A la fin des années 90, malgré le franc succès remporté par la trilogie « Angst » / « Nihil » / « Xtort », KMFDM finit par rendre les armes, usé par les tensions croissantes entre les membres qui composent cette entité musicale disparate. Sur la touche, En Esch et Günter Schulz laissent le soin à Sasha Kotnietzko et Tim Skold de saborder le navire avec « Adios » (1999), un onzième album studio dont on ne retiendra guère que le title track et le featuring de NINA HAGEN sur « Witness ». Mais les médias focaliseront surtout sur la date de sortie de l’opus, qui coïncide avec la tuerie de Columbine et … l’anniversaire d’Adolf Hitler. Notez au passage que votre serviteur, qui écoute KMFDM depuis plus de quinze ans et a vu le jour lui aussi un vingt avril, a donc toutes les chances d’aller commettre un carnage à la prochaine réunion des anciens élèves du bahut dans lequel il écoutait en boucle « A Drug Against War » et « Juke Joint Jezebel ». Béatrice, sale pute, tu vas payer !
Humour de merde mis à part, KMFDM avait donc pas mal de raisons de la mettre en veilleuse trois années durant, entre conflits internes donnant lieu à des semi échecs comme « Symbols » et démentis nécessaires vus les raccourcis nauséabonds pris par la presse Américaine (un des décérébrés de Columbine n’a rien trouvé de mieux que de poster les paroles des titres « Waste » et « Son Of A Gun » sur son site perso avant d’aller commettre l’irréparable) : car avec deux Allemands dans sa formation, KMFDM ne pouvait être qu’un groupuscule fasciste et pousse au crime, cela allait de soit ! De communiqués sans équivoque en rétropédalages avisés –
« Attak » a failli s’appeler … « Attaq », mais les attentats du 11 septembre ont tué l’intitulé dans l’œuf– KMFDM renaît de ses cendres suite à l’intermède MDFMK, qui voit Sascha Kotnieszko poursuivre sa collaboration avec Lucia Cifarelli (DRILL) et Tim Skold (SHOTGUN MESSIAH), Raymond Watts et Bill Rieflin complétant le tableau d’un « Attak » qui s’apparente plus au dernier volet d’une trilogie qu’à un nouveau départ. Dans la droite lignée stylistique de « Symbols » et « Adios », ce retour aux affaires mitigé pourra décontenancer ceux qui espéraient un retour en force de la machine KMFDM, les riffs thrash et rythmiques speed de « Flesh », « Glory » et « Wrath » étant restés au placard. On trouve bien ça et là quelques adjuvants heavy typiques de leur style sur « Attak/Reload » et surtout « Dirty », mais la seule tentative d’accélération du tempo fait à ce point peine à entendre (« Sturm And Drang », qui se traîne comme un pachyderme shooté à la seringue hypodermique) qu’on lui préfèrera sans hésitation des titres plus electro comme « Skurk » ou « Save Me », l’intérêt de l’album résidant bien plus dans sa versatilité –
multiplicité des chanteurs, samples bien plus accrocheurs que des guitares décorum – que dans de maladroites réminiscences du passé. Dans ce registre plus ambiant et industriel que férocement métallique, « Preach Pervert » est sans doute l’extrait le plus satisfaisant du lot (avec « Risen », allez !), au contraire de « Yohoho » ou « Superhero », doublette soporifique plombant un peu plus un tracklisting déjà sous perfusion. Aussi, malgré les relents de hargne encore présents sur « Dirty » (chorus thrash qui engrainent, K !M ! FDM !, le tout sur fond de samples arabisants du plus bel effet), bien malin celui qui trouvera dans « Attak » les germes de la réussite de
« WWIII », les interventions de Lucia Cifarelli restant pour l’heure trop timides pour vraiment relancer la machine. Pour la résurrection, il faudra donc attendre le départ de Tim Skold pour MARYLIN MANSON et l’arrivée conjuguée de Andy Selway et surtout Jules Hodgson (guitare, et déjà quelques featuring sur cette galette).
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