Sortant de nulle part, "Frore Meadow" est le troisième album de ces finlandais, qui sont au nombre de deux (pas plus, pas moins) : d'un côté, on a Tony K. Kristian qui s'occupe de la batterie et des samples et bien évidemment, de l'autre côté, on retrouve l'âme du groupe, Juhani Palomäki qui fait le reste et qui compose également tout, musiques et paroles. Et autant le dire tout de suite, cet album est décevant car inégal : vous y trouverez aussi bien du bon que du moins bon.
On pourrait facilement se laisser séduire par la beauté de ce digipack (car il me semble qu'il n'y a pas d'autres versions) et le moins que l'on puisse dire, c'est que techniquement, cet album a la classe : en plus de ces qualités visuelles, le son est très bon, puissant et mélodique, laissant une bonne place au batteur qui n'hésite pas à marteler ses futs (surtout la grosse caisse d'ailleurs) et à la guitare solo qui navigue aux côtés du chant. Côté technique, les musiciens n'ont plus rien à prouver, mais la plus grande prouesse de cet album concerne sans aucun doute le chant, interprété par Juhani qui n'a désormais plus rien à envier à qui que ce soit. Sa maîtrise est vraiment impressionnante et surtout emprunt de sensibilité, fait pas si commun de nos jours. Et il n'en a pas pour autant délaissé son hurlement qui n'a rien perdu de sa crédibilité et de son intensité.
Parlons maintenant du contenu de l'album, que l'on pourrait facilement couper en deux, avec d'un côté les quatre premiers morceaux et de l'autre côté, le reste. Oh oui, "Frore Meadow" commence très bien, avec la piste 1 intitulée "Bleak". Yearning nous offre sur ce morceau, ce qu'il a de plus grand, de plus majestueux, rassemblant à lui seul toute la puissance de cet album, mais aussi toute la dimension émotive qu'un groupe de doom de cet trempe pourrait produire. Et les trois compositions qui suivent desservent bien cette ouverture, nous proposant des variations sur le même thème, oscillant toujours entre douceur et violence, termes qui ont rarement été aussi bien liés...
Mais à partir de l'instrumentale "Years of Pain", tout s'envole. Déjà, cette dernière est plutôt ennuyeuse et pas spécialement inspirée. La suite fait également un peu remplissage comparé aux premières compositions : les morceaux n'ont pas vraiment d'unité, sont de qualité moyenne et n'ont pas la profondeur que le groupe nous a fait miroité au début. Le dernier morceau qui est le plus long de l'album (presque 9 minutes !!!) ne contient que des sons d'ambiances. Certes, on pourrait le rapprocher de la pochette de l'album, mais musicalement l'intérêt est également très limité. Heureusement, "Elegy of Blood" relève un peu le niveau vers la fin, même si elle reste en dessous de ce que Yearning sait faire.
Connaissant le talent du 'sieur Palomäki, cet album est vraiment décevant par son inégalité, comme si le groupe avait du enregistrer un album complet au lieu d'un EP. Car si "Frore Meadow" n'avait contenu que les 4-5 premiers morceaux, la note aurait été toute autre. Là, on est proche du foutage de gueule et c'est d'autant plus rageant que Yearning avait toutes les clés en main pour nous pondre un chef d'oeuvre. Heureusement, ils rattraperont le coup quelques années plus tard avec le sublissime
"Evershade" (cf. chronique sur Thrasho), que je vous conseille bien plus que celui-ci.
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