Lorsque j'ai appris que Cradle Of Filth allait réenregistrer des extraits de ses 4 premiers albums à la sauce orchestrale, j'ai tout de suite pensé à un rafraichissement des meilleurs morceaux du groupe avec un véritable orchestre, dans l'esprit du grandiose "Puritanical Euphoric Misanthropia" de Dimmu Borgir. Pour un fan con de cette période de leur carrière, je vous laisser imaginer le degré d'enthousiasme. Mais je suis un peu comme Dani moi, je me fais des films. En réalité, "Midnight in the Labyrinth" est à peu près le contraire de ce que j'envisageais : au lieu de remplacer les claviers par des instruments, les Anglais ont remplacé les instruments par des claviers, afin de créer une sorte de BO de film d'horreur sur les airs qui ont fait leur renommée. Une démarche intéressante, qui aurait sans doute mérité un petit coup de pouce financier.
Un petit mot sur l'objet tout d'abord. Le digipack contient deux disques au contenu quasi-identique. Outre l'ordre des titres qui change, la principale différence se situe au niveau des interventions vocales de Dani et Sarah Jezebel Deva, absentes du second CD. Dans cette chronique, je m'attarderai uniquement sur le premier CD, le seul digne d'intérêt en ce qui me concerne. Ne vous attendez pas non plus à un émerveillement visuel : bien que dans l'esprit de leur musique, l'artwork signé Paul Allender ne casse pas des briques et la finition du digipack est sommaire. Le livret contient néanmoins quelques mots très intéressants de Dani sur la démarche artistique et la conception de cette oeuvre, afin de mieux l'appréhender. Et croyez-moi, ça n'est pas du luxe.
"Midnight in the Labyrinth" aura nécessité trois ans de travail, et à son écoute, on croit volontiers Mr. Filth lorsqu'il évoque les difficultés rencontrées pour adapter les hymnes piochés dans leur glorieux passé, aussi bien dans le choix des morceaux que dans leur réinterprétation. Guitares, basse et batterie ont donc cédé leur place à un ensemble de cordes, de cuivres, de percussions et de choeurs qui redessinent intégralement les multiples ambiances proposées par les compositions. De son côté, Dani ne reprend que des bribes de paroles, en narrant au lieu de japper afin de préserver l'atmosphère lugubre dégagée pour ces mélodies revisités. Au premier abord, le résultat est réellement surprenant : la transposition est tellement fidèle dans la progression qu'on attend les montées, les explosions, les accès de rage... Leur absence génère une certaine frustration et donne surtout envie d'aller écouter les originaux (ce que j'ai fait d'ailleurs).
Après quelques écoutes, si vous parvenez à vous détacher de vos souvenirs, le plaisir commence à poindre le bout de son nez. Certaines adaptations se révèlent particulièrement réussies (dans l'esprit) comme "Cruelty Brought Thee Orchids", "Funeral In Carpathia", "The Rape and Ruin of Angels" ou
"Dusk and Her Embrace". On se demande alors pourquoi des titres tels que "Beneath the Howling Stars", "Queen Of Winter Throned" et surtout "Bathory Aria" n'ont pas été sélectionnés. Toutefois, face à un projet aussi ambitieux, pourquoi ne pas avoir mis les moyens nécessaires pour lui donner l'envergure qu'il mérite ? Malgré la présence de choeurs et de quelques cordes, ce qu'on entend le plus, c'est du clavier. Malheureusement, les orchestrations de Mark Newby-Robson sont loin de la beauté d'un orchestre symphonique : au lieu de sublimer les mélodies, elles nous plongent dans une sorte de bande originale du pauvre, sans puissance, sans relief, plus proche d'une démo en midi que d'une oeuvre définitive. Certes, l'effet escompté semble être celui-ci d'après Dani qui parle de
"Soundtrack to a gothic horror movie" mais personnellement, le plaisir d'écoute en prend un coup. Même le piano sonne synthétique, c'est vous dire. Finalement, ce sont les interventions de Dani et de la charismatique Sarah Jezebel Deva (quelle voix tout de même) qui sauvent l'ensemble du naufrage en lui apportant un peu de naturel. Vraiment dommage...
Si l'intérêt de "Midnight in the Labyrinth" apparait quasi nul pour les personnes n'ayant pas ces albums dans leur tripes, il ne me semble pas moins indispensable pour les fans tant son côté *cheap* détériore la beauté de ces compositions ô combien fantastiques à l'origine. Pour moi, cette expérience ne restera donc malheureusement qu'une curiosité que je me serais bien passé d'acquérir. On vous aura prévenu.
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