Opera IX - Strix - Maledictae in Aeternum
Chronique
Opera IX Strix - Maledictae in Aeternum
Cela fait des années que j’attendais ce nouvel album d’OPERA IX. Je sais que j’étais le seul et que beaucoup sont insensibles à la carrière de ces Italiens, mais je sais aussi que chaque album était parvenu à proposer suffisamment de bons éléments pour que je les réécoute tous au fil des ans. À l’origine je suis fan de The Call of the Woods, leur premier essai de 1995, et de ses ambiances sombres qui s’étalent sur des titres fleuves pouvant dépasser les 10mn. Il était très occulte et marquant pour les vocaux de louve-garou© de Cadaveria, l’une des premières femmes à avoir hurlé avec autant de dévotion pour le black metal. Elle a posé son timbre si particulier sur les deux albums suivants, puis a quitté le groupe qui a alors dû tenter de se reconstruire sans elle. Il sortait Maleventum en 2002 avec un nouveau vocaliste, adapté aux atmosphères toujours occultes des compositions mais il avait un gros problème de charisme. Il n’a pas fait long feu et a été remplacé par M. dès l’album suivant, Anphisbena (2004). Le style aussi changeait et passait à un black épique et pagan plus facile d’accès et bien ancré dans la mouvance de l’époque. L’occultisme était pratiquement absent au bénéfice de mélodies au clavier dégoulinant qui ont rebuté beaucoup de fans de la première heure. Moi, je tombais sous le charme et attendais donc impatiemment une suite, qui arrive enfin 8 ans plus tard.
Mais Strix n’est pas vraiment une suite logique. C’est plutôt une synthèse mal contrôlée du groupe et un semi-retour aux sources. Au revoir les facilités, rebonjour les ambiances occultes ! Les claviers sont toujours là, mais ils ne sont plus omniprésents. Ils jouent les seconds rôles en se cachant derrière les guitares et la batterie agressives. Mais au lieu de renforcer les compositions, la nouvelle recette frustre. On reconnaît un travail minutieux fait à partir d’idées accumulées au fil des mois et en écoutant le résultat on imagine bien nos trentenaires exécuter des rites interdits dans une clairière peu avant la tombée de la nuit, mais il y a un fâcheux problème d’efficacité. On ne se sent pas impliqué parce que l’oreille n’est pas assez sollicitée. Beaucoup trop de parties ne vont nulle part et ne sont pas percutantes. Les titres s’enchainent et nous glissent dessus.
Il y a heureusement des exceptions et certains passages tirent leur épingle du jeu. Ce sont à chaque fois ceux où l’occultisme se fait plus discret et que les claviers sont lâchés. Leurs apparitions sur «Mandragora», «Earth and Fire» et «Historia Nocturna» font mouche et viennent nous sortir de la torpeur mais toujours trop peu de temps. Au lieu de les faire durer ou de les multiplier, OPERA IX revient vite à du basique parce qu’il a décidé d’être... OCCULTE. Ça, on l’aura bien compris à défaut de l’accepter tant c’est loin des compositions de leur âge d’or ! Rares sont les riffs dévastateurs qui de toutes façon fuient également aussi vite qu’ils sont arrivés («Ecate»).
Au final, après 12 titres ; on a l’impression que les Italiens ont voulu éviter les reproches faits à Anphisbena. Pour éviter la facilité ils ont tenté de se muscler sans en avoir vraiment l’envie ni l’inspiration. Ils s’acharnent pendant 69 minutes, tentant de faire passer la pillule avec des intermèdes et de multiples intros, mais rien n’y fait, c’est fatigant à écouter d’un trait.
Il y avait un travail de rognage supplémentaire à effectuer pour rendre Strix plus attrayant. Il aurait déjà fallu enlever le soporifique «Nemus Tempora Maleficarum», rajouter les quelques guitares sèches efficaces sur les anciens opus, et assumer les bonnes parties de clavier en les mettant plus en avant. Là on aurait tenu un album plus attrayant.
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