Moonlyght vient du Québec et, comme pour beaucoup de groupes de metal technique et mélodique possédant cette AOC, il s'agit bien encore une fois d'un tampon synonyme de qualité. La création du groupe remonte à 1995, et si jusqu'à présent il n'a sorti que deux albums, c'est qu'il est passé par de nombreux et douloureux changements de line up. Pourtant ce n'est pas la reconnaissance qui a manqué à ces lointains troubadours, puisque après avoir acquis une très bonne renommée en live, ils ont été largement applaudis pour leur premier opus,
Progressive Darkness (2002). Mais ce n'est qu'après avoir réédité celui-ci chez Escapi Records que le groupe sera diffusé comme il le mérite. Alors pour lui succéder « on ne change pas une équipe qui gagne », « on prend les mêmes et on recommence », « rien ne sert de courir, il faut partir à point » : six grosses années et le petit deuxième débarque.
Le créneau de Moonlyght c'est un métal qui brasse des influences à la fois heavy et melodeath et qui se veut donc très mélodique au sens noble du terme. Prenez des références comme Dark Tranquillity à ces débuts, ajoutez-y un peu de Children Of Bodom écrémé de ses passages keyboard hero et collez-y une production un peu moderne et virile qui conserve néanmoins l'aspect aéré des compositions et vous obtenez le fond de ce
Shining. Un clavier tapisse également le sol de l'album et lui donne plus de profondeur ; il est l'orchestration qui le rend tantôt épique, tantôt plus intime. Ce qui étonne là-dessus c'est le chant typé black métôl du sieur Robitaille (à noter deux/trois passages en français pas dégueus), qui s'intègre à merveille dans ce paysage coloré, et participe pour une partie à la personnalité et l'originalité de leur son.
Mais ce n'est pas tout. Outre leur virtuosité et leur capacité à pondre des plans et des leads qui restent imprimés dans votre cervelle pour un moment, les gaillards entendent bien agencer ces derniers dans des compositions à rallonge remarquablement bien construites et aux structures atypiques. Les baisses de régime son rares mais ce n'est pas un hasard. Le côté progressif déjà présent sur
Progressive Darkness n'est en effet pas en reste : avec 10 titres pour 70 minutes, Moonlyght a le loisir de réitérer ces étonnantes digressions portées tantôt par un violon, un accordéon ou une guitare folk. Je dirais même que ces écarts occupent un espace plus important et sont encore une fois remarquablement bien intégrés au reste. Ils sont un réel plus qui fait d'un ensemble plutôt classique et catchy une véritable promenade, et grâce à l'aisance des zicos dans ce domaine la musique prend vite une autre dimension. On passe ainsi par les terres du blues, de la musique orientale ou d'un folk très pur aux relents d'arpèges scandinaves.
Il serait dommage d'oublier ce qui fait là encore de ce
Shining un album accessible et prenant : Le chant claire de Robitaille (décidément la figure de proue de la formation), qui a gagné en maturité depuis leur premier essai. Il est plus sûr de sa voix et de son placement, et préfère à ma plus grande satisfaction favoriser ses rugueuses et puissantes tirades, plutôt que son chant le plus lisse que je trouve parfois niais et/ou impersonnel. De là même façon, les textes me semblent légèrement moins risibles qu'avant, mais ce n'est pas encore ça… Enfin bon, j'ai dit heavy là ? Quoiqu'il en soit ce chant et ces textes véhiculent plus d'émotions, prenant ainsi le relais de leur déjà superbe accroche mélodique. À noter que le chant féminin s'efface un peu sur cet opus, pour faire place de temps à autres à des chœurs plus en retrait mais servant à merveille les compositions.
Alors oui, sur 70 minutes il est difficile d'éviter quelques longueurs. Lorsque Moonlyght sort un riff ou une ligne de chant qui sonne un peu supermarché discount ou qui perd juste de sa superbe au milieu de la qualité ambiante, il perd aussi l'auditeur. On retombe du coup sur l'éternel problème des albums à la fois très longs et très riches : pas aisé de tenir le coup jusqu'à la fin, même si tout est là pour faire passer au mieux la pilule. Encore une fois le heavy c'est…lourd, et n'est pas Blind Guardian qui veut. Mais là vraiment je chipote, parce que des albums faisant montre d'une telle maîtrise, il n'en pleut pas tous les jours. Tous les titres ont quelque chose à dire et sont des tubes potentiels.
Il n'est pas nécessaire d'en dire plus. Amateurs de metal mélodique je m'en remets à vous : ce Shining est un disque fort sympatique. Très épique, assez puissant, agréablement riche, bien maîtrisé, et (bon peut-être pas toujours) plutôt subtil, cet album est vraiment super chouette. Point.
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