Il y a des faux pas plus faciles à analyser que d'autres. Lorsque, sous la pression de sa maison de disque, un combo suisse jadis inspiré balance du blast-beat à foison pour mieux masquer la vacuité de ses compos, la cause est entendue, de même que lorsque le groupe le plus respecté de la sphère thrash s'essaie vainement à retrouver la formule gagnante de 1986, quand bien même ses membres n'ont plus du tout les moyens de leurs ambitions. Bref, tout ça pour dire qu'en près de trois ans de dépeçage de skeud chez les équarisseurs de
Thrashocore, j'ai appris à jauger la valeur intrinsèque d'un album assez rapidement, mon avis n'évoluant guère une fois franchi le cap des deux premières écoutes. N'ayant pas cédé aux sirènes myspaciennes pour conserver l'effet de surprise, j'ai donc découvert « Blue Record », seconde véritable offrande des divins BARONESS
(« First & Second » marquait la réunion des deux premiers Eps du groupe), à l'ancienne, sans qu'aucun extrait ne parviennent à mes esgourdes avant la mise à mort du cellophane. Et là tristesse, incompréhension, soupirs de dépit : première impression après avoir arrêté les frais aux abords de la piste 8, « Blue Record » n'est ni bon ni mauvais, juste chiant.
Une chianceté d'autant plus frustrante que « Blue Record », tout en s'inscrivant parfaitement dans la logique artistique et visuelle de
« Red Album » (même artwork superbe de John Dyer Baizley, thèmes ésotériques toujours fidèles au poste), semble prendre le même chemin que l'opus précédent, la langueur introductive de « Bullhead's Psalm » (dont les premières notes évoquent fortement le MASTODON de « The Czar ») ramenant bien vite au BARONESS rugueux que l'on aime sur une « The Sweetest Curse » qui entretient encore un peu l'illusion d'avoir affaire au digne successeur de
« Red Album ». On retrouve donc les éléments fondateurs de l'univers de BARONESS, ses rythmiques faisant feu de tout bois, solidement charpentées et amoureusement passées au verni seventies, parfait compromis entre sludge apaisé et stoner aérien au groove rarement démenti. Du moins sur le papier, car malgré tous les efforts déployés par John Baizley et sa troupe, l'inspiration n'est pas toujours au rendez vous, loin s'en faut. Pour tout dire « Blue Record » m'a fait l'effet d'un premier album imparfait, que l'on découvre sur le tard après être tombé sous le charme du troisième. Moins planant que « Red » malgré quelques louables reprises de thèmes sur « Ogeechee Hymnal », moins progressif également avec un seul titre frayant au delà des six minutes (« Swollen And Halo », qui s'essouffle très vite), bien moins dynamique et frontal que
« First & Second » malgré un contenu plus massif et moins dispersé, « Blue Record » nivelle par le bas et ne semble retenir de l'album précédent que son seul et unique défaut : un tracklisting hasardeux qui, s'il participe du charme d'un BARONESS en pleine possession de ses moyens, n'arrange rien ici. Le départ du guitariste Brian Blickle, de plus en plus attiré par le côté métallique de la force, a-t-il été vraiment compensé par l'arrivée de leur ami de longue date Pete Adams (VALKYRIE)? Au vu du manque d'envergure des compositions, il est permis d'en douter, d'autant que les lentes montées en puissance et autres passages acoustiques se sont fait la malle (hormis sur « Blackpowder Orchad » ok, mais elle ne dure qu'une petite minute!) pour laisser la place à une succession de riffs efficaces mais plutôt communs, surtout au regard de l'abattage récent de MASTODON dans ce domaine. Et lorsque qu'on met enfin la main sur les plans bondissants de la prometteuse « The Gnashing », l'aventure cesse trop prématurément au profit du meilleur passage de « Blue Record », « Bullhead's Lament » : dans un jeu de miroir avec « Bullhead's Psalm », BARONESS fait autant référence au Sergio Leone de
... Et Pour Quelques Dollars De Plus (le thème de l'indien) qu'au METALLICA somptueusement mélodique de « Orion » ou « To Live Is To Die ».
Le chant à double voix enfin, partagé entre Adams et Baizley, est nettement moins convainquant que par le passé (les spokens words pénibles sur « O'Er Hell And Hide »), les sympathiques imperfections de naguère faisant souvent grincer des dents sur « A Horse Called Golgotha », « Swollen And Halo » ou « The Sweetest Curse », comme si nos hommes des bois préférés avaient un peu forcé la dose sur le bourbon au moment d'enregistrer « Blue Record » avec John Congleton (mastering d'Allan Douches) pour une production à l'image de l'album, plutôt neutre au final. Dans l'ensemble décevant et sans surprise réelle (à l'exception d'un passage folk classique sur « Steel That Sleeps The Eye » et d'un excellent solo psyché sur à 3:09 sur « A Horse Called Golgotha »), « Blue Record » souffre conjointement de l'attente suscitée par un
« Red Album » salué par tous et de la concurrence très rude exercée cette année par MASTODON avec « Crack The Skye » et surtout KYLESA avec « Static Tensions ». Changement de statut, de line-up et peut être un certain manque de préparation (après tout, le groupe a bien mis deux ans pour mûrir les trois titres de « Second ») constituent autant d'éléments plausibles pour expliquer cette sensible baisse de régime. On souhaite donc à BARONESS de prendre tout le temps nécessaire à l'élaboration d'un prochain full length que l'on espère aussi convainquant que leurs premières livraisons.
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