Brutal Truth - Need To Control
Chronique
Brutal Truth Need To Control
J'en connais quelques uns qui ont dû tirer une drôle de gueule au moment de la sortie de « Need To Control », deuxième livraison d'un BRUTAL TRUTH ayant la lourde tâche de confirmer le coup de maître
« Extreme Conditions Demand Extreme Responses » (1992), un classique instantané du metal le plus extrême qui soit à pareille époque, un best of both worlds grind death à ranger aux côtés de « World Downfall » (TERRORIZER) et « Harmony Corruption » de la bande à Mark « Barney » Greenway.
Pourtant, Kevin Sharp, Dan Lilker, Rich Hoak et Brent McCarty (alias Gurn) changent leur fusil d'assaut d'épaule en délaissant complètement les composantes death de leur grindcore furibard, au profit de quelques fondamentaux hardcore («Media Blitz », reprise de THE GERMS featuring Mike « EYEHATEGOD » Williams, la rentre dans le lard « Choice Of A New Generation ») moins déstabilisants que la schizophrénie galopante frappant l'essentiel de leurs nouvelles compos. D'entrée de jeu, les frappadingues de New York donnent le si bémol avec une relecture malsaine de l'opening track de « F.E.T.O. », une « Collapse » en forme de croc en jambe à l'attention de ceux qui, friands de tempos speedés, s'attendaient à succomber manu militari sous un déluge de blasts et de vociférations bestiales. En collant une telle bombe à retardement dans les pattes de ceux qui espéraient un « Extreme Conditions » bis, BRUTAL TRUTH prend le risque de s'aliéner une bonne partie de sa fan base, celle ne jurant que par Scott Burns et la vague death metalllique du carrefour des 90's. Avec tout le recul permis par l'œuvre du temps et l'évolution du genre, bien leur en a pris au regard de l'effondrement de la scène peu de temps après leur passage aux Morrisound Studios. Et si Richard Hoak donne le change en mitraillant son kit de plus belle sur la féroce « Black Door Mine », on sent bien que l'essentiel est ailleurs sur un skeud empruntant moult chemins de traverse industrialo-bruitistes. L'agression frontale, une solution de facilité que BRUTAL TRUTH écarte régulièrement en truffant la cellule capitonnée par Colin Richardson d'interludes noisy assez dispensables (l'outro « Crawlspace », la pénible et interminable « Ironlung ») et de titres à géométrie variables régulièrement ponctués d'éclairs de génie grind (le break phénoménal à 01 :11 sur « Mainliner »).
Au premier contact avec cet asile de fous rendus furieux par un Kevin Sharp effrayant de bestialité, on cherche en vain une porte de sortie dans un tracklisting labyrinthique abritant autant d'accès de fièvre (le shoot d'adrénaline « Turn Face », le backdraft « Bite The Hand ») que de retours d'acide non désirés (les dissonances et autres flashs hallucinatoires de « Godplayer » valent bien un passage sur la chaise électrique !). Exit le death uniformisant de « Extreme Conditions » donc, place au groove infernal qui fait des petits jusqu'à Birmingham (NAPALM DEATH fera de même sur « Fear, Emptiness, Despair », avec un peu moins de réussite), Brent McCarty livrant une partition bien plus personnelle en jouant la carte de l'oppression, submergeant l'auditeur de plans aussi barrés qu'un chanteur passé définitivement du côté des illuminés (limite spectral sur « Brain Trust »). Le growl est dans l'ensemble toujours de rigueur sur « Need To Control » mais régulièrement ramené à la déraison par une avalanche de cris pareils à de véritables décharges d'énergie brute. Une prestation hallucinante de Kevin Sharp qui fait écho aux inspirations monstrueuses de titres comme « Ordinary Madness », LE chef d'œuvre d'un album qui passe la vitesse supérieure dans son dernier tiers, sans pour autant regarder derrière son épaule déboitée et revenir dans un giron death plus traditionnel. Loin d'être aussi immédiat que son illustre prédécesseur, « Need To Control » n'en reste pas moins un album incroyable, doté d'une production surpuissante (la basse de Dan Lilker claque comme jamais) et, last but not least, à ce point avant-gardiste qu'une sortie similaire en 2011 passerait sans problème pour une très grande réussite. On ne peut plus essentiel donc, à l'image de la plupart des productions d'un BRUTAL TRUTH définitivement à part dans la sphère grindcore.
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