Déjà de retour en 2012? Au rythme de gestation habituel (huit ans entre « Democracy » et l’album éponyme, quatre entre « Killing Joke » et « Hosannas From The Basements Of Hell » et cinq années à tirer pour avoir droit au récent
« Absolute Dissent »), on aurait plutôt parié pour un comeback en 2014/2015 ! Première réaction en découvrant ce rythme de sortie inhabituel, la méfiance, voire la crainte de se voir refourguer quelques B-Sides de leur avant dernière production, chroniquée –
et fort appréciée – en ces pages il y a seulement un an et demi.
Réticences balayées au bout de quelques titres, tant KILLING JOKE semble être dans une période faste en termes de composition, mais également de tracklisting puisque tout en étant dans la droite lignée stylistique de
« Absolute Dissent », « MMXII » taille des croupières à tout ce qui pouvait alourdir les efforts précédents des Londoniens. On se retrouve donc avec 10 titres d’une durée raisonnable et équivalente, à l’exception notable des neuf minutes de l’opener « Pole Shift », pour un résultat d’une rare homogénéité chez des Anglais qui nous ont plutôt habitué à tirer exagérément sur la corde dans ce domaine (l’interminable « Hosannas From The Basements Of Hell »). Encore plus smooth que d’ordinaire, la production fait la part belle aux guitares diffuses et aux nappes de claviers, gommant quelque peu le caractère organique d’ « Absolut Dissent » pour un rendu de velours assez trompeur, dans la mesure où le quatuor Coleman/Walker/Glover/Ferguson tourne à plein régime sur autant d’incitations au carnage dancefloor (« Rapture », « Glitch », « Corporate Elect »). Les familiers de la période new wave du groupe relèveront avec délectation un retour aux sonorités eighties sur « In Cythera » et surtout « Primobile », LA perle de l’album avec son faux rythme de fin des temps à faire le saut de l’ange du haut de l’Empire State Building dès les trois premières mesures. C’est bien simple, le jour où j’amorcerai marches après marches une descente vers l’Enfer, ce sera sur fond de gueulantes de Jaz et de tocsin aliénant à rendre dingue le moindre aficionado de « Love Like lood » ou « Darkness Before Dawn ». Soit du KILLING JOKE délicieusement sombre et lancinant, qui opère une synthèse réussie entre l’ancien apôtre post punk/new wave/gothic rock (choisit ton étiquette camarade !) et le plus fraîchement converti au metal indus (depuis « Pandemonium », 1994).
Le reste ? Du KILLING JOKE pur jus, avec ses trois riffs par morceau répétés jusqu’à l’épuisement de fidèles sous le joug d’un Jaz Coleman toujours aussi diabolique. Tour à tour charmeur et bestial, passant sans coup férir de soufflantes mémorables à quelques intonations mélancoliques du plus bel effet, il s’appuie sur des compositions simples, imprimant directement le cortex cérébral à grand renfort de rythmes tribaux, furieusement rock et dansant. Du tout bon donc, même s’il s’avère compliqué de départager ce petit dernier avec un
« Absolute Dissent » certes moins abouti sur certains points (notamment un démarrage diesel et quelques bouche trous), mais qui comportait au moins trois chef d’œuvres dans son tracklisting, là où seul « Primobile » sort véritablement du lot. Un niveau de jeu moyen très élevé, une seule fausse note en piste 9 et un classique instantané, voilà pour un « MMXII » tout ce qu'il y a de plus accessible, idéal pour entrer dans la (war) dance !
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