We don't like Michael Jackson, we hate Depeche Mode, we don't care for Madonna or Kylie Minogue.
C'était dix ans en arrière sur « Sucks », extrait d'un « Angst » quasi parfait, l'album qui célébrait le mariage faussement contre nature entre metal et electro, sous la houlette d'un programmeur punk de génie, Sasha Konietzko, qui s'était déjà attaqué à SLAYER en livrant un remix dansant de ... « Angel Of Death ». C'est qu'il traînerait un homme tronc sur le dancefloor ce gars là, avec sa science éprouvée de l'ultra heavy beat, charpenté comme il se doit par des machines à riffs à l'efficacité inhumaine (Günter Schulz, Tim Skold, Jules Hodgson). Une décennie a passé depuis le hit « A Drug Against War » et KMFDM, qui a splitté une première fois fin 1999, balaie un retour en demi teinte
(« Attak », 2002) et l'orientation electro dark de « Symbols » et « Adios » d'un revers de manche de guitare électrique, instrument qu'on n'avait plus vu à pareille fête depuis le redoutable « Xtort ». Etant donné que Madonna a épousé Guy Ritchie, que la Minogue soigne son cancer du sein et que Bambi ressemble de plus en plus à Morbius, le combo germano-ricain de Seattle réactualise son discours, comme toujours très offensif :
War on ambassadors of pretense, war on MTV and CNN, Mac Donald's Dismey and Bethlehem, on Christina, Britney and Eminem !!!
Voilà pour la note d'intention. Car si George Bush est une source intarrissable d'inspiration pour le voisin Al Jourgensen, KMFDM a, comme d'habitude, la haine contre tout et déverse sa bile anar sur le monde entier, multipliant les appels à la résistance dans un « WWIII » qui renferme bien plus d'armes de destruction massive que le sol irakien. Première bombe, et pas des moindres, la chanteuse. Propulsée en première ligne aux côtés de Sasha pour prêcher la bonne parole nihiliste, Lucia Cifarelli (déjà présente sur
« Attak », moins en avant), loin d'adoucir les refrains, se donne à pleins poumons sur les compositions les plus meurtrières. Prenez le title track, et son air de banjo introductif à la « Délivrance », qui sème très vite sur son passage chaos et désolation ; le terreau des valeurs intellectuelles et morales communes ne pourra rien contre la politique de la terre brûlée pratiquée par le käpt'n K et les lieutenants Hodgson et Selway, qui signent le morceau le plus rapide du groupe depuis « Son Of A Gun » en 1996. Le ton est donné, KMFDM nous revient en mode rouleau compresseur rythmique, guitares abrasives et leads en bandouilière, batterie de samples composant le reste du paquetage (dont ce bon vieux W, ce qui renforce la parenté avec le « No W » de MINISTRY). Le son, bien plus lourd et massif que dans les années 90 est dévastateur, à l'image du meilleur extrait de l'album, « Blackball », chef d'oeuvre de noirceur hypnotique dont le refrain scandé par Lucia atteint de rares sommets d'intensité. Des riffs sournois en filature d'un flot de samples étudiés pour vous faire danser la jigue dans un champ de mines, un break orchestral à 3:04 emprunté au « Yeah Yeah Die Die » des ex-fous furieux de WALTARI (avant qu'ils ne se sabordent en sombrant dans un revival 80's ridicule), n'en jetez plus ! Et surtout pas ce refrain de professional killer qui conclue cet hymne à la guerilla urbaine en une apothéose de cordes vocales martyrisées.
Mais la belle ne fait pas que hurler. Et si, dans le même registre agressif, Lucia fait merveille sur « Bullets, Bombs & Bigotry » ou « Stars & Stripes » (qui, dans le genre speedé, font honneur à la trademark KMFDM), Sasha, qui jusqu'à présent changeait de vocal guests féminines à l'envi, réserve à sa nouvelle protégée deux morceaux de choix : « From Here On Out », qui tempère un peu la fureur du premier tiers de l'album, et surtout la plus aérée « Last Things », qui voient les guitares se mettre (légèrement) en retrait et Andy Selway substituer le breakbeat au pas de charge. On retrouve alors un KMFDM plus groovy, moins sombre et désespéré, vaguement plus abordable, jamais franchement présentable (du chant clair, ok, mais de la pop, jamais!). Et puisqu'on parlait de « Sucks » dans l'intro, de l'humour, enfin, sur « Intro » (qui, comme son nom l'indique, est le ... dernier titre!), qui voit Sasha faire une présentation au vitriol des membres du groupe et faire référence à « Son Of A Gun » et ... « Sucks »! Quoique lesté des tares habituelles (un titre chiantissime à mi parcours, un classique chez eux après les lourdingues « Torture » et « Yohoho »; une tendance à s'essouffler un peu en fin de programme), « WWIII » marque le vrai retour d'un KMFDM boosté par une chanteuse à fort tempérament et par un taux de BPM plus conforme à son statut de machine de guerre industrial rock.
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