Beyond Creation - Earthborn Evolution
Chronique
Beyond Creation Earthborn Evolution
Il a été une fois où l'on s'est dit : « Je te retrouverai. Peu importe où nous serons, nous retournerons vers l'autre. Et ce jour-là, le soleil aura un éclat différent, le monde n'aura plus les mêmes couleurs, les formes changeront ; la vie nous apparaîtra comme jamais elle nous a été dévoilée. »
En cette fin de saison, je me sens immobile au bord du monde, là où l'humanité danse sur ses propres limites, sur le fil du rasoir. Je me vois flottant, étrangement inquiet et calme à la fois, comme si l'inévitable mélancolie était à venir ; je devrais me battre, puisque je fais déjà face à de nombreuses choses. Il y a juste que, ces derniers temps, ce que j'affrontais venait en masse, et je devais rester fort, préserver ma puissance. Bientôt, ce vague à l'âme viendra seul ; et seul je serai face à cela.
Et, sorti de nulle-part, tu reviens. On se l'était dit.
Je te retrouve changé, et ne te comprends pas totalement. Tu me parles de spiritualité, de société, de l'homme sur le déclin, voire d'éléments venus d'ailleurs ; je sens même poindre, dissimulées dans quelques mots, des références à de la géométrie non-euclidienne. Tout dans tes paroles tourne autour de nos addictions, de nos frontières, des dominations que nous subissons au sein de ce monde en perpétuelle évolution.
Tes mots ont quelque chose de fort, d'élevé malgré le poids que ta voix porte. Tu craches certaines syllabes, parfois tu t'adoucis, mais jamais tu ne grognes vraiment. C'est comme si tu chantais un râle de fin de vie, ou de début de mort. Tu m'as l'air au-delà des considérations auxquelles je m'accroche, et préoccupé par des choses qui me dépassent – et dont tu cherches à me faire prendre conscience.
Avec toi, je me laisse emporter par un flux. Ce que tu me partages s'appuie sur une musique que je pense connaître... Seulement, j'y trouve des accents inconnus, venus d'autres horizons que j'ignorais. Dans ton discours, tu fais des ruptures, tu laisses respirer ton propos, comme si une basse devait y venir pour caresser, épouser certains instants. Par moments, tout s'emballe, tu me saisis au col et de ton doigt tu désignes quelque chose dans le ciel. J'y vois le fracas de chocs enchaînés, étouffés par des notes de guitares. Elles s'écoulent avec fluidité, portées par des vents cosmiques. Comment je le sais ? Je l'ignore ; mais tu approches les choses avec tant de précision que j'ai le sentiment de toucher ce que tu as connu, et que tu veux me transmettre avec minutie.
Au delà des révérences insaisissables, d'un processus fondamental ou de ce que nous nous transmettons, l'axiome défendu est celui-ci : l'empereur n'est pas un guide, il mourra. L'humain est complexe, mais n'en reste pas moins faible, réduit à néant sous l'implacable univers qui semble l'observer au mieux avec mépris, au pire avec indifférence. Cet Homme qui se sent obligé de parler de son espèce avec une majuscule, mais reste incapable de saisir cette infinité qu'il devra affronter, au bord de son existence.
Tu m'as retrouvé, je sens ta main compatissante parcourir mes épaules. Ton sourire est fugace ; ta complicité s'égare dans ces mélodies d'une Terre mourante, de vies décrépites. Entre beauté et rouille, envolées et raffuts, tu sembles avoir capté l'essence même de ces émotions qui me rongent.
Un pied dans le monde ; un pied dans la tombe.
| MoM 2 Juillet 2017 - 2365 lectures |
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