Barren Earth - Curse of the Red River
Chronique
Barren Earth Curse of the Red River
On va se la faire rapide niveau préambule: Barren Earth est un supergroupe. Cliquez sur "Vers la page de Barren Earth", et regardez les groupes associés. Ok, maintenant revenez ici et lisez la suite.
"Curse of the Red River" ne pouvait qu'intriguer l'amateur de musique mélodique que je suis: avec un gros autocollant "slip humide si toi fan d'Elegy" sur le boitier, ma culpabilité de n'avoir toujours pas malgré les années fini de compléter la disco d'Amorphis sur Thrasho, et une affection toute particulière envers la plupart des groupes dans lesquels évoluent nos amis de Barren Earth...c'était le trio gagnant. Ajoutons à cela une pochette de Travis Smith, sublime, et un mixage par Dan Swanö, et voilà que mes amis Mitch et Nightsoul viennent eux aussi de ressentir le pressant besoin de changer de sous vêtements (comme ça vous n'en portez jamais?).
Le décor étant planté, il convient de rassurer les ennemis du capitalisme et de l'économie de marché: clairement, Barren Earth mérite à mon sens cette mise en avant de leur label. "Curse of the Red River" est un premier album qu'il me semble impossible d'avoir composé sans avoir X années d'expérience derrière soi, à moins d'être surdoué à la Opeth. Le style est perfectionné au possible, la production est aux petits oignons, et les compos ont une richesse musicale qu'on ne trouve pas chez le premier venu.
Pour vous donner une ligne directrice, disons qu'on est en face d'un groupe qui met davantage en avant son héritage d'Amorphis (leur claviériste) et de Swallow the Sun que de Moonsorrow ou Kreator: point donc d'hymne thrash ou d'épique chevauchée black à l'horizon, c'est une dominante mélodique, death mélodique même, qui a été choisie. Et le rapprochement avec le "Elegy" d'Amorphis est donc parfaitement justifié.
Au contraire cependant de ce dernier, "Curse of the Red River" est nettement plus complexe et délicat à digérer, car loin d'aligner de courtes compos de 3-4mn remplies de riffs accrocheurs (ce qu'était, pour notre plus grand plaisir, Elegy), cet album est davantage de l'école Opeth-ienne, sans doute également bien influencé par Swallow the Sun (que j'avoue nettement moins bien connaitre); en ce sens qu'il empile avec bonheur les couches musicales, passant allégremment du death mélo le plus accrocheur qui soit, growls et leads mélodies à l'appui, au doom pesant et morbide qu'exprime de fort belle manière la pochette, sans oublier une inspiration progressive qui se ressent dans la façon dont sont construits les morceaux, et certains longs passages instrumentaux où l'on peut sagement reposer le livret des paroles et se livrer complètement au voyage musical qui en résulte. Vous pensez à Opeth post-2001, vous n'avez pas tort.
Je dois probablement donner l'impression d'un album difficile d'accès, car visiblement complexe dans ses structures et fourmillant d'idées: bien que les 55 mn soient pleinement appréciables si l'on y accorde une attention toute particulière, on peut également se reposer sur quelques titres plus "faciles", car diablement accrocheurs, et l'on retourne de fait vers notre "Elegy" d'Amorphis, qui me facilite décidement bien la tâche: le single "Our Twilight" est ainsi indéniablement LE titre qui ressort lors d'une première écoute peu ou pas attentive, soutenu par une lead mélodie gracieuse et un refrain en chant clair qui prouve que le gaillard de Swallow the Sun cache un coeur gros comme ça derrière ses growls menacants; n'oublions pas un solo plein de feeling, lequel feeling se retrouve d'ailleurs avec bonheur dans la quasi totalité des expressions solistes des 2 joueurs de 6 cordes. Dit de façon plus claire, les solos surbuttent.
Au delà de ce titre, certes brillant, mais qui aura du mal à valoir à lui seul une argumentation positive du début à la fin, "Curse of the Red River" est fort heureusement le nid de quelques autres pépites moins immédiates mais tout aussi délicates: je pense à la mélodie de "Flicker" qui vient illuminer d'une lumière discrète et embrumée un refrain poignant (et pourtant c'est du growl), à ce majestueux passage acoustique qui lie début et fin de "The Ritual of Dawn", ou le sentencieux, qui transpire l'absence d'espoir et de rédemption, "Deserted Morrows" de cloture. Oh tiens un ange passe? Non, c'est un autre moment de grâce, la 4e minute de "Flicker"...Magnifique.
Ambitieux, cet album l'est clairement. Ce supergroupe évite l'ecueil de la facilité, notamment la tentation d'abuser de leur sens mélodique hors du commun (même si "Forlorn Waves" est un peu trop facile, à la Amorphis-like période "Tales of...) et se complique au contraire sacrément la tâche parfois, à composer des titres en mille feuilles qui risquent à tout moment de lacher l'auditeur sur le bord de la route. Seule une écoute attentive, et dédiée pleinement au voyage initiatique qu'est cette malédiction de la rivière rouge (une métaphore délicate sur cet intermède mensuel qui nous empêche de profiter nous hommes de nos chères compagnes?), permet de prendre la pleine mesure du travail abattu ici. On ne criera pas au chef d'oeuvre pour autant, l'ensemble manquant encore un peu de liant et d'originalité sur certains passages (n'oublions pas que somme toute, cela ne reste que du Death / Folk Mélodique, certes beaucoup plus classieux que la moyenne, mais loin d'avoir la magie d'un Morningrise par exemple), mais sa place d'espoir des années à venir et de révélation de celle en cours me semble bel et bien justifiée. Vivement la suite.
| Chri$ 17 Avril 2010 - 3374 lectures |
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