Je ne sais pas ce qu'il a de si spécial ce mois d'avril 2012 pour qu'une bonne partie de mes groupes favoris se décide à sortir une nouvelle production. Nouveau Anathema, nouveau Ram-Zet, nouveau Moonspell, nouveau Cradle Of Filth (enfin un réenregistrement), je ne suis pas sûr de pouvoir suivre la cadence vu ma capacité chroniquatoire (ce mot vous est offert par la maison) de ces derniers temps. Mais visiblement, ça ne suffisait pas : voilà que nos amis transalpins prennent l'envie de déballer leur troisième album en fin de mois, là comme ça. Enthousiasmé par les deux précédents, je ne pouvais pas laisser de côté cette petite sucrerie. Malheureusement, elle laisse plutôt en bouche, un goût amer...
Ressemblant au départ plus à un side-project qu'à un véritable groupe, The Foreshadowing semble avoir trouvé une véritable raison d'être. Avec en moyenne une sortie tous les 2 ans, il faut croire que la douleur inspire.
"Oionos" montrait déjà une nette progression comparé à
"Days Of Nothing" en termes d'identité et "Second World" continue dans ce sens. Moins larmoyant, moins pleurnichard, leur style mise plus sur le désespoir que sur l'aspect gothique que l'on ne ressent qu'à travers le chant caverneux de Marco Benevento (rappelant parfois celui de Fernando de Moonspell) et certains passages plus calmes. Plus de doom donc et ça, personne ne s'en plaindra, avec les tempos lents et les guitares écrasantes qui vont avec, un doom hérité de l'école scandinave, froid et mélodique comme peuvent l'être les Swallow The Sun et autres Slumber. Une grande partie de la beauté de leur musique tient d'ailleurs sur ces arpèges de guitare et ces leads qui guident les compositions, à l'instar du katatoniesque "Ground Zero". Véritable pilier de l'image du groupe, Marco, égal à lui-même, imprime au fer rouge chaque moment de cet album par sa voix d'outre tombe dont la justesse n'a pas failli depuis
"Days Of Nothing". Sa présence apporte toute la mélancolie et l'humanité sans lesquelles The Foreshadowing serait amputé d'un visage.
Evoluant toujours dans cet esprit d'apocalypse, "Second World" illustre parfaitement un monde à l'agonie, un bloc de noirceur sans aucune note d'espoir dont l'atmosphère pesante est renforcée par un certain sentiment de fatalité. En effet, les choeurs monastiques, les sonorités quasi-religieuses des claviers et les sons de cloche donnent à l'ensemble un côté solennel qui nous conduit inéluctablement vers le fond. Et pourtant, malgré ce que pourraient évoquer ces éléments liés à la spiritualité, je trouve que cet album manque d'âme. Si The Foreshadowing n'a absolument rien à se reprocher sur la forme, de l'exécution et la production, on ne peut pas en dire autant de la qualité des compositions. Caché derrière son masque d'oiseau de mauvais augure, aucune émotion ne filtre, aucun temps fort et cette expérience se révèle en fin de compte presque aussi morne que le destin qu'elle annonce. Plats, linéaires, les morceaux à la base loin d'être mauvais, perdent leur singularité et se noient dans un tout trop homogène. De même, je suis de moins en moins convaincu par le choix du chanteur dont la monotonie des intonations n'arrange pas ce constat de répétitivité. Au final, à l'exception de quelques titres ("Outcast", "Ground Zero" ou "Colonies"), on ne retient pas grand chose de ces 55 minutes, contrairement à un
"Oionos" qui paraissait avoir trouvé la bonne formule. Un moment de flottement donc qui j'espère sera balayé par une suite à la hauteur du potentiel de nuisance émotionnelle qu'inspire le groupe. Rendez-vous dans deux ans.
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