«
Ta-ayobo, qu'est-ce qu'y a sous ton drôl' d'pseudo?
Ta-ayobo, dans tes textes tu bouffes du Sarko
Ta-ayobo, ta musique elle envoie du groooooooos
Maiiiiis, moi-j'aime-çaaa, quand tu montres les dents et les poings comme Lofofora »
Je vous rassure tout de suite: le mauvais goût et Annie Cordy ne se manifesteront uniquement que dans cette chronique. Bien qu'ils fassent preuve d'ouverture d'esprit et qu'ils mixent pas mal d'ingrédients dans le bruyant shaker de leur « K-Barré Core », les limougeauds de Tayobo ont laissé les Tata Yoyo, Bézu et autres gloires de la variétoche francophone là où ça se range les lendemains de noces trop arrosées, histoire de ne pas réduire la teneur en alcool de leur cocktail métallique multi-vitaminé.
Tayobo (
damned, c'est quand même vrai que ce pseudo évoque plus Tchoupi ou Mimi Cracra que de gros poilus en rogne …), Tayobo, disais-je, pratique un metal fusion mariant les cojones et la folie d'un
SOAD avec la pêche revendicatrice et punky d'un
Lofofora, la funky modern touch et les backing vocals de sale môme de
Psykup avec des interludes jazzy coolos, un univers grotesque (
dans l'acceptation non péjorative du terme) et fêlé avec des passages plus rock à la Noir Dés'. Ces références ne sont d'ailleurs pas citées à la légère, certains passages de l'album étant confondant d'un mimétisme certainement assumé (
en blind test, je mettrais mes couilles sur la table que ces « Paradise! » et « Amerciana! » entendu vers 1:40 sur « Paradise » viennent tout droit d'un album des arméniens). D'ailleurs à ce propos - même s'il est brillamment secondé de Johnathan pour les
Psykuperies (
si je ne m'abuse) -, je ne peux m'empêcher de tirer mon chapeau (
hat fucking attitude!) à Guillaume, chanteur purement excellent qu'on sent véritablement habité par ses textes et qui sait admirablement exprimer les manifestations plus ou moins explicites d'une profonde fêlure intérieure, qu'il surjoue les clowns dérangés ou qu'il adopte le registre cocotte-minute, de celles qui semblent à peine frémissantes mais qu'on sent sur le point d'exploser. A noter que le zoziau s'offre à maintes occasions de courtes incartades lors desquelles le reste des musiciens la met momentanément en veilleuse et où il en profite pour monter à la tribune et se lancer dans de véritables speechs « chantés » à la mode
Reuno /
Cyco Miko, sur un mode plus intimiste toutefois.
Derrière lui, l'ensemble du groupe assure de manière homogène et efficace, sans pour autant que l'un ou l'autre des zicos tire particulièrement à lui la couverture (
bon point pour le mix qui répartit équitablement les rôles sans pénaliser quiconque). Le ton général alterne donc entre rock aventureux, neo punky urbain, modern core-ries légères et funkeries jazzifiantes, le tout décoiffant et avant-gardisant sans pour autant laisser personne sur le bas côté.
Personnellement, j'aurais quand même deux réserves à émettre, celles-ci se rejoignant quelque peu:
* le groupe se perd parfois dans des détours metal hardcore modernisant avec leur lot de dissonances et de chaos contrôlé qui ne me bottent pas plus que ça dans ce contexte. C'est ce qui nuit à mon sens à des titres comme « Sarkophage Show » (
aïe les guitares poil à gratter qui portent le « Karcher / Charter / Thatcher »!) ou « Bras Cassés ».
* à intercaler sans cesse mini-speech, interludes easy-jazz et passages plus torturés (
référence au grief précédent. Quand je vous disais que ça se rejoignait!), pas mal de morceaux s'éparpillent un peu et perdent en efficacité et en tube-icité. Au final, on ne se retrouve « que » avec 3 cartons (
« Carnaval Tragique » – et son J'cavale, j'cavale –, le diptyque « Cyco Quidam / Cyco Président » – et sa schizophrénie mi ska-punk metal, mi SOAD furieux – et « Paradise »), les autres titres restant au niveau de morceaux très sympas là où ils auraient eu le potentiel pour être de vraies petites bombinettes (
genre « Middle Crasse », « Calculs » …). A noter d'ailleurs que dans ce type de morceau, les passages catchy et autres gimmicks accrocheurs sont souvent le fait de Guillaume, qui possède une véritable intelligence du placement, de la phrase qui claque et de l'éructation choc (
Arrête les frais Cyril, ils vont croire que tu couches avec lui).
Sinon au titre des reproches potentiels, un engagement anti-Sarko très marqué et des revendications assez éloignées du courrier des lecteurs du Fig Mag irriteront peut-être ceux qui sont encartés à Démocratie Libérale. Pour ma part ça ajouterait plutôt au côté sympathique, m'enfin je vous laisse juges.
« K-Barré Core » est donc un album très prometteur dans son créneau et il intéressera à coup sûr les fans de
Lofo et de
Psykup à l'esprit large (
pléonasme?). Une inventivité musicale et visuelle débridée, une patate grosse comme ça, un côté pince sans rire et un peu timbré: tous ces atouts laissent entrevoir la possibilité d'un gros carton. Il ne reste véritablement plus qu'à canaliser un peu mieux l'énergie de certains morceaux afin d'alimenter plus abondamment la machine à tubes et se hisser ainsi plus facilement aux côtés des références précitées dans le peloton de tête des groupes français énervés qui comptent.
«
Les Limougeauds les appellent les metallo-dingos,
Mais sur Thrasho on leur donne un nom plus rigolo-o-o-oo :
Ta-ayobo … »
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