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Beyond Creation - The Aura
Chronique
Beyond Creation The Aura
S’il est bien une région qui, doucement mais sûrement, est en train de voir naître en son sein une des écoles les plus prestigieuses en matière de death technique et progressif, il s’agit bien du Québec. Elle se précise peu à peu à grands coups de tours de force minutieusement composés, d’autant plus éclatants qu’ils créent toujours la surprise de par leur éclectisme sans limites et leur inspiration débordante dans ce tsunami permanent de sorties. Il semblerait bel et bien que l’empreinte laissée par les grands qu’ont été en leur temps Pestilence, Gorguts ou encore Obliveon semble aujourd’hui plus que jamais couler dans les veines de la nouvelle génération. Ayant notamment pour chefs de file des groupes tels que Quo Vadis ou Augury, qui sont d’ores et déjà inscrits au panthéon du genre, cette mouvance locale se doit désormais d’accueillir un nouveau prétendant, propageant avec le même talent que ses aînés ce death incontestablement personnel et pourtant propre à cette scène de par sa folie, sa technicité et cette complexité dans l’art de la composition en tout point désarmante. C’est donc avec une assurance presque infaillible que je compte désormais Beyond Creation parmi les valeurs sûres de cette sphère hautement périlleuse et compétitive. A vrai dire, je ne pense pas qu’il aurait pu être un meilleur album pour me remettre sur les rails de l’écriture et je vous prie, lecteurs, de vous attendre à quelque de chose de grand car je suis intimement persuadé que nous tenons là un des plus grands disques de l’année en la matière.
Admirablement mis en valeur par l’artwork soigné et approprié du talentueux Marco Hasmann, une seconde information vient également augmenter l’attrait avant même l’ouverture du boîtier puisque le quatuor compte en ses rangs le prestigieux bassiste Dominic Lapointe - respectivement intérimaire et malheureusement ex-membre des mêmes Quo Vadis et Augury entre autres - presque porteur à lui seul d’un des charmes particulier de cette scène. S’il s’agit donc ici d’un tout premier méfait, le bien nommé The Aura, il faut toutefois prendre en compte le fait que le groupe n’en est pas pour autant à son premier gallot d’essai puisque six ans séparent déjà cette entrée dans la cours des grands et l’association du guitariste-chanteur Simon Girard, du batteur Guyot Begin-Benoit et du célèbre bassiste. Si un second guitariste en la personne de Kévin Chartré vient compléter le line-up, il faudra toutefois attendre 2010 pour qu’une première démo voie le jour, la faute probablement aux projets parallèles de certains et aux chamboulements engendrés par l’arrivée tardive d’autres. S’en suit enfin un passage sous les machines de Christian Donaldson qui réalise ici un travail de maître que bien peu parviennent à atteindre tout en gardant un son aussi naturel ainsi qu’un contrat avec le très modeste label PRC Music et nous voilà arrivé au moment de rentrer dans le vif du sujet, ô combien satisfaisant et prometteur d’un grand avenir.
Sautant la case introduction par un bref martelage de fûts, le quatuor entame sans plus attendre le plat de résistance et vient décontenancer dès les premières secondes l’auditeur sous un raz-de-marée de notes aussi polyphoniques que cohérentes entre elles. « No Request For The Corrupted » installe sans délicatesse un rythme infernal qui ne se calmera qu’en de rares mais judicieuses occasions, ainsi les riffs s’enchaînent et s’entremêlent avec une fluidité déconcertante, dosant savamment parties d’une brutalité sans fioritures et enchevêtrements de leads d’une complexité de haut vol. Jamais loin, la basse fretless de Forest au doigté reconnaissable entre mille est en perpétuelle agitation et s’autorise quelques sorties sur le devant du mix que beaucoup sauront apprécier tandis que le batteur pose avec une constance et une technicité déboussolantes les bases imparables de ce déluge d’informations sonores qui ne finit pas de se révéler à mesure des écoutes. Ne perdant jamais le fil au long de ces structures à multiple tiroirs, le groupe parvient à conserver à chaque instant sa ligne de conduite, alliant avec dextérité plans d’une violence pure et cette finesse si difficile à préserver à un tel niveau de jeu comme le démontre le magistral pont central de "Coexistence" qui, après dix minutes d’une densité extrême vient adoucir le climat et permettre un solo de basse comme on rêverait d’en voir plus souvent. Du riffing entêtant du court "Chromatic Horizon" à la fusion totale du couple guitares / basse sur "Omnipresent Percreption", Beyond Creation à indéniablement trouvé son champ d’action et fait preuve à tout instant d’un talent de composition hors pair qui fait passer ces cinquante-quatre minutes à la vitesse d’une triple croche. Les vocaux plus conventionnels de Simon Girard seraient le seul point négatif qui viendrait réellement affecter ce paysage idylliquement infernal qui, comme bien souvent dans ce style apportent une certaine lourdeur à une musique qu’on aurait peut-être préféré uniquement instrumentale. Cependant un final de la race de celui du titre éponyme, enivrant au possible, et une interlude aussi subtile que "Elevation Path" ne peuvent qu’excuser ce genre de défaut, d’autant plus si le coup fatal est de la trempe de "The Deported", incroyable morceau de onze minutes plus courtes que jamais où les quatre musiciens déversent avec générosité tout le talent et la virtuosité qu’il leur reste après un déballage de cette intensité et de ce niveau.
L’image d’un groupe retrouvant enfin ses instruments après une trop longue séparation ne quitte jamais tout à fait l’esprit tant la vitalité et le mouvement perpétuel sont omniprésent, tant les idées affluent par poignées à tout moment. Beyond Creation signe définitivement ici une entrée en la matière d’une très grande classe qui tire d’autant plus sa carte du jeu que la plupart des mastodontes de la scène extrême ont actuellement la fâcheuse tendance à s’enfoncer six pieds sous terre tandis que les quelques dernières grosses attentes de l’année mettent une éternité à voir le jour. La plus grande révélation de ce premier semestre pour ma part et un achat quasi indispensable pour tout amateur de ce genre qui se respecte. Grand vous dis-je !
| Squirk 6 Septembre 2011 - 4571 lectures |
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