S’il y avait bien un album sur lequel je ne m’étais mis aucune pression, c’était bel et bien celui là. Pour imaginer BRUTAL TRUTH se planter après l’excellent
« Evolution Through Revolution », avec toute la bouteille que leur confère une carrière entrecoupée par un split mais forte de quelques pierres angulaires du genre (« Extreme Conditions Demands Extreme Responses »,
« Need To Control »,
« Sounds Of The Animal Kingdom »), franchement, il fallait vraiment verser dans le pessimisme le plus noir. Tout au plus pouvait-on craindre, au vu des forces en présence à nouveau réunies aux Watchmen Studios (Doug White, Jason P.C. de BLOOD DUSTER et Scott Hull de PIG DESTROYER), un risque de redite et un nouveau skeud dans la droite lignée du précédent. Sur ce point, soyons rassurés de suite : en bon poil à gratter de la scène qui n’a jamais caressé ni fans ni critiques dans le sens du pelage, BRUTAL TRUTH fait ici le choix d’une puissance moindre au profit d’un rendu plus punk, plus noisy qui suffit à conférer à « End Time » une aura de singularité.
Et tout de suite le bât blesse, malgré un titre d’ouverture évoquant fortement le « Collapse » de NEED TO CONTROL. Une « Malice » délicieusement rampante, malsaine et nauséabonde qui semble annoncer un opus profondément tourmenté avant que ne déboulent 21 autres compos (passons sur l’insupportable piste bruitiste finale, véritable calvaire y compris pour les habitués) alternant schizophrénie galopante, batterie mitrailleuse faisant passer un parkinsonien pour un candidat PS à la présidentielle, rugissements bestiaux, riffs maladifs et discordants. Présenté comme ça, c’est du BRUTAL TRUTH classique, malgré l’acharnement du quatuor à sauter maintes étapes pour ne jamais donner dans le prévisible. Et c’est là que revient en mémoire le pénible « Kill Trend Suicide » (1996), mini album qui m’avait vacciné contre BRUTAL TRUTH pendant quelques années avant que le comeback album ne me redonne foi dans le grindcore des New-Yorkais. Où l’on se retrouve avec une extended version de la chose, les mêmes tares qui plombaient l’affaire il y a quinze ans se retrouvant diluées dans un ensemble parfois plus fonctionnel (les short cuts « Twenty Bag », « Swift And Violent » et « Trash ») que barré mais à l’efficacité vraiment toute relative. Expurgé des plus métalliques de ses sonorités, « Endtime » déconcerte souvent par des parties rapides qu’on sait grandement maîtrisées mais qui sonnent bordéliques, BRUTAL TRUTH franchissant la limite fragile instaurée par un
« Sounds Of The Animal Kingdom » qui parvenait miraculeusement à camper du bon côté de la barrière. Une question de perception et de background perso ? Possible, toujours est-il que l’impression de subir une rondelle d’alternatif gavée de blasts fait amèrement regretter la force de frappe d’un
« Evolution Through Revolution » qui contenait son lot de tueries absolues (« Sugardaddy », « Get A Therapist, Spare The World ») à défaut de révolutionner la scène. A l’inverse, difficile de se raccrocher à quoi que ce soit ici (« .58 Caliber » ???) tant le groupe semble se complaire dans une forme d’autisme arty visant à ne jamais se laisser domestiquer, à l’image des tics de jeu horripilants d’un Erik Burke surjouant le forcené de la six-cordes jusqu’à l’écœurement. Même Kevin Sharp, d’ordinaire impeccablement dérangé, apparaît ici en retrait et si la section rythmique Dan Lilker/Rich Hoak reste difficilement criticable, le meilleur dans tout ça reste sans doute le livret, brillante série de vignettes post-apocalyptiques qui raviront les fans de la série Fallout (Ah ce « Stay Informed » ! Juste énorme). C’est bien peu de choses mais d’un autre côté, si la fin des temps annoncée pour 2012 se précise, il ne reste plus guère de temps pour s’en plaindre.
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