Autant la fameuse cigale de Jean De La Fontaine se retrouve fort dépourvue une fois la bise venue, autant pour les métalleux, c'est franchement l'inverse avec l'impossibilité chronique de se dandiner sur autre chose que des fins de séries/fonds de tiroirs/produits de troisième zone dont on se demande encore pourquoi les labels s'acharnent encore à les distribuer. Alors bien sûr, il arrive que de grands noms de la scène profitent de cette plage horaire bien moins encombrée que la rentrée scolaire pour profiter d'une meilleure exposition mais vu le caractère limite désastreux de « Serpents Saints » (ENTOMBED, été 2007), « Strychnine.213 » (ABORTED, été 2008) ou « Southern Storm » (KRISIUN, la même), on apprendra bien vite à se méfier des nouveautés estivales, balancées à grand renfort de special prices et de stickers aguicheurs. N'est ce pas NEVERMORE et son autocollant
Metal Album Of The Year 2010 ?
Porté disparu depuis 2006 et son
« Don't Fear The Reaper » chroniqué en ces pages par notre bien aimé Chris, WITCHERY et ses ex-SATANIC SLAUGHTER Jensen (en rupture de THE HAUNTED) et Rickard Rimfält (aka Richard Corpse, SEANCE) reviennent conquérir la vieille Europe à l'aide d'une armée de morts vivants à mi chemin entre nazis poussiéreux et extra-terrestres hideux extraits du
Invasion Los Angeles de Big John Carpenter. Des zombies de la Werhmacht mal déterrés et du thrash'n roll vintage suffiront-ils à convaincre l'assistance d'investir sur « Witchkrieg », cinquième full length d'un all star band fréquenté de longue date par le bassiste Charlee d'Angelo (ARCH ENEMY) et le cogneur émérite Axenrot (BLOODBATH, OPETH) ? Pas si sûr, alors autant rameuter quelques vieux généraux du thrash pour mener tout ce beau monde jusqu'à la victoire finale : c'est le fantôme de Kerry King qui s'y colle sur le title track, un « Witchkrieg » gentiment sentencieux au break taillé sur mesure pour l'ex terreur du circuit thrash US. Un passage purement slayerien sur lequel on retrouve le style caractéristique d'un guitariste qui assure sans se fouler un solo chaotique devenu sa marque de fabrique. Mais comme c'est toujours mieux que les ingnominies lead de « World Painted Blood » et que le titre en question est plutôt bien troussé, on se prend au jeu ! On passe à la classe supérieure sur une « The Reaver » au démarrage un poil poussif mais très vite sauvée par un ralentissement aussi démoniaque que le caméo de Gary Holt et Lee Altus, en grande forme malgré un « Exhibit B : The Human Condition » déjà richement doté en matière de solis hystériques. Là encore, les duettistes d'EXODUS jouent à domicile avec en toile de fond rythmique du pur riff made in « Bonded By Blood » ! Plus décontracté, Andy LaRocque y va de sa petite apparition sur une « From Dead To Worse » très mélodique qui piétine les plates bandes de ARCH ENEMY, Hank Shermann (MERCYFUL FATE, DEMONICA) se faisant plus démonstratif sur la plus lourde « The God Who Fell From Earth », mid tempo judicieusement placé au cœur du canardage en règle de début d'album. Jim Durkin de DARK ANGEL ? A son aise sur « One Foot In The Grave », même si c'est loin d'être le meilleur extrait d'un « Witchkrieg » qui voit le renfort de Legion (ex-MARDUK) au poste de chanteur, en lieu et place de Toxine.
Et une fois ce casting de luxe égréné, que reste-t-il ? Un album sympathique, privilégiant la simplicité (pas plus de quatre riffs par morceaux, c'est la règle) et l'efficacité (on carbure à 3 :30 mn le titre en moyenne) en alternant avec bonheur passages thrashy explosifs (« Witchkrieg », « Wearer Of Wolf's Skin » et ses blasts dynamiteurs qui permettent à Axenrot de se détendre les poignets) et parties thrash n' roll brise-nuques sur « One Foot In The Grave » ou l'excellente « Devil Rides Out ». On appréciera également l'hommage rendu à METALLICA sur « Hellbound » avant que WITCHERY ne sonne une dernière charge sur une « Witch Hunter » au tempo motörheadien en diable. Du old school à foison donc, pour un album dont la durée de vie restera assez faible –
trop de riffs de troisième main, un manque de densité dans les compositions qui s'avère rapidement préjudiciable, un bonus track assez faible malgré un riff typiquement hauntedien de Jensen et des paroles clichesques au possible – mais qui peut séduire par son côté récréatif et immédiat, tout sauf prise de tête. Legion et son chant aussi nazi-llard que l'artwork guerrier du livret recouvrant l'ensemble d'une couche extrême bienvenue, on peut donc investir quelques pfennigs sur ce « Witchkrieg » présenté par Jensen comme étant le meilleur du groupe et proposé à prix modique sous la forme d'un digipack aussi
old fashioned que la vision du thrash de WITCHERY.
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15/07/2010 22:15