoins plutôt bien partis grâce à un Death Metal à l’ancienne aussi peu subtil qu’efficace. Dans la lignée de récentes formations telles que Coffin Rot ou Molder, Cemetery Rot se contente d’une relecture hyper classique du genre qui a cependant pour elle une immédiateté et une efficacité à l’épreuve des "c’était mieux avant" et autres critiques vaines concernant l’originalité...
| AxGxB 16 Septembre 2024 - 397 lectures |
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