Tomahawk - Mit Gas
Chronique
Tomahawk Mit Gas
Puisque le Général Patton (sans les X-Ecutioners) a décidé de déterrer la hache de guerre durant la saison des blockbusters – quatrième album prévu pour l’été 2012, avec Trevor Dunn – opérons un flashback du côté de TOMAHAWK, et son cimetière indien indie rock où plane parfois le spectre d’un FAITH NO MORE (le refrain de « Captain Minight », qu’on aurait bien vu sur « King For A Day ») pour l’heure seulement ressuscité sur les planches. Et mieux vaut attaquer par « Mit Gas », deuxième opus valant bien plus une réhabilitation que l’arnaque « Anonymous » sortie en 2007, et qui s’est au final soldée par le regrettable départ du bassiste Kevin Rutmanis.
Mais croix de bois, croix de fer, c’est bien de gros son que l’on cause sur une galette reconduisant le line-up du premier full length éponyme, prototype même du super groupe featuring Mike Patton donc, mais également le guitariste Duane Denison (THE JESUS LIZARD), le batteur John Stanier (HELMET) et Kevin Rutmanis des MELVINS à la basse. Et à premier opus extraordinaire, déception (légère) forcément de mise pour une séquelle qui reprend les éléments dark western initiaux tout en accentuant la dimension electro de la chose, l’aspect shamanique n’étant plus présent ici que par intermittences. Tout en étant à la fois plus court et moins mystique que « Tomahawk » (2001), « Mit Gas » s’avère donc très direct et s’appuie sur des rythmiques nerveuses qui balaient l’auditeur comme un fétu de paille (« Rape This Day », « Mayday »). Les chiens ! Comment diable résister à l’appel du colt sorti de son étui (les guitares évanescentes de « Birdsong », la furia noisy de « Rotgut ») passé une aube break beat annonçant le retour de la horde sauvage ? Très difficilement, d’autant que le jeu égal entre grattes possédées par les esprits et basse à réveiller les morts confédérés est de nouveau de mise (le formidable démarrage de « Rotgut »). Un convoi fantôme que l’on prend d’autant plus de plaisir à suivre que l’arme fatale Mike Patton tourne à plein régime, entre délire hispanisants (« Natural Disaster »), schizophrénie naturelle (tous les pré-chorus, en gros) et refrains parfaits en forme de guet-apens pour fans de la première heure (MAY-DAY !!!!!).
Mais très vite, malgré l’efficacité indéniable de cette nouvelle chevauchée alternative en territoire native american music, on pressent qu’il manque quelque chose. Et pas seulement parce qu’ en bon vieux chef indien peu désireux de voir la lie de l’Europe venir souiller la terre de Geronimo, Wes Studi et Chuck Billy, Patton pratique la politique de la terre brûlée sur une fin d’album retombant dans des travers expérimentaux dont le bonhomme est coutumier. Ça passe parfois (souvent, diront les aficionados de MR. BUNGLE) mais pas ici, la bruitiste « Harlem Clowns » - et son sample de Judy Garland tournant en boucle - virant rapidement au mal de tronche carabiné quand la prometteuse « Aktion F1413 » ensevelit un début de ballade sauvage sous une couche de gravats bruitistes incitant à la coupure générale pure et simple. Non, malgré deux dernière pistes aux allures de cul de sac, c’est bel et bien le manque d’unité qui pose problème, « Mit Gas » capitalisant sur des titres certes irrésistibles (« Rape This Day », « Mayday », « When The Stars Begin To Fall » et son solo déchirant) mais aux liens plus distants que les treize compositions chevillées au corps d’un « Tomahawk » affuté jusqu’aux plumes de son manche. Au coup d’essai coup de maître précédent succède donc un album juste excellent qu’on prendra plaisir à sortir de sa réserve, sans pour autant danser la jigue sur une plateforme surplombant le stade en attendant que le méchant de service finisse broyé par les pales d’un hélicoptère.
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