Macabre - Sinister Slaughter
Chronique
Macabre Sinister Slaughter
Comme dirait Tuco : dans ce monde il y a deux catégories de personnes, ceux qui détestent Macabre, et ceux qui adorent Macabre. Les premiers avancent qu'il ne s'agit que de trois tarés consanguins incapables de jouer une chanson qui ressemble à quelque chose, alors que les seconds associent volontiers la folie du groupe à du génie trop souvent incompris. Et je me place assez aisément dans la seconde catégorie, après tout Aristote ne nous a t-il pas appris qu'il n'y a point de génie sans grain de folie ? Alors oui Macabre est bien un groupe composé de trois détraqués adorateurs de tueurs en série, mais il s'agit également de musiciens hors pair qui possèdent un sens de la composition unique, alliant à merveille groove et n'importe quoi musical.
Macabre est un groupe américain formé à Chicago en 1984 par Corporate Death (Guitare/voix), Nefarious (Basse/voix) et Dennis The Menace (Batterie). Le groupe sort en 1987 sa première démo, Short List, puis l'excellent EP Grim Reality, toujours en 1987. En 1989 le trio sort son premier album, véritable OVNI dans la scène musicale de l'époque sobrement appelé Gloom, qui posait déjà les bases du style propre à Macabre : le Murder Metal. Du Thrash et du Death agrémentés d'influences Grindcore et proposant des relents de chansons populaires, le tout couplé à des expérimentations instrumentales toutes plus délirantes les unes que les autres. C'est dans ce registre que s'inscrit ce Sinister Slaughter, sorti sur Nuclear Blast en 1993. Néanmoins ce second album se démarque de son prédécesseur sur différents points. Tout d'abord l'aspect Grindcore est amplement moins prononcé, les chansons durant en moyenne 3min, contre à peine 1min30 pour Gloom, les compositions s'avèrent plus travaillées et plus complexes. Le chant de Corporate Death a également évolué, se faisant plus contrôlé dans les aigus, il tape moins sur le système que sur les réalisations précédentes.
La première chose qui surprend à la découverte de cet album est sans nul doute sa cover directement inspirée du Sgt. Pepper des Beattles (dont les membres de Macabre sont fans), qui représente une photo de famille des plus célèbres tueurs en série. Vous pouvez ainsi vous amuser à retrouver Ted Bundy, Richard Ramirez, Jeffrey Dahmer ou encore John Wayne Gacy. On retrouve également cette adoration pour les pires personnages de l'histoire au niveau des paroles, chacune des chansons de l'album relatant l'histoire d'un de ces tueurs en série, toujours traitée avec une bonne dose d'humour noir. Ces paroles proprement hilarantes sont de plus rendues très compréhensibles par la très bonne élocution de Corporate Death, également capable d'alterner chant hurlé de dément et growl extrêmement bas avec une grande justesse. Il est toutefois possible que vous soyez rebutés par le type de voix suraiguë qu'utilise Corporate Death, tant ce timbre est inhabituel.
Niveau instrumentation les compositions de l'album restent la plupart du temps assez basiques, mais diaboliquement efficaces. Des passages pourtant très techniques, comme l'intro de "What the Hell Did you Do" ou "Vampire of Dusseldorf", nous prouvent que Corporate Death et Nefarious manient très bien leurs instruments. Le jeu de batterie de Dennis the Menace quant à lui est reconnaissable entre mille, notamment par l'utilisation déstructurée très particulière de la grosse caisse, donnant parfois même l'impression que le bonhomme ne contrôle plus ses pieds, mais qui colle vraiment bien au style pratiqué par Macabre.
Mais mis à part le jeu de batterie si particulier de Dennis The Menace et les crises d'épilepsie aussi soudaines que brèves des deux instruments à cordes, Sinister Slaughter reste l'album de Macabre le moins expérimental, seul le titre acoustique "Mary Bell" sort un peu du lot. Malgré tout l'album reste vraiment jouissif, et contient des classiques du groupe comme "Albert Was Worse Than Any Fish In The Sea", "Vampire of Dusseldorf", ou encore "Zodiak" (dont les paroles sont en fait une lettre écrite par le Zodiak lui même et envoyée à la police), devenue la chanson d'ouverture de chaque concert du groupe.
Petit coup de gueule tout de même à l'encontre de Nuclear Blast, qui a vraiment chié dans la colle avec la réédition de l'album comprenant l'EP Behind the Wall of Sleep. Digipack maigrichon, pas de photos, absence des paroles de l'album (celles de l'EP sont présentes par contre...), voilà qui est bien dommage pour un groupe dont les textes occupent une place importante. Heureusement la présence de la biographie du groupe rattrape un peu le tout. Je ne peux donc que vous conseiller de vous procurer la version originale, bien qu'elle soit désormais difficilement trouvable !
| Høsty 19 Mars 2012 - 3198 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Ratus 11/08/2015 21:24 | note: 8.5/10 | Le vynile a été réédité, sautez dessus vindieu ! |
citer | Pff aucun commentaire ? Où est passé le bon goût ? |
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2 COMMENTAIRE(S)
11/08/2015 21:24
13/07/2012 11:41