Si je n'ai jamais été à proprement parler un fan de longue date de MINISTRY, ayant régulièrement perdu le groupe de vue pour incompatibilité d'humeur ou divergences musicales momentanées -
à l'exception de la participation du groupe à l'inégal « A.I. » de Spielberg/Kubrick avec « What About Us ? », aucun extrait de « Filth Pig », « Dark Side Of The Spoon » ou « Animositisomina » ne m'a convaincu lors de leurs sorties respectives en 1996, 1999 et 2003 -, j'ai toujours eu en mémoire l'image d'un groupe éminement redoutable et respectable, ne serait-ce pour les brûlots indus thrash d'anthologie d'un « Psalm 69 » dont les « N.W.O. » et surtout « Just One Fix » ont marqué au fer rouge mon ascension vers les sommets de la brutalité et de la rapidité d'exécution. A ce stade de ma chronique donc, autant être très clair : n'en déplaisent aux partisans d'une musique plus sombre et torturée, ce qui m'attire chez MINISTRY, indépendament de l'affection que je peux porter à des groupes moins extrêmes comme KMFDM ou KILLING JOKE, c'est clairement leur côté bourrin et il semblerait que le départ du bassiste Paul Barker -
après 18 ans passés aux côté de l'Alien Jourgensen et le décès de son père, Barker a préféré passer la main à Mike Scaccia de RIGOR MORTIS/REVOLTING COCKS – ne soit pas étranger au retour de MINISTRY dans le giron brutal. A ce titre, l'opening track de « Houses Of The Molé » (en référence au « Houses Of The Holy » de LED ZEPPELIN) sonne comme une charge inattendue, une véritable résurrection thrash pour un groupe dont la musique s'était progressivement délitée dans un décorum mid tempo bien trop sage pour sa légendaire tête pensante.
De tête pensante, Al Jourgensen retrouve donc sans prévenir son rang de tête brûlée en violant sauvagement et sans préméditation le « Carmina Burana » de Carl Orff en ouverture d'un album qui fait feu de tout bois jusqu'à la piste 6, la très violente mais un rien lourdingue « WTV ». D'une rare puissance et totalement irrésistible de la première à la dernière seconde, « No W » est ce qu'on appelle un classique instantané, du genre à légitimer par sa seule présence et ses maigres 3 :24 de thrash indus furibard l'achat d'une galette réjouissante à bien des égards mais plutôt inégale sur la forme, le fond étant un majeur bien tendu à l'attention d'un administration Bush à laquelle Jourgensen consacrera deux autres insanités de rang (« Rio Grande Blood » en 2006 et
« The Last Sucker » à peine un an plus tard). MINISTRY qui repasse la cinquième et renoue avec le speed pour le plus grand plaisir des fans les plus excessifs, ça donne du travail d'orfèvre (une « No W » plus martiale et insurrectionnelle qu'un speech de Danny Le Rouge devant un parterre de Khmers s'abreuvant au delta du mékong), une course effrénée de pistoleros de l'indus usant de toutes les cartouches de programmation à leur disposition pour semer la terreur auditive (une « Warp City » qui dynamite l'album à mi parcours de fort belle manière) et du terrorisme bruitiste quasi insupportable même pour les initiés (« WTV » et son beat ultra aigu qui vrille le cerveau en moins de temps qu'il n'en faut à Ségolène pour faire du hors piste linguistique). Au rayon mid-tempos sévèrement burné chers au Commissaire Valence, MINISTRY n'est pas non plus en reste et réaffirme son statut de sidérurgiste en chef avec « Worthless » -
dont l'excellent solo de guitare marque le retour de MINISTRY vers des sonorités plus rock, moins exclusivement artificielles - et surtout « Waiting », deuxième plus beau fer de lance d'un « Houses Of The Molé » en fusion durant vingt bonnes minutes avant que Al ne rafraîchisse l'atmosphère avec une poignée de titres nettement plus dispensables, tous parqués en fin de programme, Jourgensen cédant ensuite à cette manie incompréhensible qu'avaient certains artistes de planquer deux aiguilles bonus dans une meule de foin ghost découpée en 99 pistes.
A l'exception notable d'une « WKIJ » raisonnablement accrocheuse et intense, les bien plus modérées « Worm » et « World » font hélas glisser lentement mais sûrement « Houses Of The Molé » vers l'anonymat après un démarrage en fanfare qui ne débouche que sur un final déconcertant, au mieux, et qui donne furieusement envie d'appuyer sur la touche replay avant l'heure. Mieux vaut donc s'envoyer jusqu'à plus soif cinq premiers shots autrement plus jouissifs et radicaux que le virage metal indus malheureux d'un dernier verre interminable, « Houses » restant de toute manière l'épisode le plus faible –
mais néanmoins fort recommandable,les refrains scandés par l'inimitable Al Jourgensen valant leur pesant de doliprane - de la trilogie anti-Bush au regard de l'excellence des suites à venir, « Rio Grande Blood » en tête de liste avec son casting cinq étoiles et sa bascule définitive vers un thrash metal à consonnance industrielle.
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