Mine de rien, les nouveaux groupes de sludge parvenant à m’enthousiasmer se font de plus en plus rares. Il suffit de voir ceux qui m’ont marqué l’année dernière : un retour inattendu (Toadliquor), une vieille gloire revenant en force (Iron Monkey), un groupe pas-si-vieux mais plus-si-jeune qui n’a rien à prouver (Thou)… Ces derniers temps, chaque découverte d’une nouvelle formation se solde au mieux par un bon moment ne laissant pas de traces, au pire par une énième bataille de qui aura le son le plus lourd et lent, plus proche d’un clone de Primitive Man que du style typique des nineties que j’affectionne tant.
Heureusement, Doom Beach est arrivé afin que je ne me sente pas totalement déconnecté d’une scène dont je n’apprécie que moyennement l’évolution. Ce projet composé de James Wallace (voix et guitare) et Ryan Prushinski (batterie) a été une rencontre qui, enfin, me donne envie de suivre un groupe de près tant il renoue avec un sludge vindicatif et brut sans tomber dans un déballage ennuyeux ou une nostalgie outrancière. Le premier album noise-rock et screamo des Ricains présentait déjà une envie d’en découdre avec simplicité, la rage du chant, un batteur imposant et la folie des guitares comme seules armes ;
Copperhead pousse tout cela à son paroxysme, rappelant que le sludge est un dérivé du hardcore. Loin de cette tendance au gastéropode, le duo joue anguleux et vif, les riffs s’accumulant avec une violence me rappelant les meilleurs moments de Keelhaul dans ses explosions incessantes, rien de moins !
Cela tient à peu d’ingrédients : une voix arrachée – James martyrise constamment ses cordes vocales – au point de devenir ultra-sensible, une guitare enchaînant les riffs tous plus jouissifs et crades les uns que les autres ainsi qu’un batteur survolté, autant à l’aise dans la frappe de mule que les élévations de tempos (qu’il aime nombreuses, chaque titre finissant par s’emballer).
Copperhead dure vingt-huit minutes : il donne l’énergie pour un temps au minimum double, tant il arrache la gueule – la production pourra évoquer aussi bien les sales années 80 que la puissance brute du début des années 90 – et l’emporte avec lui, nous ouvrant grand les yeux sur l’autoroute de la déglingue. Pensé de bout en bout, il paraît ne posséder aucun gras inutile, les moments de respiration (bienvenus) ne s’invitant jamais outre-mesure.
Faire les choses simplement, sans esbrouffe et avec talent : c’est la direction qu’a pris Doom Beach sur
Copperhead, usant du groove noise-rock pour donner encore plus d’abrasivité à sa musique. Ce qui fait qu’il passe d’un plaisir immédiat salvateur – encore une fois, voilà un disque qui redonne foi dans l’avenir du genre – mais finit aussi par se faire une place particulière allant au-delà du coup d’un soir. Il y a bien une marge de manœuvre – elle sera d’ailleurs explorée dans le successeur
Burden – dans cette fraîcheur qui nous secoue la tête avec personnalité mais peu d’originalité. Enfin ! Concernant Doom Beach lors de la création de ce disque, la question n’était certainement pas celle-ci. Plutôt : Prêt pour la fessée ?
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