Killing Joke - Absolute Dissent
Chronique
Killing Joke Absolute Dissent
Plus de quatre ans que j'étais fâché avec le pape du metal indus, victime du syndrome le dernier album est pourri, alors je balance le reste de la disco par la fenêtre avec baignoire, eau du bain et le frigo aussi tant qu'à y être, vu que le bébé avait de toutes façons fini dans le congélo. Cause principale de mon désintérêt croissant envers le groupe, un « Hosannas From The Basements Of Hell » pas vilain niveau compos, mais plombé dans le mauvais sens du terme par une production indigne qui tentait vainement de concilier matraquage post punk avec sonorités 80's. Un choix malheureux, à des années lumières de la puissance dégagée par l'éponyme de 2003, sur lequel Dave Grohl (NIRVANA, FOO FIGHTERS) tabassait les fûts avec une rage peu commune.
Pour ne rien arranger, KILLING JOKE, qui comptait encore en ses rangs le défunt Paul Raven (PRONG, MINISTRY), se perdait progressivement au fil d'un tracklisting malmené par des compos à rallonge, à l'image d'une « The Lightbringer » aussi rébarbative qu'interminable. Le démarrage de ce treizième full length, plus conforme aux standards pop en terme de durée, commence par rassurer dans ce domaine, même si sa prod capitonnée n'est pas si éloignée de celle de « Hosannas », voire du déjà plus lointain « Democracy » (1996). Plus naturelle et équilibrée néanmoins ce qui, conjugué à une efficacité retrouvée, donne le sentiment que Jaz et ses compagnons de la première heure (retour des piliers Geordie Walker et Paul Ferguson) vont de nouveau droit à l'essentiel : rythmiques martiales contrebalancées par les riffs cosmiques de Geordie, monolithisme instrumental à caractère hypnotique sublimé par un Jaz Coleman privilégiant (à raison) le chant clair après avoir passé les 70 minutes de « Hosannas » à s'égosiller vainement, le charme KILLING JOKE opère d'autant plus que l'inspiration est au rendez vous, comme en témoigne la majorité des refrains attrape-mémoire disséminés sur « Absolut Dissent ». Dotés d'une production plus rock, plus dure, les trois premiers extraits de « Absolut Dissent » auraient presque pu, à une couche brutale près, figurer sur « Killing Joke », la plus chantante « In Excelsis » orientant subtilement cette nouvelle offrande au Dieu son vers le cœur d'un opus bien plus évolutif qu'il n'y paraît de prime abord.
Première surprise de taille, « European Super State » ; si les Anglais avait déjà flirté avec les sonorités electro par le passé (« Medicine Wheel » sur « Democracy »), là, ils piétinent carrément le dancefloor le temps d'un titre baigné de nappes de claviers on ne peut plus eighties, les guitares s'effaçant presque totalement sur cet hymne new wave appelé à faire des petits. C'est flagrant sur la douce amère « Here Comes The Singularity » et son subjugant refrain, mais bien plus encore sur la sublime « The Raven King », hommage parmi les hommages à qui vous savez : dans la catégorie morceaux à caractère émotionnel, cette merveille de rage (presque) contenue – similitudes troublantes avec un certain Burton C. Bell sur certaines lignes de chant - frappe si fort qu'on en vient à craindre le pire pour le quart restant de la galette. C'est compter sans la classe naturelle d'un KILLING JOKE jouant les équilibristes (retour dans le giron brutal sur « Depht Charge », avant de jouer l'apaisement sur l'enivrante « Ghosts Of Ladbroke Grove »), le quota de baston post-indus façon MINISTRY étant assuré par la doublette « This World Hell »/« Endgame » à mi parcours.
Souvent très bon, parfois carrément brillant, « Absolut Dissent » n'égale toutefois pas le formidable « Pandemonium » (1994) mais rassure franchement quant à la capacité de l'entité KILLING JOKE à livrer (encore) une inimitable série de classiques. Toujours bien à part sur l'échiquier metal/indus/rock indé, l'inusable juke box de la fin des temps reste donc à des années lumières de ces machines rutilantes (tapons un peu sur RAMMSTEIN, les TRANSFORMERS de l'indus) gonflées artificiellement à coup de super productions et, quoique limité à certaines tâches auxiliaires (ces penchants minimalistes, toujours), reste seul qualifié pour dépasser l'aspect machinal des groupes qu'il inspire. Appelez les JOHNNY 5 !
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