Baroness - First & Second
Chronique
Baroness First & Second (Compil.)
Après s'être illustré avec un premier full length aussi habité qu'envoûtant (« Red Album, 2007 »), BARONESS refait parler de lui en ce début d'année. Avec un nouvel album ? Ok, leur metal planant est propice à la rêverie mais avec 16 titres au compteur depuis 2003, le combo de Savannah n'est pas vraiment réputé pour la cadence infernale de ses productions. John Baizley et les siens ayant la lourde tâche de justifier une réputation grandissante de nouvelle icone stoner, on passera l'hiver au chaud en faisant tourner la réédition des deux premiers E.P.s du groupe chez Hyperrealist, fraîchement remixés et remasterisés par Phillip Cope de KYLESA. Que les retardataires (dont je suis) ne se laissent pas abuser par le faible nombre de titres : excepté un « Coeur » très direct, tous les morceaux dépassent allègrement les six minutes ce qui au final nous donne le total running time fort acceptable d'un album traditionnel.
Au delà de l'aspect purement mercantile qui consiste à ressortir les fonds de tiroirs en attendant de proposer du nouveau matériel, la réunion de « First » et « Second » répond à une réelle logique artistique. La grande distance séparant certains musiciens de BARONESS et les limites budgétaires (le groupe n'avait pas les moyens de sortir un véritable album) les ont à l'époque contraint de couper la poire en deux, étant entendu que Baizley, Bench, Blickle et Tim Loose (le guitariste d'origine, très impliqué dans la composition) enchaînaient les deux E.P.s en concert, sans speech ni coupure. Fruit d'un an et demi d'écriture, « First & Second » apparaît donc comme la réunion de deux affreux jumeaux injustement séparés à la naissance. Liés par un même sens du riff puissant et organique, ces six premiers coups en imposent déjà fortement, BARONESS présentant ici une forme plus débridée et sauvage que celle qu'on lui a connu plus récemment. C'est particulièrement le cas sur « First », qui comprend des parties rythmiques bien agressives comme cette surprenante accélération à 0:17 sur « Coeur », ou encore le démarrage en fanfare de « Tower Falls », qui rappelle brièvement HIGH ON FIRE à notre bon souvenir. A l'image de la musique, les gueulantes d'hommes des bois sont aussi plus extrêmes, et vous pouvez d'ores et déjà faire une croix sur le chant clair si ennivrant du
« Red Album ». Et le feeling dans tout ça ? Rien que la séance de tapping opérant la transition entre « Tower Falls » et « Coeur » mérite qu'on prenne son ticket, sans parler des savoureuses harmonies à deux guitares qui font tourner les têtes, et chavirer l'âme dans un océan sludge assez tourmenté. Clou du spectacle, « Second », avec ses 22 minutes issues d'une seule et même session (à l'exception notoire des parties de chant), garanties sans overdubs et 100% live. Une prise, une seule, pour un groupe en rupture de répétition et qui interprête « Red Sky » (avis aux amateurs de MASTODON), « Son Of Sun » (où l'aura progressive du
« Red Album » commence à se faire sentir) et la géniale « Vision » comme sur les planches. Le résultat brut, franchement impressionnant, bonifié par le travail d'illustration de John Baizley (qui a collaboré avec THE RED CHORD, TORCHE ou encore PIG DESTROYER), achève de transformer ce relaunch en indispensable.
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