Brutally Deceased - Dead Lovers' Guide
Chronique
Brutally Deceased Dead Lovers' Guide
Brutally Deceased, ça ne vous rappelle rien? 1992, l'album You'll Never See... de Grave, septième morceau. Une bonne indication sur le genre de musique pratiquée. Car si le quatuor, notamment emmené par le guitariste Tomás Halama des fort sympathiques Heaving Earth vient bien de République Tchèque, ses influences se trouvent plus au nord. En Suède précisément. Et plus de Grave, c'est surtout de Dismember que les Praguois sont redevables.
Premier opus pour Brutally Deceased et première sortie du label Lavadome Productions, Dead Lovers' Guide se pose en effet en tribute-album à la gloire du old-school Swedish Death Metal. Tout ici rappelle la scène de Stockholm du début des années 1990. A commencer par ce son de guitares "tronçonneuses" typique qui semble venir tout droit du Sunlight Studio. Alors forcément, ça groove à mort rien que par ce son délectable qui bave. Les Tchèques en rajoutent grâce à une basse cholestérolique (qui pourrait se faire plus présente cependant) de Burák (Jig-Ai, Eardelete, Negligent Collateral Collapse, Destructive Explosion Of Anal Garland...) et par des riffs mid-tempo headbangants à souhait ou du D-beat entraînant. Mais c'est surtout dans des rythmiques plus rapides que Brutally Deceased s'éclate, avec du thrashy accéléré qu'on retrouve à foison sur ce Dead Lovers' Guide. Ce qui fait vraiment la différence toutefois, c'est cette grosse dose de brutalité qu'injecte le combo à ses compos. Ne vous étonnez pas, dès lors, de rencontrer des parties blastées pas piquées des vers qui vous colleront au mur, d'autant qu'utilisées avec parcimonie et intelligence contrairement aux groupes modernes qui en font toujours plus, elles se révèlent encore plus jouissives. Écoutez donc l'intro fulgurante de "...And Here I Die Forsaken" (encore un titre qui rappelle Grave!) ou "All That Rots And Withers", morceau le plus brutal de l'opus, vous m'en direz des nouvelles! Des blasts furieux à la limite du grind, finalement pas si étonnant puisque c'est Stefy de Jig-Ai derrière les fûts. Et il bourre Stefy, grave (de rien, c'est gratuit)! Rajoutez à cela le chant puissant et guttural du frontman et on se retrouve avec neuf titres virils à l'efficacité redoutable.
La Suède ne serait pas la Suède sans mélodie et Brutally Deceased s'en est rappelé. Mélangé à la brutalité ambiante et au groove qui tâche, le côté mélodique typiquement scandinave des Tchèques les rapproche fortement de Dismember. La formation faisait déjà montre d'un talent certain pour les riffs qui envoient, elle n'a pas non plus de raison de se cacher quand il s'agit de se faire plus romantique. Enfin...ça reste discret et toujours simple. Un peu comme l'adolescent qui achète un petit bouquet de roses à sa copine pour la Saint-Valentin histoire de mettre toutes les chances de son côté pour la pénétrer sauvagement sur le lit de papa maman. Et éventuellement l'étrangler, la démembrer et jeter les restes dans un étang à Pornic. Simple mais encore une fois efficace et catchy en rendant les morceaux encore plus facilement mémorisables. On aura aussi bien sûr le droit à des solos bien branlés (préférence personnelle pour "Blissful Desecration", They Shall Feast" et "Demise Of The Human Swine, morceau le plus modéré de l'œuvre) et quelques leads, notamment celle, lancinante, d'"...And Here I Die Forsaken" après la salve de blasts.
Et qu'est-ce que ce qu'on trouve en fin de parcours? Une reprise de Dismember bien sûr avec l'excellente "Override Of The Overture", titre d'ouverture de Like An Ever Flowing Stream, album de chevet des Tchèques, qui se fond parfaitement dans le reste. Alors c'est sûr, la révolution ne viendra pas par Brutally Deceased qui frôle le zéro niveau originalité et personnalité. Il faut plutôt voir en Dead Lovers' Guide un hommage vibrant, crédible et convaincant au vieux death metal suédois. Malgré l'indigestion de groupes de la sorte ces derniers temps, le quatuor a tout ce qu'il faut pour retenir l'attention des fans de Dismember, Grave, Entombed et compagnie grâce à une tripotée de bons riffs, du groove salissant, de la mélodie nordique imparable et des parties de blasts jubilatoires. De quoi faire succomber sans peine les nostalgiques.
| Keyser 12 Février 2011 - 1964 lectures |
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