Draugen - Among the Lonely Shades
Chronique
Draugen Among the Lonely Shades
Ce Among The Lonely Shades que nous livre DRAUGEN, groupe plutôt improductif fondé en 2000 et qui ne livre son premier jet qu’en 2011 fait partie de ces nombreux disques qui sortent et qui n’ont pas vraiment de quoi attirer le chaland noyé sous de nombreuses sorties dont beaucoup lui semblent bien supérieures. En plus, DRAUGEN, c’est un nom qui ne dit pas grand-chose aux aficionados de la scène française : deux hommes aux deux énigmatiques démos restées dans le cercle intime gravitant autour du groupe et aucun concert, voilà un groupe qui souhaitais rester discret jusqu’à cette sortie chez le bon label français Ancestrale Production, qui nous a régalé à plusieurs reprises, notamment avec DARKENHÖLD et son convaincant A Passage To The Towers chroniqué ici par les soins de ce bon von_yaourt. Sa chronique, que je vous invite à lire, saura résumer mieux que moi la récente bonne pioche du label français. En est-il de même avec DRAUGEN, qui vient livrer à nos yeux un bel objet doté de paroles en français, en anglais et en allemand ? En tout cas, l’utilisation de plusieurs langues réussit bien aux lorrains, qui savent utiliser les sonorités de chacune d’entres elles à bon escient et donc s’insèrent à merveille dans leurs huit morceaux.
Pourtant, malgré cette qualité inhérente à Among The Lonely Shades, les nombreuses écoutes que j’ai fait du disque ne révèlent rien d’enthousiasmant. Quelques bons points pour les lorrains : leur Black Metal atmosphérique varié aux consonances « mélancoliques » ne donne pas dans la surenchère de riffs faciles et consensuels, préférant créer une atmosphère plus étrange, torturée et alambiquée, qui ne tombe jamais dans la facilité, à l’image de ces changements de rythme maîtrisés. On ne rentre ou on ne rentre pas dans l’atmosphère de DRAUGEN, et c’est parce-que je n’y suis pas rentré que par contrecoup, cette atmosphère reste assez plate, insipide, voire même indigeste pour l’auditeur habitué à une qualité réelle : les riffs des français, bien que travaillés, n’ont rien d’exceptionnels, rien de transcendants, et l’ambiance, ou même la haine, ne décolle jamais vraiment. Ce manque criant de haine et de rage salvatrice, qu’on peut aisément trouver dans les groupes qui jouent dans ce même registre sans que cela n’affecte en rien leur ligne de conduite est le plus gros défaut de DRAUGEN et avait pu, par exemple, faire le gros défaut d’un groupe comme IMPERIUM DEKADENZ notamment. Sans doute est-ce du à la voix de Ghost, un des points faibles du disque. De même, les interludes à la guitare acoustique sont même très chiants, disons le carrément (« Vielleicht besteht nichts », « Über kalte Flüssel und Schneebedeckte Wälder »). Oui, même si on sent chez les deux musiciens une vraie maîtrise de leurs instruments, avec notamment une finesse agréable dans le jeu de batterie, une basse bien présente et inspirée, ainsi qu’un touché plutôt rare dans la guitare acoustique (bien que les passages où elle agit seule me débectent, soyons francs) de même qu’un authentique savoir-faire du son et de la production (on a là des gens qui savent s’enregistrer, c’est sûr !), l’ensemble reste fade et fort limité. Alors bien sûr, il y a de bons passages, comme le final de « Time of Sadness is coming », moment fort du disque où le groupe parvient à combiner riffs travaillés et inspirés et intensité dans l’atmosphère. Par ailleurs, Ghost se réveille sur ce morceau et ses hurlements sont plus prenants, bien que restant quand même très moyens. Quelques autres passages parviennent à me faire apprécier l’essence des français, avec notamment « Forgotten Times » qui bien qu’il traîne en longueur sur la fin, s’avère être un morceau assez bon qui redonne un peu de peps au contenu général après le désolant « Über kalte Flüssel und Schneebedeckte Wälder ».
Effectivement, au milieu de toutes ces faiblesses qui affectent le contenu général, il y a des moments qui éveillent l’auditeur et qui montrent le groupe sous un jour nettement plus favorable, tant et si bien qu’on pourrait voir en DRAUGEN, malgré ses défauts et son manque d’efficacité, avec notamment cette voix qui manque cruellement de puissance, un potentiel à exploiter sur un prochain disque. Mais malheureusement pour ces français, Among The Lonely Shades n’a pas la carrure d’un bon disque de Black Metal : le voyage que veut proposer DRAUGEN avec quand même une vraie maîtrise du registre dans lesquels les lorrains veulent s’imposer, témoignage d’une certaine expérience, ne m’a pas emporté bien loin. Et c’est bien dommage de constater, pour un groupe français qui semble intelligent dans la composition des paroles comme dans celle des riffs (en ne succombant jamais à la facilité), que le rendu de leur œuvre est bien moyen, surtout qu’elle semble être le résultat d’années d’efforts et de peaufinage. Peut-être DRAUGEN a-t’il été trop perfectionniste sur Among The Lonely Shades ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite !
| Voay 2 Août 2011 - 1699 lectures |
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