A l'heure ou KMFDM marque ses 25 ans d'existence en sortant simultanément un nouvel effort studio
(« Blitz ») et un album
versus avec leur ancien compère Tim Skold (ex-MARYLIN MANSON et SHOTGUN MESSIAH), et d'ici que je fasse main basse sur les dits skeuds pour de futures chroniques, bouclons déjà l'analyse du trio de la résurrection KMFDMienne entamée avec
« WWIII » en 2003. Car à moins que
« Blitz » - s'il s'avère être une copie carbone de
« Tohuvabohu » - ne me fasse mentir, la Konietzko connection a souvent fonctionné sous forme de trilogies, que ce soit avec les très colorés et bigarrés « Angst », « Nihil », « Xtort » (marqués par la prédominance de guitares typiquement metal, voire thrash sur des titres comme « Drug Against War », « Flesh » ou encore « Wrath ») ou avec les plus sombres et expérimentaux « Symbols », « Adios » et
« Attak » (soit la période Tim Skold, où samples et beats prennent clairement l'ascendant sur les riffs). Deuxième épisode d'une saga capitalisant à plein sur l'atout Lucia Cifarelli, première frontwoman à plein temps (là où Cheryl Wilson, Abby Travis ou Dorona Alberti se contentaient de simples accessits), « Hau Ruck » donne surtout, pour la première fois depuis longtemps, l'impression d'avoir affaire à un véritable groupe.
En reconduisant la quasi intégralité du line-up de
« WWIII », le nouvel arrivant Steve White remplaçant numériquement Raymond Watts, Sasha Konietzko a vu juste ; qui dit meilleure cohésion interne dit souvent meilleures compos, et KMFDM voit soudain s'éloigner le spectre de la foire à guests electro souvent séduisante, parfois inégale, des albums précédents. Boosté par une production énorme qui voit le Kapt'n'K délaisser synthés analogiques, hybrides digitaux et autres MIDI pour un attirail de programmation plus vintage des années 70 et 80, « Hau Ruck » surpasse en puissance pure tous les essais précédents. On ne sera donc pas surpris de penser à la bande son du premier « Terminator » en prenant en pleine tronche un « Free Your Hate » pour le moins radical, que son drumbeat et ses lignes de basse organiques, ses samples puissament évocateurs (la séquence de poursuite en voiture mettant au prises Sarah, Kyle et le T-800 dans le tunnel) et les hurlements d'aliénée de sa banshee en cuir placent d'office sur le podium des meilleurs titres du cru 2005. Dans le même registre agressif, signalons le potentiel riffesque de « Everyday's A Good Day » (quoique amoindri par un refrain un peu léger), dominé de la tête et des épaules par un petit chef d'oeuvre de vélocité, « You're No Good », qui n'est pas sans rappeler la tuerie introductive de
« WWIII ». Chorus martelé à l'extrême sous forme de gueulantes féminines (cette Lucia a décidément des cordes vocales en adamantium!), solos rock'n'roll surfant sur tempos rapides, jeu de montagnes russes entre boucles electro et guitares plombées achevant sa course folle contre un mur du son, tout y est, n'en jetez plus, d'autant que KMFDM embraye illico avec sa spéciale, « New American Century », monstre de punch asséné avec la grâce d'un gigantesque marteau piqueur. Un appel à l'auto-détermination cher aux thématiques défendues par le groupe, illustré par un break hilarant à 3:20 en forme de bras d'honneur à l'ordre établi (jamais l'hymne américain n'a sonné aussi groovy!).
Du groove, puisqu'on en parle, « Hau Ruck » en a à revendre et KMFDM ne se contente pas d'enfoncer le clou de son industrial-rock en jouant la carte du contraste de façon systématique. Outre une accalmie popisante à mi parcours (« Real Thing ») permettant à Lucia de faire du charme cinq minutes durant, figurent également au programme une amusante reprise de ... JACQUES DUTRONC (« Mini Mini Mini »), rampe de lancement idéalement décalée pour l'ultra addictive « Professional Killer », enrichie par un decorum de samples et de cuivres dont le placement rythmique frôle la perfection. Irrésistible number one au beat machine, son seul défaut est de faire de l'ombre au dernier quart de l'album, « Auf Wiederseh'n » et « Feed Our Fame » en tête, l'ennivrante « Ready To Blow » s'en tirant in extremis par l'adjonction de sonorités arabisantes comme sur « Dirty »
(« Attak », 2002). Un final inégal qui n'altère en rien les qualités d'un « Hau Ruck » dont le morceau titre n'est pas le moins séduisant de la tracklist, la trame electro tissée par Sasha, plus alambiquée que la moyenne, valant bien plus que l'appelation « F.U.B.A.R. » prévue à l'origine. Fucked up beyond all recognition ? Mais des tueries pareilles, orchestrées par des allumés du cigare dans leur genre, tous les jours !
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