Histoire d’une tempête dans un verre d’eau. A peine le premier extrait de
Yellow & Green mis en ligne, les amateurs de Baroness se sont livrés à une balle aux prisonniers dans le but de savoir si oui ou non, « Take My Bones Away » était un bon morceau. Quelque était la position adoptée, la plupart s’accordait à dire que le groupe de Géorgie avait changé, quittant le sludge de ses précédents albums pour un rock qualifié selon l’opinion de « racoleur » ou « accrocheur ».
Ce n’est décidemment pas ce débat qui va me rapprocher de ce qui semble être la vision dominante sur la musique des Géorgiens. Sortez vos tomates, voici venir l’injure : Baroness, agressif ? Baroness, sludge ? Soyons sérieux ! Exceptés les EP
First et
Second devant leur saleté à une production mal maîtrisée, les leads tout en naïveté et joliesse du John Dyer Baizley’s Orchestra ont autant à voir avec le style de Grief et Eyehategod que les derniers Mastodon ! Ce n’est donc pas avec un sentiment d’évolution/trahison que j’ai abordé
Yellow & Green mais l’espoir de retrouver ce qui m’a plu chez son prédécesseur,
Blue Record : une simplicité enfantine possédant la solidité des disques squattant ton autoradio sur le chemin des vacances.
Et, cassons le suspense, le Baroness nouveau souffre de problèmes biens connus de lui mais jusque-là mineurs. Ses ambitions deviennent handicapantes, là où
Red Album savait rester constamment frais malgré certaines compositions bancales (il n’en devenait que plus charmant !). Un peu à la manière du dernier Sòlstafir
Svartir Sandar, et malgré un découpage en deux séparant une partie entrainante (
Yellow) d’une posée (
Green), l’essai joue tellement aux montagnes russes qu’il parait pratiquer la roulette : plus de balles dans le barillet que de moment à sauver dans la face calme de l’ensemble,
Green étant rempli de passages au mieux réconfortants comme du sous-The Shins circa
Wincing The Night Away (à qui je pense beaucoup durant « Stretchmarker » et la première partie de « Psalms Alive »), au pire niais, bien que son entame composée de « Green Theme » et « Board Up The House » effectue une transition parfaite avec un
Yellow se situant de l’autre côté du miroir niveau qualité. Les titres « Collapse » et « Mtns. (The Crown & Anchor) » (aux effets sur la voix tellement poussés qu’ils rendent doucereux un morceau agréable en soi) ne font pas tant penser que la nostalgie solaire semblant guider ce volet est pleinement présente que donner l’envie d’aller voir ailleurs si la flamme de l’été est plus brûlante (au passage, vous avez écouté
le dernier Torche ?).
Mais il y a « Foolsong » et l’étonnement sauvage « The Line Between » ainsi qu’un
Yellow tapant de manière plus précise qu’un
Green trop éclaté, de petits morceaux de bravoure pop faisant se tirer les cheveux quand l’heure du jugement arrive.
Yellow & Green est raté, ça ne l’empêche pas de servir quelques-uns de ces morceaux hybrides, un peu rock, pas franchement metal, entièrement rêverie de jeunesse lointaine dont Baroness a le secret. Baizley a beau pêcher par l'orgueil d'un chant omniprésent (jusqu’à la nausée, cf. les poussives « Little Things » et « Back Where I Belong »), les refrains de « Take My Bones Away » et « Eula » ou encore les lignes aigres-douces de « March To The Sea », « Twinkler » et « Cocainium » montrent que le but de remplir les stades tout en gardant la personnalité du quatuor aurait pu être atteint si l’attention s’était portée sur la création d’un EP conservant le meilleur de chaque face plutôt qu’une compilation dénuée de grande direction et surtout, de constance.
Un artwork laissant tiède pour un doublet soufflant autant le chaud que le froid : me serais-je fatigué de Baroness ? Pourtant, j’accueillais avec attente cette décision de ne plus avancer à visage masqué, la pseudo-violence des précédents jets n’étant pas ce qui me touche le plus chez les Ricains. Simplement,
Yellow & Green est de ceux chez qui on a placé beaucoup d’espoir et d’énergie (notamment dans une production retranscrivant parfaitement les détours sonores qu’aime emprunter le diptyque), recevant beaucoup de fortes réactions avant même leur parution et qui, à viser trop haut, peinent à faire valoir des atouts pourtant présents, le désir de réussite ne faisant qu’appuyer les chutes. Vous pouvez placer ici une phrase sur Icare et le soleil si ça vous chante.
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