KMFDM - Blitz

Il fallait bien que ça arrive. KMFDM, qui sort à cadence régulières de petites bombes d'industrial rock tous les 18 mois en moyenne, vient de se ramasser avec sa dernière production en date, « Blitz », que les rumeurs annonçaient à raison comme une sacrée déception. Eut égard à l'excellente trilogie sortante « WWIII » / « Hau Ruck » / « Tohuvabohu », on n'en voudra pas trop au Kapt'n K et à ses acolytes d'avoir été victimes d'une brutale chute d'inspiration. Il est juste dommage que celle ci survienne pour célébrer les 25 ans d'existence d'un groupe qui a souvent défait des formations comme RAMMSTEIN et MARYLIN MANSON sur leur propre terrain. MARYLIN MANSON dont on retrouve un transfuge en la personne de Tim Skold (ex-KMFDM sur « Symbols », « Adios » et « Attak »), venu ici prêter main forte à Sasha Konietzko à la section basse/batterie en lieu et place d'Andy Selway, présent ici sur un seul titre (« Strut »). Mais si la tentation est grande de lui faire porter le chapeau – le suédois était déjà partie prenante lors de la période la plus electro du groupe, et à mon sens la plus faible – en raison de similitudes sonores flagrantes avec « Adios » et « Attak », c'est Konietzko qui signe l'immense majorité des nouvelles compos, souvent secondé par la muse Cifarelli ou la caution rock du groupe, le guitariste Jules Hodgson.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que notre punk préféré n'a pas eu la main très heureuse en la matière. Premier regret de taille : malgré un son énorme, la mise en retrait des guitares formera un écueil de taille pour tout metalhead désireux d'entrer dans la sphère KMFDM, de même qu'une forte propension à user de samples kitschouilles – sur « Being Boiled » et « People Of The Lie » notamment. Pour une meilleure répartition des forces métalliques et electro, mieux vaut se pencher sur « WWIII » ou « Tohuvabohu », bien plus agressif qu'un « Blitz » aux atours new wave bien (trop?) prononcés, comme sur « People Of The Lie », très THE CURE dans l'esprit. Inutile de dire qu'ici bas, on eut largement préféré une reprise du classique de KREATOR! Bien plus réjouissante, « Strut » braconne sur les terres du DEPECHE MODE des premières heures (oui, celui de « Just Can't Get Enough ») en adjoignant au heavy beat 80's de rigueur le duo de charme Sheryl Wilson/Lucia Cifarelli pour un refrain, disons le tout net, carrément irrésistible malgré le cachet vintage de l'ensemble. Un titre excellent qui aurait très bien pu figurer sur « Nihil », soit l'album le plus coloré du combo germano-américain. Dans le même ordre d'idée, Lucia, un peu trop sous employée à mon goût, sauve haut la main un « Never Say Never » un rien poussif par son seul talent (ce chant langoureux à 3:11, miam!), Jules Hodgson parachevant la finition avec un de ces riffs groovy dont il a le secret. Le meilleur titre du lot? Sans doute « Potz Blitz », dont la pesanteur martiale et la puissance brute (quel solo à mi parcours!) contraste habilement avec des parties de claviers aériennes faisant basculer le title track dans le plus pur registre émotionnel. Mention assez bien pour l'opening track, assez proche de « Adios » malgré un certain manque d'impact, et au technoïde « Bait & Switch », efficace quoique manquant de souffle dans son final. Le reste? Un titre en russe assez quelconque (« Davai »), une reprise foireuse de HUMAN LEAGUE (« Being Boiled ») et une purge interminable de 6:51 pour conclure (« Take'm Out »), « Bitches » et « Me & My Gun » donnant elles dans l'inodore et le soporifique en l'absence de rythmiques plus percutantes. Moins orienté guitares, moins inspiré tout court, « Blitz » souffre clairement de l'absence conjuguée de Steve White, Andy Selway et, dans une moindre mesure, de Jules Hodgson (peu avantagé par le mix), qui avaient largement contribué à stabiliser le vaisseau KMFDM dans des eaux plus tourmentées, plus rock, plus metal. Handicapé par un contenu inégal et durée de vie assez faible, « Blitz » décevra donc la frange la plus brutale des aficionados du groupe. Un coup pour rien.

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